EXCLUSIF. Voici les villes les plus attractives de France

EXCLUSIF. Voici les villes les plus attractives de France

C’est une carte de France inédite que dessine le baromètre 2022 « de l’attractivité et résilience des métropoles françaises et de la transition des territoires » d’Arthur Loyd, publié en exclusivité par le JDD. Le réseau national de conseil en immobilier d’entreprise livre son sixième palmarès des 50 villes françaises les plus attractives et d’avenir. Surtout, il introduit pour la première fois une carte de l’économie verte qui fait bouger les lignes des territoires.

Résultat : Paris et sa Région, jusqu’ici locomotives de l’économie nationale, sont en perte de vitesse tandis que les autres villes, et certains départements éloignés des métropoles, connaissent un dynamisme sans précédent. Si la crise sanitaire et le boom du télétravail avaient amorcé ce mouvement, désormais c’est la transition écologique qui conditionne les choix d’implantation des entreprises et les créations d’emplois de demain. Autre enseignement fort de ce classement : le « quoi qu’il en coûte » a entièrement effacé l’impact de la crise sanitaire. Le secteur privé employait 19,1 millions de personnes à la fin du deuxième trimestre 2022, soit 521 300 créations nettes d’emplois par rapport au 4e trimestre 2019, avant la crise du Covid.

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​La revanche des territoires ruraux

Patrick Bouchard, président d’Hevatech, une start-up spécialisée dans la conversion en électricité de la chaleur perdue dans l’industrie, vient de déménager son entreprise à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), un gros bourg de 9 000 habitants au milieu des vignobles. « Nos anciens locaux près de Montélimar étaient trop petits et on a rejeté l’idée de retourner à Grenoble », dit-il. « Classée territoire d’innovation, la Drôme nous offre une belle dynamique de réseau de start-up et de PME », remarque le dirigeant, qui pointe aussi une bonne connectivité, un cadre de vie très agréable et des prix de l’immobilier pas « trop catastrophiques ».

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Le soutien de la Région et la dimension transfrontalière du site ont aussi pesé dans notre choix d’implantation

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À Aspach-Michelbach, dans le Haut-Rhin, le groupe belge John Cockerill achève la construction d’une mégafactory d’électrolyseurs qui générera 340 emplois l’an prochain. Retenue parmi les projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC), l’usine a reçu une aide de 100 millions d’euros. « Mais le soutien de la Région et la dimension transfrontalière du site ont aussi pesé dans notre choix d’implantation », souligne Anne-Françoise Laime, déléguée générale France.

La France du nouveau monde, celui des énergies renouvelables, des biomatériaux, de l’hydrogène vert et des gigafactories s’écrit-elle loin des grandes villes ? Pour Cevan Torossian, directeur des études et recherche d’Arthur Loyd, c’est un peu la revanche des territoires meurtris par la mondialisation et la désindustrialisation. Ils ont absorbé, sur trois ans, 69 % des quelque 30 milliards d’euros injectés pour décarboner l’économie. Parmi les grands gagnants de ce mouvement : les départements du Nord, du Rhône, de l’Hérault, de la Seine-Maritime et de la Moselle.

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Les Hauts-de-France aux avant-postes des véhicules électriques

À elle seule, la Région Hauts-de-France a reçu 2,7 milliards d’euros en 2021 et 2,2 milliards au premier semestre. « Elle combine le portage politique fort de Xavier Bertrand autour de la troisième révolution industrielle, une disponibilité foncière pour accueillir des grandes entreprises et l’ambition de sortir de la pollution que nous a infligé la deuxième révolution industrielle », résume Philippe Beauchamps, président de la commission économique de la Région.

