Des leçons à tirer du mondial pour l’Algérie?

Des leçons à tirer du mondial pour l’Algérie?

Si les Algériens sont, hélas, simples spectateurs de la Coupe du Monde 2022, celle-ci ne serait pas dénuée de tout enseignement pour notre Équipe Nationale.

Beaucoup rongent leur frein et attendent avec impatience que l’évènement cesse. D’autres, au contraire, savourent les quatre matchs par jour et se réjouissent d’avoir droit à autant de football en hiver. Cette séparation, visible, en cache une autre, celle de ceux qui souhaitent voir perdre nos rivaux africains face à ceux qui veulent voir gagner les leurs (les musulmans, les Africains).

Bref, un énième schisme classique dans le football, mais qui conduit à une conclusion commune à l’ensemble de ces catégories : bien qu’absente, l’Équipe Nationale aurait tout intérêt à suivre avec attention cette compétition et son sélectionneur, Djamel Belmadi, pourrait bien s’en inspirer.

Des chiffres criants

Il avait lui-même inspiré bien des adversaires après le sacre de l’Algérie en Coupe d’Afrique des Nations 2019 avant d’être progressivement rattrapé par les carences de ses joueurs eux-mêmes, d’abord, puis le trop fort conservatisme dans ses différents choix, ensuite.

Si le moment de ressasser encore et toujours les raisons de l’échec complet que fut 2022 est derrière nous, celui de réfléchir à l’après et aux potentielles pistes de renouveau, lui, est bel et bien présent.

Depuis mars dernier, l’Algérie a disputé 7 matchs, alignant 6 fois son 4-3-3 (la 7ème, face au Nigéria, verra les Verts se restructurer en 4-3-3 à la mi-temps), inscrivant 7 buts (dont 4 face à l’Ouganda et à la Tanzanie) et en encaissant 5 (dont 2 face à la Suède).

Un bilan statistique faible, pourtant récompensé par 5 victoires, 1 nul (face au Mali) et une défaite (face à la Suède). Au-delà des chiffres, il y a également le jeu, trop souvent ennuyant, décousu, les mêmes combinaisons (ou absences de combinaisons), la même volonté de verrouiller derrière (avec le même Aïssa Mandi en difficulté, lui qui incarnait hier la solidité algérienne) et les mêmes limites physiques, ou mentales, qui donnent l’illusion que notre équipe est fondamentalement limitée.

Bref, l’Algérie semble repartie sur ce cycle de victoire à tout prix, le même cycle qui lui a valu la déchéance au moment d’aborder une année 2022 cruciale pour son histoire.

La Coupe du Monde le prouve : on ne brille que par le jeu

Vient alors la comparaison avec la Coupe du Monde. Tous les mondialistes africains, les plus comparables à nous, ne paraissent pas si supérieurs que ça à notre Équipe Nationale, notamment pour des adversaires, comme le Ghana, la Tunisie ou le Cameroun, que nous avons su battre au cours des deux dernières années.

Pourtant, l’observation de ces équipes, auxquelles il faut rajouter le Maroc, le Sénégal, l’Iran et l’Arabie Saoudite, soit tout autant de formations plus ou moins comparables à la nôtre (au classement FIFA, dans le style), permet de réaliser ce qui manque à certaines, et ce que d’autres ont de plus que nous. *

Le Maroc est le premier d’entre eux. Timides lors de leur première sortie face à la Croatie, qui demeure finaliste de la dernière édition, les Lions de l’Atlas ont frappé fort face à la Belgique, rongée par son jeu stéréotypé et minée par les tensions internes. Pour parvenir à l’emporter 2-0, le Maroc a pu compter sur un jeu débridé, décomplexé, porté vers l’avant, et par un enthousiasme débordant qui rappelait très fortement l’Algérie de 2014.

Même schéma pour le Ghana, qui joue clairement comme s’il n’avait rien à perdre et qui est récompensé pour cela. Défaits, non sans difficulté, par le Portugal lors de la première journée, les Black Stars sont venus sans crainte affronter la Corée du Sud, pourtant favorite, et ont donné une véritable leçon de volonté offensive à l’équipe d’Heung-Min Son, gagnant 2-3 et s’assurant une finale au sommet face à l’Uruguay.

Pour rappel, et parce que cette donnée n’est pas anodine, le Maroc vient tout juste de se séparer de Vahid Halilodzic et a compté sur un Walid Regragui qui a tout de suite tenu à apporter des changements à une équipe trop scolaire. Pour le Ghana, c’est Otto Addo, nommé en février dernier, qui est venu redonner du souffle à une équipe que l’Algérie écrasait 3-0 en.. janvier 2022.

Le physique, autre donnée majeure

L’exemple Saoudien a, à coup sûr, marqué les esprits. Terriblement volontaires, les hommes d’Hervé Renard sont revenus transfigurés face à l’Argentine et l’ont emporté 1-2 en mangeant littéralement leurs adversaires sur le moindre duel, le moindre contact. Ils ont reproduit ce même match face à la Pologne et auraient clairement mérité meilleur scénario. Pour autant, cette équipe, volontaire, solidaire, très, très en forme physiquement, produirait bien des résultats en Afrique où la condition est un facteur souvent marquant, mais également là où de nombreux internationaux Algériens se sont avérés défaillants ces derniers mois, en raison de leur manque de temps de jeu ou de bien d’autres motifs.

Le Cameroun, lui aussi, a exalté les foules en se réveillant face à la Serbie. Si l’entrée de Vincent Aboubacar a évidemment facilité les choses, les Lions Indomptables ont également su capitaliser sur leur supériorité physique pour faire souffrir de pourtant solides serbes. Pas si mal, pour une équipe méprisée par beaucoup.

L‘Iran, enfin, a également su tirer profit de cet avantage face aux Pays de Galles, l’emportant en toute fin de rencontre (et c’était mérité) après avoir largement dominé son adversaire. Il a fallu de la résilience et beaucoup de jus à cette équipe pour remporter trois points dans une rencontre où l’équipe de Gareth Bale, réduite à 10 à la 86ème minute, avait clairement verrouillé le jeu.

La Tunisie, l’exemple à ne pas suivre

Enfin, il est une formation qui est une vraie déception, et dont le parcours ressemble quelque peu à celui de l’Algérie. La Tunisie de Jalel Kadri est l’exemple type de l’équipe qui se refuse à jouer et qui est logiquement sanctionnée pour cette faute.

Incohérents, limités aussi bien physiquement que dans l’envie, les Aigles de Carthage ont brillé par leur volonté de bétonner à tout prix, privant leurs supporters d’un jeu qu’ils sont en droit d’attendre. Face à l’Australie, qui n’est pourtant pas une foudre de guerre et qui évolue en contre, la Tunisie a tout simplement délaissé le ballon, surprenant jusqu’aux Australiens mêmes qui n’en demandaient pas tant.

Conservatisme extrême, maintien de statuts qui ne se justifient pas ou plus, absence de jeu, carences physiques criantes, voilà tout autant de raisons qui ont conduit la Tunisie à un échec quasi total (il sera bien dur de venir à bout de la France lors du troisième match, mais pas impossible étant donné que les Bleus sont déjà qualifiés). Un bilan qui, pour une part, peut ressembler à celui de l’Algérie récemment, et qui doit bien avertir Djamel Belmadi sur le risque, réel, de connaître à nouveau pareille désillusion.

*  Il n’est pas fait mention du Qatar, équipe qui évolue dans des conditions hors-football évidemment particulières en raison de son statut de pays hôte, et qui fera l’objet d’un écrit séparé.

DZfoot

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