Ferdinand Ngoh Ngoh, le régent du Cameroun

Ferdinand Ngoh Ngoh, le régent du Cameroun

Diminué par l’âge et l’usure du pouvoir, Paul Biya n’est plus qu’un figurant. La réalité du pouvoir est désormais exercée par différents groupes qui se disputent sa succession.

Francis Sahel

Le président Paul Biya, le seul qui aurait pu le faire, joue aux abonnés absents pour prendre des décisions importantes en lien avec le fonctionnement quotidien de l’Etat. C’est désormais un secret de polichinelle Biya, âgé de 91 ans dont 42 années au pouvoir, n’a pas toutes les capacités physiques pour diriger le pays.

La guerre ouverte depuis le début du mois d’avril entre le ministre camerounais des Sports Narcisse Mouelle Kombi et le président de la Fédération camerounais de football (FECAFOOT) Samuel Eto’o sur la désignation du sélectionneur des Lions indomptables en dit long la vacance de pouvoir à la tête du Cameroun

La politique au Cameroun et le football: les liaisons dangereuses

 

Ferdinand Ngoh Ngoh dans l’ombre

Comme on a pu le voir en décembre 2022 lors du dernier sommet Etats-Unis/Afrique, le président Paul Biya, qui pourrait être candidat à sa succession en 2025, présente des moments d’absence au point de ne reconnaître ni où il se trouve, ni l’audience à laquelle il fait face. Alors qu’il existe un Premier ministre, c’est plutôt le Secrétaire général de la présidence de la république (SGPR) Ferdinand Ngoh Ngoh qui dirige au quotidien les affaires de l’Etat.

À coup de lettres écrites sur « les très hautes instructions du chef de l’Etat », le SGPR obtient des ministres et hauts fonctionnaires l’exécution des mesures qui ne sont que de son propre chef mais dont personne ne peut vérifier l’authenticité puisque nul autre que son épouse Chantal n’a accès au président Biya.

Détenteur d’une délégation permanente de signature de président, le SGPR est devenu le véritable régent du Cameroun. Au grand dam des autres prétendants à la succession de Paul Biya, à commencer par son fils Franck Biya, son neveu Louis Paul Motaze ministre de l’Economie et des Finances ou Laurent Esso, ministre de la justice.

Chantal Biya, l’arbitre

Devenue première dame, à mille lieues des nuits festives qu’elle écumait dans sa jeunesse, Chantal Biya apprend très vite les codes de son nouveau milieu. Elle forme une véritable garde rapprochée triée sur le volet parmi ses anciennes relations dans son milieu populaire et issue du village natal maternelle de Dimako, là l’est du Cameroun. Elle prend progressivement le pli, cède la timidité à l’assurance, en entendant le tout-Yaoundé lui donner de « Excellence, Mme la présidente » par ci, « Excellence Mme la première dame » par là. L’ancienne « serveuse de restaurant » devient un rouage incontournable du pouvoir. 

Secrétaire général de la présidence depuis 2011, il est l’homme de confiance de Paul Biya. Insaisissable mais omniprésent, il bénéficie du soutien de la première dame, mais prend soin de n’afficher aucune ambition.

L’actuel Secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, originaire comme elle de Dimako,  lui doit sa longévité à ce poste, sans doute le plus exposé du Cameroun.  Son prédécesseur Martin Belinga Eboutou a, quant à lui, été brutalement remercié après qu’il soit devenu « chantal incompatible ». Pour beaucoup, le coup de colère de Chantal Biya, souvent manifesté avec ostentation, est devenu le signe annonciateur de la disgrâce. 

Guerre de succession 

 

Franck Biya, fils aîné du président revenu dans le giron familial après un détour par les affaires

 Entre le clan de Franck Biya, fils aîné du président revenu dans le giron familial après un détour par les affaires, les amis du ministre des Finances Louis-Paul Motaze, neveu du président Biya et les réseaux de Ferdinant Ngoh Ngoh, Chantal tient le rôle d’arbitraire suprême. C’est elle qui autorise l’accès au président Biya que certains disent même devenu impotent et grabataire.  

Dans la guerre sans pitié que se livrent les clans rivaux pour la succession au Cameroun, la balance penchera inévitablement du côté qui recevra l’onction de Chantal Biya. A moins qu’elle ne décide de prendre le pouvoir.

Ironie de l’histoire : l’ancienne fille des nuits festives de Yaoundé tient en partie, à 51 ans, les clés de la succession au Cameroun. Sauf que la guerre de succession pourrait durer plus longtemps qu’on ne le suppose, le président Biya ayant, contre toute vraisemblance, la volonté de se représenter en 2025, malgré son âge et ses difficultés physiques.  

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