comment la gendarmerie traite les nombreuses dénonciations contre ses agents

comment la gendarmerie traite les nombreuses dénonciations contre ses agents

Selon des données obtenues auprès du secrétariat d’État à la Défense, chargé de la gendarmerie (Sed), entre janvier et décembre 2023, 2 266 plaintes ont été déposées contre des gendarmes pour divers abus. En outre, le 1501, numéro vert dédié à ce service de sécurité, a reçu plus de 4 000 appels, incluant des dénonciations contre ses agents.
Selon un haut responsable du Sed, la majorité de ces plaintes ont été traitées. Cela inclut également les écarts de comportement signalés par les canaux de renseignements internes de la gendarmerie ou les dénonciations faites à travers les réseaux sociaux. Il faut dire que la gendarmerie nationale dispose d’une plateforme de monitoring des réseaux sociaux, qui lui permet de repérer toutes les dénonciations visant son personnel.
Le traitement de ces dénonciations nécessite souvent le déploiement de missions de l’inspection générale dans les unités concernées. Ces missions sont généralement menées par des inspecteurs, qui sont pour la plupart d’anciens commandants de brigades. Au cours de l’année dernière, l’inspection générale a effectué plus de 70 missions dans 140 unités de gendarmerie et mené 68 opérations coup de poing, selon les informations fournies par le SED. « Les missions sur le terrain sont menées quotidiennement, tandis que les opérations coup de poing sont sporadiques et généralement visent des phénomènes spécifiques circonscrits à un ou plusieurs lieux », précise notre source.
Focus sur les enquêtes en cours
À titre d’illustration, un responsable explique que les récentes dénonciations relayées par le compte X « Nzui Manto » font actuellement l’objet d’une enquête. Des gendarmes et des militaires y sont accusés de rançonner des citoyens à Douala, en particulier ceux originaires des régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « Il y a une part de vérité dans ces accusations, mais certaines allégations ne sont pas avérées. Par exemple, certains gendarmes sont accusés de faits censés s’être produits plusieurs années après leurs affectations », précise notre interlocuteur.
Dans les mêmes veines, une procédure est également en cours contre un gendarme filmé en train de détruire la moto d’un usager près de Bétaré Oya, dans la région de l’Est. « Ce gendarme ne pourra pas éviter une sanction disciplinaire. Il avait le droit de saisir la moto, cela fait partie de ses prérogatives. Cependant, il n’avait aucun droit de la détruire. Il pourrait même faire l’objet de poursuites pénales », confie une source au Sed.
Le 1er avril dernier, les populations de la même localité ont adressé une lettre de dénonciation au Sed. Dans cette correspondance, elles dénoncent les « abus dont elles sont victimes de la part du commandant de brigade et de son élément, Sanda ». Ces populations affirment que depuis l’arrivée du nouveau commandant, elles vivent « dans une insécurité et une terreur sans pareilles ». Le niveau de harcèlement serait tel qu’elles préféreraient être enlevées par les coupeurs de route plutôt que d’être arrêtées par les gendarmes. « Ces derniers sont sans pitié et nous infligent des traitements inhumains. En cas d’enlèvement, les coupeurs de route demandent entre 100 000 et 200 000 FCFA, alors qu’à la brigade, il faut débourser jusqu’à 500 000 FCFA après avoir été arrêtés par les gendarmes », justifient-elles. Au Sed, nos sources affirment que « la hiérarchie s’est déjà saisie de l’affaire ».
L’effet Galax Etoga
Malgré les mesures prises, tous les agents ne semblent pas prendre conscience de la gravité de leurs actions. « La loi n’a jamais empêché les bandits de continuer à voler », affirme un responsable. Selon lui, les abus sont principalement le fait des non-officiers, malgré les conditions de recrutement sévères. « Beaucoup entrent dans l’armée parce qu’ils cherchent du travail, et nombreux sont les parents qui nous envoient leurs enfants difficiles à gérer », poursuit-il. Il ajoute que de nombreux gendarmes sont sanctionnés, et certains sont même révoqués. « C’est le cas d’une douzaine d’élèves-gendarmes qui ont été récemment radiés en pleine formation pour indiscipline ».
Au Sed, on regrette que certains usagers ne dénoncent pas les abus subis, par manque de confiance en l’institution. « Il est crucial que les Camerounais aient confiance en leur institution. Jamais autant de sanctions n’ont été appliquées que sous la direction de l’actuel patron du Sed, Galax Etoga (photo). Il prend personnellement connaissance de toutes les dénonciations enregistrées », confie une source interne.
Ludovic Amara  

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