Cameroun : une journaliste retrouvée décapitée et dépecée à Yaoundé
Cameroun : une journaliste retrouvée décapitée et dépecée à Yaoundé
Un corps décapité et dépecé dont les parties sont renfermées à l’intérieur de valises abandonnées près d’un ruisseau, difficile d’imaginer une scène d’une telle abomination. Pourtant, c’est ce qu’on a découvert dimanche 7 avril à 8h30 dans le quartier quartier Elig-Edzoa de Yaoundé, la capitale du Cameroun. La victime est Sylvie Louisette Ngo Yebel. Cette femme âgée de 47 ans, mariée et mère de 4 enfants, résidente dans le quartier Odza, avait disparu la veille.
Cela faisait plus de cinq ans que Sylvie Louisette Ngo Yebel travaillait pour la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) en tant qu’experte en communication. Cette organisation régionale réunit 11 pays d’Afrique centrale pour la conservation et la gestion durable des systèmes forestiers. Diplômée en communication d’entreprise puis en management environnemental et développement durable, Louisette Sylvie Ngo Yebel s’était spécialisée sur la biodiversité au Cameroun et en Afrique centrale, ayant travaillé comme responsable communication au sein de Traffic, une ONG qui surveille en réseau le commerce de la faune et flore sauvages.
À ce stade, rien ne permet de dire si le meurtre de Sylvie Louisette Ngo Yebel est lié ou non à l’exercice de son métier. Le choc est profond et frappe le Réseau des communicateurs pour l’environnement et l’information en Afrique centrale (Receiac) dont la victime faisait partie. « La mort de Madame Sylvie Louisette NGO YEBEL Epouse FOUNGA est un affront à la dignité humaine et une menace pour la liberté d’expression et le travail des professionnels de la communication », écrit cette organisation dans un communiqué signé par son président Raoul Siemeni.
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« Ce crime d’une rare barbarie ne saurait et ne doit en aucun cas rester impuni. Par conséquent, le RECEIAC appelle le gouvernement camerounais à agir avec célérité par l’ouverture une enquête approfondie dans le but de faire toute la lumière sur cet assassinat dans les meilleurs délais », selon le même communiqué.
L’assassinat est rapporté dans plusieurs publications et réseaux sociaux au Cameroun, et aussi dans les médias nationaux.
L’affaire va connaître rapidement un rebondissement stupéfiant, selon la gendarmerie chargée de l’enquête : l’auteur du crime ne serait autre que le fils de la victime. Il serait passé aux aveux devant les gendarmes. Son nom et sa photo, celle d’un homme menotté après son arrestation, circulent. Il s’agirait de Batek Yebel Landry, récemment diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) en tant que secrétaire d’administration. Lors d’une dispute avec sa mère, il l’aurait étouffée puis dépecée avec une scie avant de se débarrasser du cadavre à l’aide d’un complice toujours en fuite.
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Pour le collectif #Stopfeminicides237, le meurtre de Sylvie Louisette Ngo Yebel porte à 15 le nombre de féminicides au Cameroun depuis le début de l’année 2024.
Dans un entretien accordé au journal Cameroon Tribune en décembre 2023, la ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) Marie Thérèse Abena Ondoa estimait à 58 le nombre de cas de féminicides connus depuis le début de cette année, « sans oublier toutes les autres formes de violences dont sont victimes les femmes et les filles au quotidien dans les familles, les communautés, le milieu professionnel, les marchés etc », précise-t-elle. Le collectif #Stopfeminicides237 dénombre 67 féminicides pour l’année 2023.
Reste que, selon les médias locaux, le suspect du meurtre de Sylvie Louisette Ngo Yebel aurait également avoué aux gendarmes le meurtre de sa grand-mère en novembre 2023, un crime qui aurait été étouffé par sa propre famille.
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