Washington interroge l’Inde sur un complot présumé d’assassinat contre un sikh | Tensions entre l’Inde et le Canada

Washington interroge l’Inde sur un complot présumé d’assassinat contre un sikh | Tensions entre l’Inde et le Canada

Le gouvernement américain affirme avoir interrogé les autorités indiennes au sujet des allégations à propos d’un complot d’assassinat déjoué visant un citoyen américano-canadien. Il s’attend à ce que toute personne jugée responsable soit « tenue de rendre des comptes ».

La cible alléguée de ce complot, le militant sikh Gurpatwant Singh Pannun, a réagi mercredi par voie de communiqué en soutenant qu’il ne s’en fait pas avec les menaces pour sa vie et qu’il préfère se concentrer sur l’organisation d’un vote séparatiste prévu en janvier à San Francisco.

La porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, Adrienne Watson, a indiqué dans une déclaration que le gouvernement américain traite cette question avec le plus grand sérieux et l’a évoquée auprès des plus hauts responsables du gouvernement indien.

Après des discussions avec des dirigeants hauts placés du gouvernement des États-Unis, nous comprenons que l’Inde mène une enquête plus approfondie sur cette question. Nous aurons plus d’informations à vous fournir dans les prochains jours, a indiqué Mme Watson par écrit.

Surprises et inquiétées

Selon Mme Watson, les autorités indiennes ont été surprises et inquiétées en entendant ces allégations. Elles auraient assuré à leurs vis-à-vis américains que ce genre de complot ne fait pas partie de leurs pratiques.

Le Haut-Commissariat de l’Inde n’a pas répondu à une demande de réaction que La Presse canadienne lui a envoyée.

Dans son communiqué, le Conseil national de sécurité des États-Unis réagissait à un article du Financial Times selon lequel les autorités américaines auraient déjoué un projet d’assassinat qui ciblait M. Pannun, l’avocat général de Sikhs for Justice, sur le sol américain.

Un photomontage sur lequel on voit Hardeep Singh Nijjar qui tient une pancarte portant la mention « Les sikhs veulent leur indépendance » en anglais sur fond de deux drapeaux indien et canadien.

Hardeep Singh Nijjar a été abattu devant un temple sikh à Surrey, en Colombie-Britannique.

Photo : Sikhs for Justice/Radio-Canada

On apprenait aussi dans cet article que le gouvernement indien était peut-être impliqué dans ce complot.

Cette situation est survenue quelques mois après l’assassinat, en juin dernier, de Hardeep Singh Nijjar, une autre figure de proue de la communauté sikhe en Colombie-Britannique.

En septembre, le premier ministre Justin Trudeau a révélé l’existence d’« allégations crédibles » reliant le gouvernement de l’Inde à ce meurtre.

L’Inde a déjà accusé M. Nijjar d’être lié à des activités de terrorisme mais a nié avoir été impliquée dans son assassinat.

Appelé à commenter le complot potentiel qui a ciblé M. Pannun, M. Trudeau a mentionné que le Canada continue de travailler avec ses alliés pour forcer l’Inde à collaborer lors des enquêtes. On espère que l’Inde va continuer à prendre ces préoccupations très au sérieux, a-t-il affirmé.

Cible potentielle

M. Pannun, qui possède la double nationalité, peut concevoir que l’Inde pourrait s’intéresser à lui en raison de son rôle dans l’organisation de nombreux votes séparatistes.

L’attentat déjoué contre ma vie sur le sol américain relève du terrorisme transnational, qui constitue une menace pour la souveraineté, la liberté d’expression et la démocratie des États-Unis. Je laisserai donc le gouvernement américain répondre à cette menace, a-t-il déclaré dans un communiqué.

M. Pannun a cependant assuré que son groupe continuera de faire campagne pour que le Pendjab soit libéré de l’occupation indienne et qu’un vote sera organisé à cette fin à San Francisco le 28 janvier.

Les commentaires qu’a faits M. Trudeau en septembre dernier ont aggravé les tensions diplomatiques entre le Canada et l’Inde, les deux parties ayant mutuellement expulsé eurs diplomates et le gouvernement indien ayant imposé une interdiction de visas aux Canadiens.

Ces interdictions ont commencé à s’assouplir en octobre. D’ailleurs, le Haut-Commissariat de l’Inde à Ottawa a indiqué sur les réseaux sociaux que les Canadiens peuvent à nouveau demander en ligne un visa touristique pour l’Inde depuis mercredi.

Votes séparatistes

M. Pannun a organisé une série de votes séparatistes sikhs au Canada et aux États-Unis. Il se trouvait en Colombie-Britannique pas plus tard qu’à la fin octobre lorsqu’un gurdwara sikh a accueilli le deuxième tour d’un référendum non contraignant sur la création du Khalistan, un État sikh indépendant de l’Inde.

Plus tôt ce mois-ci, les autorités canadiennes ont indiqué qu’elles enquêtaient sur ce qu’elles ont appelé des menaces contre Air India à la suite de la mise en ligne de vidéos dans lesquelles on pouvait voir M. Pannun prévenir les gens de ne pas monter à bord des avions de cette compagnie aérienne le 19 novembre.

M. Pannun avait précédemment soutenu que cette vidéo était un appel au boycottage de la compagnie aérienne et qu’aucune menace n’avait été proférée.

Un rapport publié par le gouvernement canadien en 2005 concluait que les attentats à la bombe contre Air India en 1985, qui ont fait 331 morts, étaient le résultat d’une conspiration des séparatistes sikhs planifiée et exécutée au Canada.

Un seul homme, le fabricant de bombes Inderjit Singh Reyat, a été condamné.

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