qui peut encore arrêter Narendra Modi ?

qui peut encore arrêter Narendra Modi ?

Une bicyclette, une tasse de café, une échelle, un casque de moto, un ananas, une paire de lunettes : tels sont les symboles de la foultitude de partis qui se présentent aux élections, désignant au scrutin uninominal majoritaire à un tour les 545 députés de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement indien.

Un véritable marathon électoral de quarante-quatre jours qui cumule tous les superlatifs : 970 millions d’électeurs appelés aux urnes, 1,1 million de bureaux de vote, 5 millions de machines à voter, 13 milliards de dollars de dépenses de campagne et plus de 2 600 partis (dont la plupart ne réalisent pas de scores significatifs) en compétition pour remporter le principal scrutin de l’autoproclamée plus grande démocratie du monde.

Dimanche dernier, la première étape du scrutin a permis de mesurer les premières tendances du taux de participation, 66 % des électeurs ayant fait le déplacement, un chiffre en recul de quatre points par rapport à celui observé en 2019.

Narendra Modi, actuel locataire du Panchavati, la résidence des Premiers ministres d’Inde, demeure le grand favori du scrutin. Son parti, le BJP (Bharatiya Janata Party, le parti indien du peuple), est à la tête de l’Alliance démocratique nationale (NDA), la coalition qui s’est donné pour but de conquérir les 400 sièges lui permettant d’obtenir la majorité des deux tiers nécessaires pour réformer la Constitution. Un objectif tout à fait réaliste si l’on en croit les différents sondages publiés au mois d’avril, notamment par le journal The Hindu ou la chaîne de télévision ABP News, qui donnent la coalition nationaliste victorieuse avec un score d’environ 46 % des voix et de 370 et 400 sièges remportés.

Face à eux, le vieux parti du Congrès national indien, fondé en 1885 à l’époque de l’empire des Indes et qui a compté des membres aussi prestigieux que Gandhi ou Nehru (dont Rahul Gandhi, son chef, est d’ailleurs l’arrière-petit-fils), est en perte de vitesse et s’est dilué dans une coalition opportunément baptisée India (Alliance inclusive de la nation indienne pour le développement), qui devrait récolter entre 35 et 40 % des suffrages et entre 120 et 150 sièges de députés.

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Une stratégie de la tension

Lors d’un meeting au Rajasthan dimanche dernier, le candidat du BJP s’en est violemment pris au parti du Congrès en l’accusant de vouloir favoriser la minorité musulmane, qui regroupe 14 % de la population du pays, soit 200 millions de personnes, et de détourner les ressources de l’État à son profit, lui donnant l’occasion de qualifier les intéressés d’« infiltrés ».

En 2024, la campagne se fait sur des bases communautaires

La campagne de 2014 s’était focalisée sur le thème du développement économique, celle de 2019 sur la sécurité vis-à-vis du Pakistan. En 2024, la campagne se fait sur des bases communautaires. Cette stratégie de la tension, jouant sur les antagonismes religieux de la société indienne, avait culminé à la fin du mois de janvier avec l’inauguration du temple de Ram, un lieu de culte hindouiste construit dans la ville d’Ayodhya, sur le site d’une ancienne mosquée moghole détruite par des fanatiques hindous dans les années 1990.

Théorisée dans les années 1920 par Veer Savarkar, un chef politique nationaliste, l’Hindutva est le socle idéologique du BJP. Bien que n’étant pas à proprement parler une idéologie religieuse, elle repose sur l’hégémonie des valeurs culturelles hindoues pour définir l’identité de l’Inde et se veut hostile aux minorités pratiquant des religions importées, notamment les chrétiens et les musulmans.

Selon un chercheur spécialiste de l’Inde, cette élection est très polarisée dans les deux camps, avec le discours agressif d’un BJP qui a peur de ne pas obtenir sa majorité des deux tiers, et une opposition qui craint le rétrécissement de l’espace démocratique. Avec un taux de popularité qui tourne autour des 80 %, Modi cherche à présidentialiser le scrutin et a « réussi à construire son image du fils du vendeur de thé issu des basses castes qui s’est fait tout seul face aux héritiers de la famille Gandhi ». Toujours selon la même source, « le parti du Congrès n’a pas réussi à se régénérer et repose toujours sur la même famille depuis l’indépendance de l’Inde, l’opposition se cristallisant autour de partis régionaux qui ont du mal à parler d’une seule voix ».

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