Ils viennent d’Inde, du Canada et d’Italie, et sont tombés amoureux du Tréport

Ils viennent d’Inde, du Canada et d’Italie, et sont tombés amoureux du Tréport

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Prapti est arrivée au Tréport (Seine-Maritime) le 26 septembre 2023, pour une 2e année en France comme assistante d’anglais. Après une année à Mulhouse (Haut-Rhin), elle dit apprécier la Normandie pour la mer et son climat pluvieux qui lui rappelle l’Inde.

Pourquoi as-tu décidé de venir en France ?

Prapti Vyas : Les langues m’intéressent beaucoup. En Inde, j’apprenais le français à l’Alliance française de Bombay et mes professeurs m’ont parlé du programme auquel je participe cette année. Ça permet d’améliorer son français et d’apprendre aussi beaucoup d’autres choses.

Je suis d’abord allée l’année dernière à Mulhouse, pendant 8 mois. C’était une bonne expérience, j’ai été accueilli dans une famille qui était ravie de me montrer des choses. J’en ai appris beaucoup sur la culture française, les traditions, les fêtes religieuses. C’est très intéressant.

Est-ce toi qui a choisi Le Tréport pour le séjour de cette année ?

Pas précisément Le Tréport, mais j’ai choisi la région Normandie. Je voulais venir ici parce que je sais qu’il pleut beaucoup, comme à Bombay. Et même si chez moi en Inde il n’y a pas vraiment d’hiver, j’aime bien aussi le froid. J’ai adoré voir la neige à Mulhouse.

Que penses-tu de notre région ?

Le premier jour, quand je suis arrivée, on m’a prévenu que c’était une petite ville, qu’il n’y avait pas beaucoup de gens et que pour faire ses courses par exemple, ce n’était pas facile. Puis pour ma première sortie, je suis allée jusqu’au funiculaire, avec la vue sur la mer et je me suis dit que c’était parfait ! Bombay est une très grande ville, où les gens bougent tout le temps et je crois que j’avais besoin de paix. Et d’ailleurs, quand je suis allée visiter Paris, j’étais ravie de revenir ici, j’adore déjà Le Tréport.

Quelle est ta mission ici ?

J’interviens dans une dizaine de classes, au lycée et au collège, pour des cours d’anglais. Les horaires sont assez variables parce qu’au lycée, les élèves ont des périodes de stage, mais ça représente à peu près 12 heures par semaine. Pour les élèves, c’est intéressant de pouvoir parler anglais et je leur parle aussi de mon pays. Pour le moment, je les sens un peu timides, ils ont peur de faire des erreurs. J’essaie de les rendre moins timides, parce que pour apprendre une langue, il faut la parler. Faire des erreurs, ce n’est pas grave.

Connais-tu d’autres langues que le français ?

À la maison, dans ma famille, nous parlons Gujarati, une langue parlée dans le Nord de l’Inde, la région d’origine de mes parents. À l’école, mes cours étaient en anglais et dans la rue à Bombay, les gens parlent Hindi ou anglais. J’adore les langues et je commence aussi à apprendre l’espagnol et l’allemand. Et pour mieux apprendre une langue, je crois que c’est important de le faire dans un contexte social. C’est ce que je fais ici et j’apprends aussi beaucoup d’autres choses que la langue. J’aime beaucoup cuisiner et j’aime la cuisine française, notamment le fromage. J’ai découvert la tartiflette récemment et j’ai adoré.

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Sydney Hansen travaille à l'école LDM du Tréport depuis la fin du mois de septembre.
Sydney Hansen travaille à l’école LDM du Tréport (Seine-Maritime) depuis la fin du mois de septembre 2023. ©Lucas Farcy

Pour la première fois, l’école primaire LDM (Ledré-Delmet-Moreau) reçoit une assistante de langue, qui va rester pendant 7 mois au Tréport. Sydnet Hansen, 24 ans, est originaire d’Edmonton, une grande ville anglophone de l’ouest du Canada.

