Pourquoi la Chine s’intéresse de près au prochain test de missile balistique de l’Inde

Pourquoi la Chine s’intéresse de près au prochain test de missile balistique de l’Inde

Publié le 15 déc. 2022 à 7:53

Au jeu du chat et de la souris, Pékin et New Delhi sont de toute évidence passés maîtres. Si les deux pays se jaugent régulièrement le long de leur frontière himalayenne, au point d’en venir aux mains comme la semaine dernière, depuis près d’une semaine les deux puissances asiatiques se toisent dans le golfe du Bengale.

La marine de New Delhi suit en effet de près les mouvements d’un navire chinois entré dans l’Océan indien le 6 décembre. Car sous sa casquette de bâtiment de recherche, le Yuan Wang 5 est considéré avant tout, par l’Inde mais aussi les Etats-Unis dans un récent rapport du Pentagone, comme un bâtiment espion utilisé pour le suivi de l’espace et des satellites et pour traquer et analyser les lancements de missiles intercontinentaux.

Test de missile Agni V

Ce n’est bien évidemment pas la première fois que ce bâtiment navigue dans cette zone. Mais l’arrivée du Yuan Wang 5 n’est pas fortuite. Elle a en effet coïncidé avec l’annonce par New Delhi de l’établissement d’une zone d’interdiction de vol dans le golfe du Bengale pour les journées de jeudi et vendredi. Une interdiction décidée, selon toute vraisemblance, pour permettre à l’armée indienne d’effectuer un nouveau test de missile balistique à longue portée.

A cette occasion, l’Inde pourrait de nouveau tester son missile le plus puissant, appartenant à la famille Agni V. C’est du moins ce que laisse suggérer la taille de la zone d’exclusion de vol notifiée par New Delhi. Elle s’étend en effet, en direction du sud-ouest, sur une distance de 5.400 km. Le Agni V est un missile de 50 tonnes, 17 mètres de long et, selon l’Inde, une portée de 5.000 km. Ce qui est suffisant pour atteindre les villes de Pékin et Shanghai, mais aussi l’Est de l’Europe.

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Mais, certains experts, notamment chinois, estiment que cette portée est volontairement sous-estimée par l’Inde et qu’elle est vraisemblablement plus proche de 8.000 km. Ce qui ferait rentrer l’Inde dans un club très fermé.

Quatre à six navires chinois repérés par New Delhi

Dans tous les cas de figure, la montée en puissance militaire de l’Inde dans cette région du monde irrite Pékin, qui souhaite y étendre son influence afin d’y sécuriser son commerce par voie maritime. Pour cela, elle a investi dans de nombreux ports de commerce notamment au Bangladesh, en Birmanie ou bien encore au Sri Lanka dans le cadre de son projet de nouvelles routes de la soie.

De fait, le Yuan Wang 5 ne serait pas le seul navire chinois dans cette zone, en conformité avec la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Lors d’une conférence de presse, le chef d’état-major de la marine indienne, l’amiral Radhakrishnan Hari Kumar, a en effet affirmé qu’il y avait dans cette partie de l’Océan indien quatre à six navires chinois – certains étant des bâtiments de recherche, d’autres des bateaux de pêche. Et que tous étaient placés sous surveillance afin de s’assurer qu’ils ne se livraient pas à des « activités hostiles ». Sans oublier qu’en novembre dernier, un autre navire espion, le Yuan Wang 6, était entré dans l’Océan indien juste avant un précédent tir de missile indien qui avait été finalement annulé.

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