les Ladakhis jeûnent pour défendre leurs droits politiques et leur environnement

les Ladakhis jeûnent pour défendre leurs droits politiques et leur environnement

Des habitants du Ladakh lors d’un sit-in pour réclamer des garanties constitutionnelles pour leur région montagneuse de Leh (Inde), le 24 mars 2024.

Sonam Wangchuk s’exprime avec lenteur. Sur les hautes terres du Ladakh, où les températures descendent encore sous zéro degré, cet ingénieur de 56 ans sort de vingt et un jours de grève de la faim. Il a effectué son jeûne à l’extérieur, sur une place de Leh, la capitale de cette région himalayenne, située à 3 500 mètres d’altitude, n’absorbant que de l’eau et du sel. Il a été transporté, le 26 mars, à l’hôpital pour observation. « Vingt et un jours, c’est la durée de la plus longue grève de la faim du Mahatma Gandhi pendant sa lutte pour la liberté », a-t-il expliqué depuis son lit médical.

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Son combat, commencé à la veille des élections générales en Inde [qui auront lieu du 19 avril au 1er juin], n’est pas terminé. Il a passé le relais de ce jeûne climatique à des femmes pour dix jours. Puis ce sera au tour de jeunes, ensuite celui de moines bouddhistes, de nonnes, d’anciens. Des milliers de citoyens sont venus soutenir ce défenseur de l’environnement renommé et jeûner en solidarité.

Ils demandent au gouvernement de Narendra Modi de conférer au Ladakh le statut constitutionnel d’Etat. Jusqu’en août 2019, ce désert glacé faisait partie du Jammu-et-Cachemire, seule région à majorité musulmane de l’Inde. Il en a été détaché, à la grande satisfaction des habitants bouddhistes, lorsque le gouvernement fédéral a décidé abruptement de révoquer la semi-autonomie du Cachemire. Le Ladakh est devenu un territoire de l’Union, sous contrôle de New Delhi, sans assemblée législative ni gouvernement propre.

Militarisation intensive

Les Ladakhis n’ont aucune prise sur l’avenir de leur territoire, soumis au seul bon vouloir de New Delhi. Des discussions ont eu lieu après les premières grandes manifestations avec le tout-puissant ministre de l’intérieur, Amit Shah, instigateur de la reprise en main du Cachemire, mais sans aucun résultat. « Nous voulons sauvegarder les écosystèmes fragiles des montagnes himalayennes du Ladakh et les cultures tribales indigènes uniques qui y prospèrent », assure Sonam Wanchuk.

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L’ancien royaume bouddhiste, qui compte moins de 300 000 habitants, situé aux confins de l’Himalaya, à l’extrême nord de l’Inde, était jusque dans les années 2000 une contrée protégée, évoluant au rythme d’une météo particulièrement éprouvante. De novembre à mai, les températures extrêmes gèlent routes et rivières, et obligent une partie des habitants à vivre en quasi-autarcie.

La beauté de ses paysages lunaires, ses lacs cristallins, ses éleveurs nomades de yacks, sa faune sauvage, ses monastères juchés sur des éperons rocheux, ses oasis nichées dans le fond des vallées et ses cols à plus de 5 300 mètres d’altitude faisaient les délices de touristes amoureux de grands espaces, et des amateurs de treks en haute altitude. Deux événements ont précipité le développement de ce trésor écologique.

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