Devant la douzaine d’élèves de CE1 de la classe de Mme Tourrel, Sydney présente aux enfants différents crayons de couleur. Le groupe donne la couleur du crayon en anglais et la jeune assistante canadienne les félicite, elle aussi en anglais, sa langue maternelle.

« C’est une première à l’école LDM d’accueillir une assistante de langue » se réjouit le directeur Stéphane Cavelier. L’école bénéficie là d’un projet académique, après avoir déposé un dossier l’année dernière. « Avec l’aide de la mairie, nous avons pu trouver un logement pour Sydney, qui intervient 12 h par semaine. Elle vient assister les professeurs dans toutes les classes, de la grande section de maternelle au CM 2 ».

Sydney explique que son séjour au Tréport s’inscrit « dans un grand processus. J’ai enseigné pendant deux ans, mais je savais que je ne voulais pas continuer l’enseignement sans vivre une aventure à l’étranger. J’ai alors choisi de venir dans une petite ville, parce que je veux pratiquer la langue au maximum. En allant à Paris, j’aurais eu moins de possibilité de parler français : quand je vais là-bas, beaucoup de personnes qui entendent mon accent se mettent à me parler anglais. Et puis je viens d’une ville de plus d’un million d’habitants, ça fait une expérience différente d’être ici ».

« Je croise déjà des gens que je connais »

Malgré ces changements importants, Sydney s’est vite sentie à l’aise dans la cité portuaire, notamment grâce à l’équipe enseignante de l’école LDM. « Je commence déjà à croiser des gens que je connais quand je me promène, y compris les enfants, c’est agréable d’être dans une petite ville. En plus, j’adore marcher et ici c’est vraiment facile, surtout que les paysages, les falaises, la mer, c’est beau. Ici, je peux marcher partout alors qu’au Canada, c’est indispensable d’avoir une voiture ».

Avec ses interventions en classe, Sydney découvre aussi une nouvelle façon d’enseigner : « l’enseignement en Europe est très différent et ça me donne des idées sur comment mieux enseigner. Au Canada, on met beaucoup de mouvement dans les classes, on se lève et on bouge pour apprendre et il me semble que c’est important. J’essaie d’intégrer ça dans mes leçons ici. Dans les écoles canadiennes, les élèves s’amusent beaucoup et on considère que c’est très important. Mais je réalise que parfois, il faut aussi se concentrer pour travailler. Il faut réussir à trouver un équilibre entre les deux méthodes ».

Les enfants tréportais sont par ailleurs curieux de mieux connaître le Canada : « C’est loin et ça les ouvre à d’autres perspectives. La neige les intéresse beaucoup, ils ont du mal à me croire quand je leur explique qu’à -40°C, on continue d’aller à l’école ».

La jeune assistante d’anglais de 24 ans profite par ailleurs d’avoir traversé l’océan Atlantique pour visiter d’autres régions d’Europe. Une découverte du vieux continent dont elle devrait garder de nombreux souvenirs, avec comme point d’ancrage les côtes de la Manche et la ville du Tréport.

Nicola Floro est Italien. Il enseigne l'anglais au lycée du Tréport, après avoir découvert la Normandie en tant qu'assistant de langue.
Nicola Floro est Italien. Il enseigne l’anglais au lycée du Tréport (Seine-Maritime), après avoir découvert la Normandie en tant qu’assistant de langue. ©Lucas Farcy

Nicola Floro, professeur d’anglais au lycée professionnel le Hurle-Vent du Tréport, a découvert la Normandie en 2010, en tant qu’assistant d’italien à Dieppe. Une ville dans laquelle il a finalement choisi de s’installer.

Quand il a atterri à Dieppe pour la première fois en 2010, Nicola Floro n’aurait jamais imaginé qu’il y vivrait encore 13 ans plus tard. Pourtant, c’est bien dans la cité portuaire que cet Italien a décroché son premier travail d’enseignant, puis qu’il y a eu ses deux enfants, Alessandro en 2016 et Andrea en 2020.

