CAN 2025 : pourquoi la CAF a désigné le Maroc , Jeune Afrique


CAN 2025 : pourquoi la CAF a désigné le Maroc

Des supporteurs marocains lors d’un match amical entre les Lions de l’Atlas et le Burkina Faso, à Lens, le 12 septembre 2023. © AYOUB BENKARROUM/AFP

Publié le 27 septembre 2023

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Le favori logique l’a emporté : comme on s’y attendait, c’est donc bien le Maroc qui organisera la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025. L’annonce ayant été plusieurs fois reportée, les spéculations allaient bon train depuis plusieurs mois sur le choix du pays hôte de la prochaine CAN mais aussi de celle qui aura lieu en 2027. L’instance a tranché ce 27 septembre, après que son comité exécutif a délibéré la veille pour plancher sur ces deux dossiers et les rapports effectués par le cabinet d’audit allemand Roland Berger, mandaté pour auditer les pays candidats.

Maroc : des structures et du lobbying

Pour rappel, le Maroc, l’Algérie, la Zambie et le duo constitué du Nigeria et du Bénin étaient en course pour la CAN 2025, du moins jusqu’au 26 septembre, date à laquelle la fédération algérienne a pris tout le monde de court en retirant sa candidature. Pour la CAN 2027 – à laquelle l’Algérie a également renoncé, alors que beaucoup de pronostiqueurs la jugeaient très bien placée pour l’emporter –, restaient en lice l’Égypte, le Sénégal, le Botswana et un trio composé du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie.

Pour 2025, beaucoup estimaient que le match était joué d’avance. Le royaume chérifien, qui n’a plus accueilli la CAN depuis 1988, dispose de toutes les infrastructures nécessaires, et notamment des stades homologués par la CAF (Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès, Rabat et Tanger, ces deux derniers ayant accueilli les matches de la CAN des moins de 23 ans en juin et juillet derniers, NDLR).

Il a également effectué un intense travail de lobbying en Afrique, sa fédération ayant noué des partenariats avec 44 instances sportives. « N’oublions pas que Fouzi Lekjaâ, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), est membre de la CAF et qu’il est influent en Afrique », rappelle un dirigeant d’une fédération africaine subsaharienne. Des détails qui ont forcément eu leur importance à l’heure du choix.

Face au dossier très complet du Maroc, un pays qui est aussi candidat à l’organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, l’Algérie avait pourtant des arguments. Elle a organisé en 2023 le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) et la CAN des moins de 17 ans dans de bonnes conditions grâce à une intense politique de construction de stades (Baraki, dans la banlieue d’Alger, Oran) et de rénovation (Annaba, Constantine, Stade du 5-Juillet 1962 à Alger, Douéra). Beaucoup estimaient que le scénario logique aurait été l’attribution de l’édition 2025 au Maroc, puis celle de 2027 au voisin algérien. Mais celui-ci a préféré se retirer, ce qui soulève quelques interrogations.

Pourquoi l’Algérie a renoncé

Parmi les raisons avancées pour expliquer cette volte-face, beaucoup citent l’instabilité chronique à la tête de la Fédération algérienne de football (FAF), qui a vu Charaf-Eddine Amara (en 2022) et Djahid Zefizef (en 2023) démissionner après un an de mandat, Walid Sadi ayant été choisi pour le remplacer le 21 septembre dernier. Cela n’a évidemment pas aidé la FAF à défendre son dossier. L’instance ne pèse pas grand-chose en Afrique, et la vacuité de son lobbying continental, qui s’est limité à quelques coups de téléphone, sont autant d’éléments qui ont joué contre sa candidature face à son voisin marocain, bien plus influent et mieux organisé en coulisses.

Les autres candidats pour 2025 semblaient présenter des dossiers peu convaincants. La Zambie n’a qu’un seul stade homologué (Ndola) et n’avait aucune chance d’être choisie. Le Nigeria, associé au Bénin, a des enceintes modernes et fonctionnelles, mais le pays traverse une grave crise économique et sa situation sécuritaire reste très préoccupante. Son voisin béninois, certes beaucoup plus stable et sûr, n’a qu’un seul stade aux normes, à Cotonou.

Pour l’édition 2027, les candidats présentaient des profils très variés. L’Égypte a la capacité d’organiser la compétition, mais elle l’a accueillie en 2019. Le Sénégal dispose certes d’un nouvel écrin à Diamniadio (50 000 places), près de Dakar, et d’un stade à Thiès (15 000 places), mais ses autres enceintes doivent être largement rénovées. Pourtant, sa candidature était prise au sérieux. Le Botswana, même s’il a annoncé la construction de trois stades et rénovation de deux autres, partait de trop loin.

Mais c’est finalement le trio Kenya-Ouganda-Tanzanie, dont la cote était remontée ces dernières semaines, qui l’a emporté. Même s’il souffre d’un problème structurel et qu’organiser un tournoi dans trois pays différents est toujours compliqué – la Tanzanie étant la seule à disposer d’un stade homologué alors qu’il en faut six pour organiser le tournoi –, ce dossier a convaincu la CAF.

Dans les coulisses du football continental, les avis divergent. « L’objectif, c’est de pouvoir disputer ces phases finales dans la sérénité, dans des pays où il ne risque pas d’y avoir de mauvaises surprises parce que des stades ne sont pas prêts », résume ce dirigeant d’une fédération d’Afrique australe, rappelant, presque mot pour mot, ce que Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, avait confié il y a quelques mois à Jeune Afrique.

Un autre, en Afrique de l’Ouest, avait de toute façon « du mal à imaginer que la CAN se joue deux fois de suite en Afrique du Nord ». Un sélectionneur d’une équipe d’Afrique centrale estimait que la CAF, si elle avait confié son tournoi phare au Maroc en 2025 et à l’Algérie deux ans plus tard, aurait ménagé « les susceptibilités respectives, mais également celles des Européens ».

En effet, la CAF, alors dirigée par Ahmad Ahmad, avait décidé en 2017 que la phase finale aurait lieu en juin et juillet, et non plus en janvier et février, afin d’harmoniser les calendriers et de ne plus froisser les clubs du Vieux Continent, de moins en moins enthousiasmés à la perspective de voir les internationaux africains partir disputer la CAN en pleine saison. Cela ne s’est produit qu’une seule fois, en 2019 en Égypte.

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