Au Cameroun, près de 4 000 milliards de FCFA d’emprunts extérieurs sont oisifs et attendent toujours d’être utilisés
Au Cameroun, près de 4 000 milliards de FCFA d’emprunts extérieurs sont oisifs et attendent toujours d’être utilisés
(Investir au Cameroun) – La note de conjoncture sur la dette publique du Cameroun, que vient de publier la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de cette dette, révèle que le volume des Soldes engagées non décaissés (SEND’s) par le pays atteint environ 3 980,1 milliards de FCFA à fin septembre 2024. Cette enveloppe, fruit de différents prêts contractés auprès de créanciers extérieurs, est en hausse de 5,2 % en glissement annuel, apprend-on officiellement.
« Les SEND’s désignent des ressources financières qui ont été contractées sous forme de dette auprès de divers partenaires financiers internationaux, notamment des États et des institutions multilatérales, mais qui n’ont pas encore été tirées ou décaissées. Cette situation engendre plusieurs implications à la fois financières et stratégiques pour la gestion des finances publiques », indique la note de conjoncture de la CAA.
Selon le gestionnaire de la dette publique au Cameroun, les SEND’s résultent souvent de facteurs tels que « les cycles d’exécution prolongés des projets », « les conditions strictes des bailleurs de fonds », ou encore une « conjoncture économique » (pandémies ou des crises énergétiques, etc.) pouvant affecter les calendriers de décaissement. Les experts pointent également la non-maturation des projets à financer, avant la signature des conventions de financement avec les bailleurs de fonds ; ou encore les retards dans la mise à disposition, par l’État, des fonds de contrepartie sur certains projets.
Afin d’éviter l’accumulation des SEND’s, situation curieuse dans un pays en quête perpétuelle de financements pour rattraper son retard dans plusieurs secteurs, le Cameroun a adopté un nouveau mécanisme de décaissement des financements extérieurs fin 2019. Mais, rendu au mois de novembre 2024, ce mécanisme ne semble pas avoir eu des effets sur les SEND’s. Pour preuve, à fin septembre 2024, le volume de ces emprunts oisifs (3 980,1 milliards de FCFA) dépasse même celui comptabilisé au 31 mai 2017 (3 929,9 milliards de FCFA), selon les données de la CAA.
Au demeurant, le gestionnaire de la dette publique au Cameroun ne perçoit pas les SEND’s seulement comme quelque chose de négatif. « Les SEND’s sont à la fois un enjeu et une opportunité de réévaluation des projets financés, avec la possibilité de renégocier les termes des prêts si nécessaire. Leur gestion représente ainsi un défi en matière de planification budgétaire et de gestion financière. Contrairement aux perceptions qui voient les SEND’s uniquement comme un fardeau, ils peuvent être nécessaires dans le cadre des projets de financement, notamment en raison des délais entre l’engagement et le décaissement des fonds et du besoin de répartir les ressources pour soutenir le développement des pays émergents », soutient la CAA.
Au demeurant, en dépit de cet avis pondéré de la CAA sur l’incidence des SEND’s sur la gestion des finances publiques, le chef de l’État, depuis au moins la circulaire 2023 sur la préparation du budget de l’État, n’a de cesse de prescrire une gestion plus efficace de ces financements oisifs, à l’effet d’en réduire l’enveloppe. Paul Biya n’a d’ailleurs pas hésité à demander au gouvernement l’annulation pure et simple des conventions de prêts signés pour des projets dont les délais de démarrage ou d’exécution se prolongent indéfiniment.
Brice R. Mbodiam
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