Une vie entre Dieppe et le lycée professionnel le Hurle-Vent du Tréport qui est liée à un enchaînement de hasards et à un désir au départ : celui de voyager et d’apprendre les langues.

« Je faisais mes études à Bari [N.D.L.R. : dans le sud-est de l’Italie], en langue et littérature étrangère. En 5e année, nous pouvions partir à l’étranger, grâce à un programme d’assistanat en langues. J’ai choisi la France en postulant aux académies de Rouen, Strasbourg et Bordeaux, parce qu’il y avait des aéroports qui permettaient de revenir chez moi », sourit le professeur d’anglais, preuve que son attachement à la région des Pouilles a toujours été fort.

Arrivé à Dieppe en avril 2010, Nicola a eu droit à « la grande découverte, à tous les niveaux : vie, culture, langue. Tu découvres que ce que tu apprends en cours, c’est bien, mais que quand tu te retrouves entouré de Français, il faut s’accrocher ! Au début, il y avait énormément d’expressions que je ne comprenais pas » raconte-t-il dans un français impeccable, teinté d’un accent italien.

Pendant ces 8 mois, Mariella, la compagne de Nicola, Italienne elle-aussi, vit la même expérience à Guéret (Creuse), puis Brives (Indre). Après cette expérience dans les lycées français, le couple retourne en Italie en 2011, « avec les larmes aux yeux, parce que c’était une super expérience ».

Une semaine de vacances transformée en 10 ans de vie

En septembre de la même année, Nicola et Mariella décident de passer une semaine de vacances à Dieppe pour assister au festival des cerfs-volants dont on leur a beaucoup parlé. Nicola apprend alors une nouvelle, banale au premier abord, mais qui va changer sa vie : « à Dieppe, j’ai recroisé la prof référente pendant mon année d’assistanat.  Elle m’a annoncé que l’assistant qu’ils avaient pour la nouvelle année avait démissionné et qu’une place était donc disponible ». Nicola et Mariella, qui deviendra sa femme en 2015, retournent en Italie pour faire leurs bagages et reviennent en France une semaine plus tard. « J’ai alors passé une deuxième année en tant qu’assistant et j’ai réalisé combien j’aimais enseigner. Au départ, j’avais plutôt pour idée de devenir traducteur ».

À la fin de cette deuxième année à Dieppe, Nicola dépose donc un dossier pour devenir professeur contractuel en anglais ou en français, en précisant qu’il est natif d’Italie. « On m’a appelé en septembre et j’ai commencé à enseigner l’anglais ici au Tréport, en 2012 ». Depuis cette date, le professeur a passé le concours d’enseignant puis a travaillé à Evreux (Eure) pendant une année, avant de revenir au lycée le Hurle-Vent. Très impliqué dans la vie de l’établissement, il s’est notamment investi dans le programme Erasmus, qui permet à des lycéens de partir quelques semaines à l’étranger.

Le plaisir de partager sa culture

« Les élèves qui partent, je leur dis toujours qu’ils auront un coup de blues, quelques jours après leur arrivée. Je sais ce que c’est, je suis passé par là. Mais il faut trouver la force d’aller au-delà de ça, d’expérimenter des choses. C’est nouveau et cette fois, c’est ta vie, ce ne sont plus les bouquins ».

13 ans après son arrivée, Nicola estime toujours être dans la démarche de « profiter de la vie à la française ». Et pour les nouveaux assistants de langue, il conseille toujours de « prendre du plaisir à partager sa propre culture, de s’ouvrir aux jeunes qui n’ont pas cette conception de vouloir partir. Une langue étrangère, ce n’est pas toujours quelque chose qui est tangible et quand on parle avec un étranger, on le comprend ».

Et pour Nicola, ce qui aurait dû n’être qu’une expérience à l’étranger a finalement transformé sa vie, qu’il passe désormais entre la France, pendant l’année scolaire, et l’Italie durant les vacances d’été, sa femme étant elle aussi devenue enseignante.

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