Investissement en Algérie, diaspora algérienne : entretien avec Kamel Moula
Investissement en Algérie, diaspora algérienne : entretien avec Kamel Moula
Kamel Moula est le président du Conseil du renouveau économique algérien (Crea), la principale organisation patronale en Algérie. Dans cet entretien à TSA, il revient sur le climat des affaires en Algérie, l’engouement de la diaspora algérienne pour prendre part au développement du pays, ce qu’il faut prendre en compte pour réussir son projet en Algérie…
Quel est l’état du climat des affaires en Algérie ?
Le climat des affaires en Algérie évolue très positivement depuis la mise en œuvre de réformes structurelles qui permettent aux opérateurs économiques et particulièrement aux investisseurs d’avoir une nette visibilité de leurs développements à moyen et long terme.
La refonte du code des investissements associé à la loi sur le foncier et l’opérationnalité de la plateforme des investisseurs agissent bénéfiquement sur le moral et la confiance des opérateurs économiques.
Nous constatons une réelle démarche en direction de la simplification des procédures administratives et une atténuation de la résistance au sein des administrations.
C’est une véritable bouffée d’oxygène lorsqu’on se remémore les parcours obligés que les opérateurs économiques devaient emprunter pour un simple document.
La concertation permanente et effective entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques permet d’avoir une vision partagée de l’écosystème, des perspectives de développement et des mesures à mettre en œuvre pour accélérer l’essor économique.
Cette nette amélioration du climat des affaires a un impact positif sur l’ensemble des acteurs de l’écosystème économique. Institutions, opérateurs économiques publics comme privés sont dans une dynamique incontestable.
Tous se sont appropriés la volonté d’inscrire le pays dans le développement économique et le progrès social et cela se traduit concrètement sur le terrain par une forte création de nouveaux emplois.
Les grands secteurs d’activité comme l’agriculture et l’industrie sont en pleine croissance.
La promulgation de la loi n 15-22 du 20 juillet 2022, qui définit les règles régissant les zones franches, est aussi « un signal fort du gouvernement pour renforcer l’attractivité des zones, attirer les IDE et accroître la compétitivité des exportations hors hydrocarbures ».
Qu’est-ce vous dites à ceux qui veulent investir en Algérie et qui hésitent encore à faire le pas ?
Notre pays a un haut potentiel d’opportunités d’investissement. Un climat des affaires favorable, des ressources humaines et naturelles importantes, des secteurs d’activité peu explorés.
Ceux qui hésitent trop longtemps risquent de voir s’éloigner de belles occasions de participer au développement économique.
L’entrepreneuriat est une culture. Si nous avions attendu d’avoir tous les signaux au vert, nos entreprises qui existent depuis plus de 40 ans n’en seraient pas à un tel niveau de développement aujourd’hui.
Dans tous les pays du monde, il n’y a pas d’entrepreneuriat sans prise de risque. Et les risques peuvent être divers et variés. Aujourd’hui, notre pays pâtit de clichés anciens et d’une vue de l’esprit qui est obsolète.
Beaucoup d’entreprises étrangères sont dans un excellent état d’esprit vis-à-vis de notre pays. Celles qui ont fait l’effort de venir investir ne le regrettent pas.
Certes, elles ont eu, au même titre que les entreprises algériennes, des difficultés à dépasser mais aujourd’hui leurs résultats positifs sont la démonstration qu’elles avaient fait le bon choix.
La diaspora algérienne a montré un engouement inédit pour investir et participer au développement du pays. Que faut-il pour bien entreprendre en Algérie ?
D’abord, il faut bien connaître le marché mais aussi la vision économique à moyen et long terme. Il faut vérifier que le projet d’investissement correspond bien à un besoin réel. Il ne s’agit pas d’investir pour investir mais d’investir pour répondre à la demande.
L’Algérie a plusieurs priorités: la sécurité alimentaire, la sécurité sanitaire, la sécurité énergétique et la cybersécurité.
Ces secteurs ne sont pas saturés même s’ils sont en pleine expansion. L’Agence algérienne de promotion des investissements est un bel outil d’accompagnement pour les porteurs de projet.
Elle apporte des conseils concrets et donne des indications sur les secteurs où sont attendus les investissements.
Par ailleurs, le CREA reçoit régulièrement des porteurs de projet issus de la diaspora et les met en contact avec des opérateurs économiques pour leur permettre d’avoir une vision concrète du secteur dans lequel ils veulent investir.
La priorité est donnée au développement d’une industrie autonome pour se libérer autant que cela se peut des importations. Nous avons aujourd’hui le potentiel pour produire certains de nos intrants industriels comme agricoles, il nous faut des projets dans ce sens.
Par ailleurs, un grand marché s’offre à nous dans le cadre de la ZLECAF. Cela veut dire que nous pouvons développer nos exportations hors hydrocarbures.
Aussi, si nous ne produisons pas nos intrants, nous ne pourrons pas être compétitifs face aux opérateurs étrangers. La production locale des intrants permet la maîtrise de la qualité de la production nationale, des coûts et de la disponibilité.
Est-ce que la politique de restrictions des importations pour encourager la production commence à donner des résultats ?
La limitation de certaines importations a permis aux entreprises d’investir dans la production de certains produits finis de qualité égale voire supérieure à ceux précédemment importés.
Dans certains domaines, cette mesure a également permis de passer du partenariat commercial entre fournisseurs et importateurs à un partenariat économique entre investisseurs étrangers et nationaux.
Ainsi, des produits finis qui étaient importés sont aujourd’hui fabriqués en Algérie. Par exemple dans le secteur de l’agroalimentaire, les consommateurs trouvent dans les rayons des marques commerciales étrangères produites en Algérie.
Cette démarche a donc un triple impact, le développement industriel, la création d’emplois et la préservation de la balance commerciale.
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a renouvelé récemment sa confiance au Crea. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
L’ensemble des opérateurs économiques du CREA se définissent comme des patriotes économiques et des citoyens solidaires.
Ils se sont engagés dans l’accompagnement du développement économique de notre pays avec la foi d’un avenir meilleur pour la population, les entreprises et le pays.
La confiance sans cesse renouvelée depuis 2022 de la part de Monsieur le Président de la République est la démonstration que nous sommes engagés sur le bon chemin.
Nous sommes des bâtisseurs et nous mettons notre expertise au service de la Nation et de nos concitoyens. Monsieur le Président de la République l’a bien compris et c’est la raison pour laquelle il a décidé de mettre en place des rencontres régulières pour échanger avec nous sur les réalités économiques de notre pays.
Comment la diaspora algérienne peut-elle apporter sa contribution ?
Nous sommes conscients que la diaspora est membre à part entière de la société algérienne. Elle témoigne elle-même chaque jour de son attachement au pays.
Beaucoup de membres de la diaspora ont développé des compétences dont nous avons besoin. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice en fonction de ses aspirations et de ses capacités.
Mais ce qui est important, c’est la nécessaire adaptation aux réalités du pays, à sa culture, à sa vision économique et sociale et son écosystème. Tout n’est pas transférable en l’état.
Il est donc important de faire l’effort de bien connaître le pays et son mode de fonctionnement pour contribuer à son développement.
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