Qui était le dernier roi de France?

Qui était le dernier roi de France?

Pourquoi envions-nous l’orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d’une balade, sous la douche ou au cours d’une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L’Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected]

À partir d’un certain moment de l’histoire de France, nombreux sont celles et ceux qui perdent légèrement le fil niveau royauté. Disons qu’après des événements tels que la Révolution française ou le passage fracassant d’un certain Napoléon, les noms des rois de France ne sont pas vraiment restés gravés dans les mémoires. La période est d’ailleurs quelque peu boudée par les manuels scolaires, coincée entre les épopées napoléoniennes, la Commune de Paris et la Première Guerre mondiale.

Pourtant, Louis XVI est loin d’être le dernier souverain du pays. D’autres, après lui, ont régné jusqu’au milieu du XIXe siècle et s’ils ont connu un sort moins funeste, ils ont tout de même traversé pas mal de turbulences. Mais alors, qui était le dernier roi de France?, demanderez-vous.

Louis-Philippe, le der des ders

Il y a d’abord le règne de Charles X, dernier frère de Louis XVI et de Louis XVIII, qui accède au trône en 1824. Mais il fait long feu, ses idées n’étant plus vraiment en phase avec son époque. Quelques années seulement après la Révolution, il tente notamment de renforcer son autorité, de rétablir la censure, de dissoudre l’Assemblée, de modifier le système électoral. Bref, de revenir en arrière, à l’époque où son défunt frère avait encore la tête sur les épaules.

Le 25 juillet 1830, il signe ainsi quatre ordonnances (les ordonnances de Saint-Cloud) pour parvenir à ses fins et rétablir une monarchie toute puissante. Résultat, les 27, 28 et 29 juillet, le peuple est à nouveau dans la rue pour ce que l’on appellera «la révolution de juillet» ou «les Trois Glorieuses». Exit Charles X, vive Louis-Philippe Ier et sa monarchie de juillet, pour une dernière danse royale.

Louis-Philippe appartient à la branche cadette des Bourbons, descendant de Philippe II, duc d’Orléans et frère de Louis XIV. Un changement de dynastie, donc, histoire de calmer un peu le peuple en lui proposant une monarchie différente, libérale et constitutionnelle. Louis-Philippe Ier essaie en tout cas de s’y atteler, en se faisant par exemple proclamer en 1830 «roi des Français» et non «roi de France». Il renforce les libertés, le pouvoir législatif des parlementaires, abolit la censure et rétablit même l’usage du drapeau tricolore –délaissé en 1820. De quoi apporter (enfin) un peu de paix dans l’Hexagone?

Que nenni. L’instabilité politique divise le pays. Bonapartistes, partisans de la République et ceux qui réclament le retour des Bourbons font planer la menace d’une énième révolution. Et comme ses prédécesseurs, Louis-Philippe n’y échappera pas.

Dès 1846, on sent qu’une vague révolutionnaire va s’abattre sur l’Europe, qui vient fragiliser le reste d’autorité du dernier des rois de France. Le 24 février 1848, une foule de manifestants envahit le boulevard des Capucines, à Paris. L’armée tire, et fait cinquante-deux morts. C’en est trop. L’heure a sonné pour Louis-Philippe, qui se voit contraint d’abdiquer.

Avant de fuir en Angleterre, il tente un dernier coup de poker en installant son petit-fils de 9 ans sur le trône. Un geste vain: la IIe République est proclamée par Lamartine et Louis-Philippe finira ses jours de l’autre côté de la Manche, avec l’indéfectible titre de dernier roi de France. Et voilà, la royauté a définitivement disparu du paysage politique français.

The end?

Vraiment? Si la France en a bel et bien terminé avec ses rois, il n’en reste pas moins que des descendants royaux existent. Des descendants qui, dans l’hypothèse d’une restauration de la monarchie, pourraient monter sur le trône et reprendre le flambeau.

Deux descendants de Louis XIII pourraient aujourd’hui se disputer la couronne: Jean d’Orléans et Louis-Alphonse de Bourbon. Deux membres de l’illustre famille des Capétiens, qui se crêpent le chignon pour le titre. Spoiler: c’est une histoire digne de Game of Thrones.

D’un côté, il y a Louis-Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou, surnommé Louis XX. Si l’on suivait à la lettre la loi salique –qui fixe l’ordre de succession par primogéniture mâle–, il serait en droit de revendiquer la couronne, étant le descendant direct de Louis XIV. Pourtant, celui qui vit de l’autre côté des Pyrénées ne peut y prétendre: son aïeul, le roi d’Espagne Philippe V, petit-fils de Louis XIV, a signé en 1713 le traité d’Utrecht, renonçant définitivement à ses droits. Il a beau être l’aîné dans l’arbre généalogique, ça n’y change rien. Lâche l’affaire, Louis.

Pour Jean d’Orléans, comte de Paris, c’est un peu différent. Son ancêtre n’est autre que Louis-Philippe Ier en personne, le fameux dernier roi de France. Et même si ses détracteurs mettent en avant l’implacable loi salique pour le décrédibiliser, Jean d’Orléans peut bien prétendre au trône de France.

Rassurez-vous, ni l’un ni l’autre ne compte renverser la République pour devenir souverain. Et même s’il existe quelques infatigables monarchistes français, ces derniers risquent d’attendre un bon bout de temps.

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