face aux manifestations d’agriculteurs, la police bloque l’accès à la capitale

face aux manifestations d’agriculteurs, la police bloque l’accès à la capitale

Des policiers montent la garde à côté d’une barrière et de véhicules qui bloquent une route pour empêcher les agriculteurs qui manifestent pour réclamer des prix minimums pour leurs récoltes de marcher vers la capitale de l’Inde à la frontière entre Delhi-Uttar Pradesh et Ghazipur, le 14 février 2024.
SAJJAD HUSSAIN / AFP

Au deuxième jour de larges manifestations, les agriculteurs ont été bloqués par des barricades des forces de l’ordre et aspergés de gaz lacrymogène alors qu’ils souhaitaient entrer dans New Delhi.

La police anti-émeute indienne a tiré des gaz lacrymogènes mercredi 14 février, pour la deuxième journée consécutive, afin d’empêcher des milliers d’agriculteurs réclamant des prix plancher pour leurs récoltes de franchir des barricades lourdement gardées pour marcher sur la capitale New Delhi.

Les agriculteurs ont appelé cette semaine à un «Delhi Chalo» (une marche sur Delhi) qui évoque leur manifestation du 26 janvier 2021 lorsqu’ils avaient forcé les barrages policiers pour entrer dans New Delhi le Jour de la République, durant un conflit de plusieurs mois avec le gouvernement. Ils protestaient alors contre une libéralisation des marchés agricoles.

Mais cette fois, les longs convois de tracteurs ont été bloqués par d’imposants barrages de blocs de béton et de fils barbelés gardés par la police. Les agriculteurs demandent la fixation d’un prix minimum pour les récoltes ainsi qu’une série d’autres concessions dont l’annulation des créances.

Des gaz lacrymogènes ont été tirés à Shambhu, à environ 200 kilomètres au nord de la capitale, à la frontière entre les États du Pendjab et de l’Haryana, où le principal groupe d’agriculteurs a été stoppé, ont indiqué des journalistes de l’AFP sur place.

«La police nous traite comme si nous venions d’un pays ennemi», tempête Mohan Singh, un agriculteur de 65 ans du district de Kapurthala, au Pendjab, à quelque 415 kilomètres de New Delhi. «Tout ce que nous voulons, c’est aller à Delhi et faire valoir nos droits, mais plus de 150 d’entre nous ont été blessés», affirme-t-il.

La police de l’État de l’Haryana a déclaré mardi soir dans un communiqué que de «lourdes pierres» avaient été lancées contre les policiers et que 24 agents avaient été blessés. Les agriculteurs jouissent en Inde d’un poids politique d’importance en raison de leur nombre. La menace de nouvelles manifestations survient à l’approche des élections nationales attendues pour avril. Les deux tiers de la population de 1,4 milliard d’habitants vivent de l’agriculture, qui représente près d’un cinquième du PIB du pays, selon des chiffres officiels.

«Nous franchirons tous les obstacles»

Pour la deuxième journée consécutive, les forces de sécurité indiennes ont tiré des gaz lacrymogènes mercredi, notamment depuis des drones, pendant que des agriculteurs cherchaient à dégager les routes en forçant les barricades avec leurs tracteurs. «Nous attendons simplement le feu vert de nos dirigeants», déclare Santokh Singh, 65 ans, originaire de Ludhiana au Pendjab. «Une fois qu’il sera donné, nous franchirons tous les obstacles.»

Mais les dirigeants des syndicats agricoles ont appelé les manifestants à la retenue. «Nous allons gagner cette bataille et aller à Delhi», crie l’un d’eux dans un micro. «Mais nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre sang froid.»

La police a installé des barrages sur les principaux axes routiers menant à la capitale depuis les trois Etats voisins. L’internet mobile a été coupé dans certaines parties de l’Haryana. Par endroits, des fossés ont été creusés pour arrêter les tracteurs, certains agriculteurs essayant de contourner les barricades en conduisant à travers les champs.

Le ministre de l’Agriculture, Arjun Munda, a déclaré qu’une loi garantissant un prix plancher de soutien pour les récoltes «ne peut être adoptée à la hâte», a rapporté mardi l’agence de presse PTI (Press Trust of India). Les discussions avec les syndicats agricoles se poursuivent, a assuré Arjun Munda, tout en exhortant les manifestants à être «vigilants» face à ceux qui cherchent à exploiter les manifestations pour en tirer des «avantages politiques».

Les dernières protestations d’agriculteurs, opposés à une réforme agricole en novembre 2020, avaient duré plus d’un an, jusqu’à l’automne 2021, et posé le plus grand défi au gouvernement du premier ministre Narendra Modi depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Ces manifestations avaient fait au moins 700 morts. Les trois lois contestées avaient été abrogées en novembre 2021.

Des milliers d’agriculteurs indiens se suicident chaque année à cause de la pauvreté, de l’endettement et des récoltes affectées par des conditions météorologiques de plus en plus erratiques dues au changement climatique.

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