L’ancien bassin de l’industrie automobile est aujourd’hui aux avant-postes de la filière des véhicules électriques avec trois gigafactories spécialisées dans la production de batteries, à Douai (Nord), Douvrin (Pas-de-Calais) et à Dunkerque, avec l’arrivée de la start-up grenobloise Verkor. Une dynamique qui change aussi la carte de l’emploi. Alors que les villes moyennes et les territoires ruraux ne pesaient que 15 % dans les créations nettes d’emplois depuis dix ans, ils en génèrent désormais 42 %, soit un job sur deux en France.

« La réindustrialisation verte redonne une chance à ces territoires même si certains sites, en dehors des grands projets, rencontrent des difficultés pour attirer des talents », nuance David Cousquer, fondateur de l’agence de veille et de conseil Trendeo.

Paris et la Région capitale reculent

Les JO 2024 et les travaux du Grand Paris redonneront-ils des couleurs à l’Île-de-France après deux années de crise sanitaire qui ont mis sous cloche les principaux fers de lance de son économie : l’événementiel, la culture et le tourisme ? Depuis, la Région capitale a perdu sa couronne de reine de la création d’emplois. Dire qu’entre 2009 et 2019 le taux de croissance de l’emploi salarié francilien s’établissait à 9,9 %, contre 7,8 % dans le reste du pays ! Elle a « probablement atteint une sorte de plafond de verre », conjecture Cevan Torossian. Selon le baromètre Arthur Loyd, entre 2019 et 2022, cette croissance a culminé à 1,8 %, sous la moyenne nationale de 2,4 %.

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On voit bien que les gens s’éloignent de Paris pour migrer vers la première couronne ou la grande couronne du fait des prix du foncier, de difficultés de transport ou par choix de vie

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« S’agit-il des prémices d’une démétropolisation ? », s’interroge l’auteur de l’étude. « Je ne crois pas à une polycentralité », rebondit l’économiste Robin Rivaton. L’auteur de La Ville pour tous (L’Observatoire) admet toutefois « qu’après trente années de concentration la Région encaisse une hausse du coût de la vie et du foncier, et une saturation en termes d’équipements et d’infrastructures ». Un état de tension qui affecte autant les entreprises que les particuliers. « On voit bien que les gens s’éloignent de Paris pour migrer vers la première couronne ou la grande couronne du fait des prix du foncier, de difficultés de transport ou par choix de vie », indique Katayoune Panahi, directrice générale de SNCF Immobilier.

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L’Île-de-France reste très attractive

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Pour autant, la région francilienne fait toujours de l’œil aux investisseurs. La progression des montants engagés en témoigne, avec une augmentation de 180 % en Île-de-France contre 54 % en région en 2021. Paris concentre l’essentiel des start-up matures, avec une hausse de 35 % du nombre de levées de fonds, et aimante toujours les investisseurs internationaux.

« L’Île-de-France reste très attractive, abonde Lionel Grotto, directeur général de Choose Paris Région, qui accompagne chaque année environ 2 000 projets d’implantation et de développement de sociétés étrangères. En 2021, elle était la première région économique européenne avec 404 investissements directs internationaux qui, en cumulé, créeront 10 200 emplois à trois ans. »

La Région offre peu de places aux projets industriels

Dominée par le secteur tertiaire, qui crée près de neuf emplois sur dix, avec en outre un foncier déjà très encombré, la Région offre peu de place aux grands projets industriels. En 2022, les flux d’investissements ont financé à 45 % des centres de décisions et à 13 % des centres de R&D. « Ces catégories permettent à la Région capitale de décupler sa performance, assure Lionel Grotto. Elles génèrent peut-être moins d’emplois, mais beaucoup d’influence. »

« Lyon, c’est une mini-France. » Alexandre Fourtoy ne s’est pas trompé lorsqu’il a décidé de s’installer à Lyon, il y a six ans, pour créer 1Kubator, son incubateur de start-up. « C’était le choix parfaitement équilibré entre un tissu économique fort et un lieu qui sait encore rester à taille humaine, estime-t-il. On y trouve de tout, des industries, une tradition gastronomique, une vie culturelle, des grands centres d’affaires… »

Entre métropoles, le match se resserre

Le succès de la capitale des Gaules est la preuve que les métropoles françaises n’ont pas dit leur dernier mot. « Elles restent le fer de lance de l’économie française, confirme l’étude d’Arthur Loyd. Elles sont le moteur de la reprise de l’emploi en France, avec une croissance moyenne de 3,5 % depuis 2019. » Lyon est ainsi en tête des aires urbaines les plus attractives de plus de 1 million d’habitants, suivi de Toulouse et Bordeaux.

