« Série indienne », des œuvres du sous-continent à découvrir en dix volumes

« Série indienne », des œuvres du sous-continent à découvrir en dix volumes

Livre. Fondées en 1919, les éditions Les Belles Lettres ont pour vocation première de publier les classiques de l’Antiquité. A leur catalogue, un nombre vertigineux de références, souvent pointues, d’écrits grecs, chinois, latins, sanskrits, parfois en édition bilingue accompagnée d’un appareil critique et d’outils pédagogiques. C’est dans la lignée de ce travail d’érudition que l’éditeur a fait paraître, tout au long de l’année 2022, une série de dix volumes de classiques indiens. Autant de pépites qui se trouvent désormais rassemblées dans un élégant coffret pensé par l’illustrateur Scott Pennor’s.

L’objet mérite à lui seul le détour : de format semi-poche, chacun des ouvrages est agrémenté d’une couverture cartonnée et reliée aux couleurs vives, comme un écho aux teintes éclatantes des saris indiens ; chacun est illustré par un artiste contemporain, comme pour tirer ces textes très anciens de leur gangue d’éternité.

Une conception de qualité remarquable qui témoigne de la volonté de la maison parisienne – et en particulier de l’instigateur de ce corpus, l’éditeur Nicolas Filicic – d’inscrire la collection dans la durée, à l’image des œuvres traduites.

Un monde en ébullition

Ces dernières nous entraînent en effet dans l’époque la plus reculée du sous-continent, puisque ce sont les deux plus anciennes Upanishad qui ont inauguré, en mars, la « Série indienne ». Textes sacrés rédigés aux VIIe-VIe siècles avant notre ère, les Enseignements de la forêt et les Enseignements pour les chantres (Brihad-aranyaka et Chandogya-upanishad, rassemblés ici dans un seul livre) fourmillent de données sur la religion védique, culte de l’Inde antique dont dérive l’hindouisme, et sur les cosmologies de cette époque. Ils narrent, en langue sanskrite traduite par Emile Sénart, un monde en ébullition, passant d’une société semi-nomade très ritualisée organisée autour du sacrifice aux dieux, à une nouvelle vision de la société, structurée autour d’institutions naissantes.

Un monde (déjà !) mouvant, marqué par le développement économique et l’urbanisation croissante dans la vallée du Gange. Pour ésotériques qu’ils soient, ces écrits sont explicités au lecteur non expert grâce à l’introduction de l’indianiste Patrick Olivelle et aux explications du traducteur, enrichies par les illustrations oniriques d’Augustin Frison-Roche.

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En novembre, la série s’est achevée avec la publication des célèbres Lois de Manu (Manavadharmashastra), traduites par Georges Strehly et introduites par Federico Squarcini et Daniele Cuneo. Sans doute composé au IIe siècle de notre ère, ce code de règles éthiques, politiques et juridiques pose les bases de la société traditionnelle du sous-continent, notamment à travers ses quatre castes : les brahmanes (prêtres), les kshatriya (guerriers), les vaishya (commerçants) et les shudra (servants).

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