Au Cameroun, des restaurants s’engagent à ne plus servir de la viande de pangolin, une espèce menacée d’extinction

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Au Cameroun, des restaurants s’engagent à ne plus servir de la viande de pangolin, une espèce menacée d’extinction

Dans un élan de préservation de la biodiversité, plusieurs restaurateurs au Cameroun ont décidé de ne plus servir de viande de pangolin, une espèce menacée d’extinction. Cet engagement s’inscrit dans la campagne de sensibilisation « Pas de pangolin dans mon assiette », lancée officiellement le 17 octobre dernier à Yaoundé par WildAid, une ONG internationale spécialisée dans la conservation des espèces, en partenariat avec le ministère des Forêts et de la Faune. À ce jour, apprend-on, 116 restaurateurs de Yaoundé et Douala, les deux plus grandes villes du pays, ont rejoint cette initiative visant à éliminer complètement la vente de viande de pangolin dans les zones urbaines. Sur les 190 établissements visités dans ces deux métropoles, 68 proposaient initialement de la viande de pangolin au menu. Grâce aux efforts de sensibilisation, 25 d’entre eux ont décidé d’arrêter de servir ce plat, représentant 37 % de l’ensemble. Ces restaurants affichent désormais le logo de la campagne et des affiches à l’intérieur pour témoigner de leur engagement envers la protection des pangolins.
La campagne, qui a débuté en juin 2024 et se poursuivra jusqu’en janvier 2025, cible principalement les restaurateurs de viande de brousse. Après Yaoundé et Douala, elle s’étendra en décembre aux villes d’Ebolowa, Mbalmayo et Bertoua. Des équipes de sensibilisation parcourent les quartiers pour informer les restaurateurs sur les risques liés à la consommation de pangolin et l’impact de leurs activités sur la préservation de cette espèce. Chaque restaurant qui adhère à la campagne reçoit un kit promotionnel, incluant des affiches et un insigne pour marquer son engagement envers la protection des pangolins. « La consommation de viande de pangolin est extrêmement élevée dans les zones urbaines, et le pays est également devenu une source majeure et un pays de transit pour le commerce international illégal d’écailles de pangolin vers l’Asie. Pour éliminer le commerce illicite des pangolins, il faut s’attaquer à tous les aspects de ce commerce, depuis la demande urbaine commercialisée de viande de pangolin jusqu’au trafic d’écailles entre les zones rurales et le reste du monde », déclaré Jennifer Biffot, la représentante de WildAid pour l’Afrique francophone.
Une enquête menée par WildAid en 2021 révèle en effet que le pangolin est la deuxième viande de brousse la plus consommée (après le porc-épic) dans les villes de Douala et Mbalmayo, avec 49 % des consommateurs déclarant en avoir mangé au cours de l’année précédente. En 2022, 51 % des personnes interrogées ont cité le pangolin comme leur viande de brousse préférée. Jennifer Biffot souligne que WildAid vise à transformer la relation des Camerounais avec les pangolins et à associer la consommation de viande de brousse à la nécessité de protéger les forêts et les espèces qui y vivent. Pour renforcer la sensibilisation, l’organisation a recruté deux nouvelles ambassadrices, les chanteuses Mimie et Krys M, qui s’associent aux légendes du football Roger Milla, Patrick Mboma et Rigobert Song, ainsi qu’aux artistes à succès Locko et Stanley Enow, pour promouvoir cette « noble cause ».
Nouvelle législation
Cette campagne se déroule dans un contexte législatif de plus en plus strict au Cameroun. Depuis 2017, toutes les espèces de pangolin sont inscrites dans la classe A de la loi faunique camerounaise. « Toutes les espèces de la classe A sont intégralement protégées et ne peuvent en aucun cas être abattues. Toutefois, leur capture ou détention est subordonnée à l’obtention d’une autorisation délivrée par l’administration chargée de la faune », affirme Elias Georges Messina, chef de cellule des affaires juridiques du ministère des Forêts et de la Faune. Le Cameroun abrite trois espèces de pangolins : le pangolin géant, le pangolin à ventre blanc et le pangolin à ventre noir. Cependant, ces espèces sont de plus en plus menacées d’extinction en raison du braconnage et de la déforestation.
La nouvelle loi sur les forêts et la faune, promulguée le 24 juillet 2024 par le président Paul Biya, a renforcé les sanctions pour la capture ou le meurtre d’espèces protégées, imposant des peines de 15 à 20 ans d’emprisonnement et des amendes de 20 à 50 millions de FCFA, ou l’une seulement de ces peines. Auparavant, la législation prévoyait une amende de 3 à 10 millions de FCFA et une peine d’emprisonnement de 1 à 3 ans. « Nous partons de la loi du 20 janvier 1994 qui était la devancière de celle-ci. Au moment de son adoption, le braconnage n’avait pas encore pris un grand essor. Voilà pourquoi dans cette loi-là, les pénalités étaient vraiment faibles. Trente ans après, et au regard de l’ampleur du braconnage des espèces, le législateur a alourdi les pénalités », explique Elias Georges Messina.
L’objectif du gouvernement camerounais en renforçant cette législation est clair : protéger la nature et la biodiversité. Les pangolins, souvent appelés « les gardiens des forêts », jouent un rôle crucial dans l’écosystème en régulant les populations de fourmis et de termites, contribuant ainsi à maintenir un équilibre environnemental. En utilisant leurs griffes pour creuser à la recherche de fourmis, ils aèrent également le sol, favorisant ainsi la croissance des plantes. La campagne « Pas de pangolin dans mon assiette » vise donc non seulement à réduire la consommation de ce mammifère, mais aussi à éveiller les consciences sur la nécessité de protéger la biodiversité au Cameroun. En parallèle, des opérations coup de poing et un renforcement des patrouilles sur le terrain, en particulier dans les aires protégées, témoignent de l’engagement du Cameroun pour la préservation de cet animal.
Patricia Ngo Ngouem
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