Montpellier se classe première parmi les localités de 500 000 à 1 million d’habitants, confirmant le succès de la Région Occitanie. « Nous avons été capables de développer des filières qui embarquent tout un écosystème, comme l’aéronautique à Toulouse, avec Airbus et Safran », vante Jalil Benabdillah, vice-président de la Région, chargé de l’économie.

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Les grandes villes ont compris qu’elles devaient davantage se positionner sur la qualité de vie, et plus seulement sur leur attractivité économique 

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Le désamour pour les grandes villes après la crise sanitaire semble loin. Pour preuve, l’intérêt d’Emmanuel Macron, qui souhaite lancer un réseau de RER dans dix territoires. « Cette déclaration traduit la vision que ce sont bien les métropoles régionales qui créent les bassins d’emploi et qu’il faut les équiper en moyens de transport pour les décongestionner », analyse l’économiste Olivier Babeau. Perçues un temps comme trop grandes, déshumanisées, envahies par les travaux, elles ont su prendre le bon virage. « Elles ont compris qu’elles devaient davantage se positionner sur la qualité de vie, et plus seulement sur leur attractivité économique », juge Christophe Alaux, directeur de la chaire attractivité et nouveau marketing territorial d’Aix-Marseille Université.

« Conserver la douceur » 

Une telle transformation s’imposait pour rester dans la compétition, tant les villes moyennes ont su développer leurs atouts. « Ces catégories de communes ont pris conscience des avantages qu’elles possédaient, poursuit Christophe Alaux. Elles n’ont pas autant d’activités culturelles, mais elles ont une qualité de vie indéniable. » C’est le cas de Valence (Drôme), troisième commune la plus attractive parmi les agglomérations de 100 000 à 300 000 habitants. « L’emploi a crû de 5 % en dix ans chez nous, contre 1 % sur toute la France, vante Nicolas Daragon, le maire de Valence. Nous avons un positionnement idéal, avec des filières d’excellence dans l’agroalimentaire et la maroquinerie. »

Gare cependant à ne pas tomber dans la croissance incontrôlée, avec les défauts des grandes métropoles. « Notre ville est dans la maîtrise, assure Jean-Baptiste Mantienne, directeur général d’Aldev, l’agence de développement économique d’Angers, première commune du baromètre parmi les agglomérations de 300 000 à 500 000 habitants. L’idée n’est pas de devenir la grande capitale de la région, ça n’aurait pas de sens. Nous faisons tout pour conserver la douceur angevine. »

Méthodologie

Le sixième baromètre d’Arthur Loyd propose un classement de cinquante aires urbaines françaises d’après leur taille, à l’exclusion de Paris. Dans cette typologie, on retrouve quatre catégories de villes : les très grandes métropoles de plus d’un million d’habitants, les grandes métropoles (500 000 à un million), les métropoles intermédiaires (200 000 à 500 000) et les agglomérations de taille moyenne (100 000 à 200 000).

Le palmarès est basé sur l’analyse de 75 indicateurs ­statistiques regroupés sous quatre thématiques : les performances économiques (bilan, résilience et dynamisme économique), l’immobilier tertiaire et l’accueil des entreprises (performance du marché immobilier, coûts d’implantation), la connectivité, le capital humain et les transitions (dynamisme démographique, innovation et transition écologique) et la qualité de vie (environnement et risque climatique, coût du logement, enseignement supérieur, santé et sécurité).

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