Rafale : en Colombie ou en Inde, Dassault espère décrocher de nouvelles commandes

Rafale : en Colombie ou en Inde, Dassault espère décrocher de nouvelles commandes

Publié le 22 déc. 2022 à 15:11

Dassault Aviation va-t-il retourner en Amérique du Sud en 2023 ? L’avionneur – qui vendait dans les années 1970 ses Mirage 3 au Brésil, à l’Argentine et au Venezuela-, pourrait retrouver ce continent avec la Colombie en tête de pont. Bogota a annoncé mercredi envisager d’acheter 16 avions de chasse Rafale à l’avionneur français. Il lui faut remplacer ses avions israéliens Kfir, qui sont en opération dans le pays depuis plus de trente ans.

Pour l’heure, la présidence de Colombie a simplement confirmé qu’elle avait « présélectionné l’offre du gouvernement français pour la vente de 16 Rafale ». Sur des critères purement techniques et non politiques, a insisté le ministre de la défense, en déclarant que le Rafale était « la meilleure option pour le pays pour en termes de prix, d’efficacité et d’opérabilité ».

Critères « techniques »

Le Rafale est en compétition avec le chasseur suédois Gripen choisi par le Brésil, l’Eurofighter et les F16 américains. Aucun contrat n’est à cette heure signé, la négociation est encore au stade préliminaire, même si la Colombie a indiqué une fourchette de prix, en soulignant qu’il s’agirait pour elle d’un investissement de 15 milliards de pesos, soit environ 3 milliards de dollars. 

Le Rafale l’aurait emporté sur ses concurrents pour sa supériorité technique par rapport au Gripen, mais ce sont surtout les restrictions d’usage sur les armements qui auraient disqualifié in fine le F16 V Block 70. Le coût d’usage de l’Eurofighter a lui été jugé trop élevé.

De fait, la France aurait donné un fort coup de pouce récemment aux négociations en levant toute restriction à l’emploi sur le Rafale des armes israéliennes, actuellement en service sur les Kfir, et en proposant la panoplie de missiles français – hors dissuasion nucléaire bien sûr.

Plus polyvalent que les autres avions de chasse, le Rafale aurait aussi séduit par sa capacité à opérer sur des porte-avions et à décoller et atterrir sur des pistes courtes, comme celles de plusieurs bases aériennes colombiennes.

Un débat politique

Reste que le débat politique en Colombie risque d’être houleux, le président de gauche Gustavo Petro s’étant opposé avant son arrivée au pouvoir en août dernier à l’achat de nouveaux avions de chasse. Il juge à présent que cette acquisition est nécessaire.

Dans un communiqué, le nouveau président explique que les limitations de l’avion Kfir « entravent les actions visant à garantir la surveillance aérienne, la lutte contre le crime organisé et la sécurité nationale ». Néanmoins, il promet aussi que cet achat ne se fera pas aux dépens de sa réforme fiscale et des investissements sociaux promis. Aussi propose-t-il de ne pas régler la facture avant cinq ans, tandis qu’il souhaite ouvrir la discussion sur les compensations.

La négociation à venir sera en tout cas l’an prochain au coeur des campagnes d’exportations de Dassault Aviation. L’autre grande campagne qui pourrait déboucher l’an prochain concerne la marine indienne. Alors que Dassault Aviation vient de livrer le dernier avion de la commande de 36 Rafale F3R signée en 2016 entre la France et l’Inde , les discussions sur sa version embarquée redoublent d’intensité.

L’Inde penche pour les Rafales marine

La Marine indienne a ainsi fait savoir qu’après la batterie de tests menée l’été dernier, mettant en compétition le Rafale et le F18, sa préférence allait au premier, pour équiper ses nouveaux porte-avions. Mais combien d’appareils faut-il livrer ? Au départ, il était question d’une commande de 57 avions de chasse. A présent, l’Inde n’opterait plus que pour 26 avions, en espérant développer son propre modèle. Chez Dassault Aviation, qui a exporté son premier avion à l’Inde en 1953, les discussions avec New Delhi sont devenues quasi permanentes.

Parmi les autres pays qui ont exprimé publiquement le souhait d’acheter des Rafale, on compte aussi la Serbie. Mais le contexte politique doit d’abord s’éclaircir. En cette fin d’année toutefois, les commandes à l’export de Rafale sont nettement supérieures à celles de l’Armée française, avec 242 Rafale pour l’exportation (Egypte, Qatar, Inde, Grèce, Emirats Arabes Unis, Indonésie ) sur 453 avions neufs commandés. A ceci s’ajoutent les commandes de deux lots de douze avions d’occasion passées par la Grèce et la Croatie auprès de l’Armée française.

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