La solidarité sauve un Indien condamné à mort en Arabie saoudite

La solidarité sauve un Indien condamné à mort en Arabie saoudite

La solidarité de toute une région d’Inde a réussi à sauver un des leurs, condamné à mort en Arabie saoudite…

Il était moins une ! L’exécution d’Abdul Rahim devait avoir lieu demain à Ryad, en Arabie saoudite, et pour l’empêcher il fallait réunir près de 4 millions d’euros ! Une somme inimaginable pour cet indien issu d’une famille pauvre de l’État du sud du Kérala.

C’est l’urgence de sa situation et une organisation efficace qui a permis de rassembler cette somme énorme en quelques semaines. Le comité formé pour sauver Abdul Rahim a, par exemple, mis en place une application pour téléphone portable.

Couplée à des campagnes sur les réseaux sociaux avec le #SauvezAbdulRahim, la somme est désormais sur le compte du comité et sera dès aujourd’hui transférée à l’ambassade d’Inde dans le royaume et versée in extremis à la Justice saoudienne.

Pourquoi cet homme a-t-il été condamné à mort en Arabie saoudite ?

Abdul Rahim avait été embauché par une famille saoudienne pour prendre soin de leur adolescent gravement handicapé. En 2006, lors d’un transport, la machine qui maintenait le jeune saoudien de 15 ans en vie s’est déréglée, entraînant la mort.

Depuis, Adbul Rahim est en prison accusé de meurtre et condamné à mort. Jusqu’à présent, la famille de la victime refusait tout pardon.

Ça a un sens très précis en Arabie saoudite : à tout moment d’un procès, la victime peut pardonner en exigeant en compensation de son malheur la « diyya » ou « prix du sang ».

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C’est à cela que correspond cette somme de quatre millions d’euros ?

Exactement ! Il s’agit d’une pratique médiévale appliquée en Iran, au Pakistan depuis les années 90 et donc, en Arabie saoudite. La famille de la victime a attendu les dernières semaines avant la date de l’exécution pour réclamer cette fameuse « diyya ».

De leur côté, les Indiens ont beaucoup manifesté contre cette peine de mort : elle n’a certes pas été abrogée en Inde mais y est exceptionnellement appliquée. En Arabie saoudite, en revanche, 170 personnes ont été exécutées l’année dernière ; 140 en 2022. Le royaume est au 3e rang mondial en nombre d’exécutions, après la Chine et l’Iran.

Et est-ce que la campagne électorale en Inde a pesé aussi dans cette affaire ?

Les législatives commencent vendredi…

Dans le comité pour sauver Adbul Rahim, tous les partis politiques se sont invités pour ne pas être accusé d’insensibilité à l’égard d’un compatriote musulman, y compris les nationalistes hindouistes du BJP, le parti du Premier ministre indien Narendra Modi.

Cette solidarité est d’ailleurs ce que le Premier ministre de cet État a tenu à souligner dans un communiqué :

« En sauvant une vie et en séchant les larmes d’une famille, les habitants du Kérala ont montré un exemple de noblesse de cœur. C’est l’affirmation que le Kérala est une forteresse de fraternité que le communautarisme [religieux] ne peut détruire ».

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