Cameroun : Extrême-Nord, Rapport de situation No. 42 – avril 2024 – Cameroon

Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires pour la période 01-30 avril 2024.

FAITS SAILLANTS

• Au moins vingt-quatre civils tués et douze enlevés dans la région lors d’attaques et incursions de GANE en avril.

• Près de douze mille Camerounais réfugiés au Tchad à la suite du conflit inter-communautaire de 2021 retournés à Logone Birni, département du Logone et Chari.

• Trois employés d’une ONG internationale enlevés à Yemé dans le département du Mayo-Sava en janvier libérés après près de 100 jours de captivité.

CONTEXTE HUMANITAIRE

En avril, les activités des groupes armés non-étatiques (GANE) ont persisté et ont continué à avoir un impact sur les populations civiles et sur leurs biens dans les départements du Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Logone et Chari. Il s’agit d’attaques contre les forces de défense et de sécurité (FDS), la pose d’engins explosifs improvisés (EEI), d’incursions dans les villages accompagnés de pillages de biens, d’enlèvements et de meurtres de civils, d’actes de vandalisme sur des infrastructures scolaires et sanitaires. Cela représente un risque pour les civils et pour les organisations humanitaires qui peuvent être des victimes collatérales.

Le déplacement de 1 156 ménages a été rapporté en avril, soit 3 648 personnes fuyant les localités de Ngourkouma, Bidéiné, Goré Talbousse et Ndogoré (arrondissement de Darak), pour Darak, Makary et Blangoua dans le Logone et Chari à la suite d’incursions répétées de GANE. La communauté humanitaire s’est mobilisée pour organiser une évaluation multi-sectorielle des besoins. Dans le Mayo Tsanaga, 114 ménages, soit 843 personnes, se sont déplacées vers Mokolo et Mikilik à la suite des multiples incursions de GANE survenues entre février et avril 2024. En outre, au moins 24 civils ont été tués, 12 enlevés, de nombreux biens des populations locales détruits et/ou emportés, ce qui contribue à l’amplification des vulnérabilités.

Des opérations militaires des FDS ont été lancées dans la zone du Lac Tchad (Logone et Chari) et dans les monts Mandara (Mayo-Tsanaga et Mayo-Sava). Elles sont conjointement menées par les armées du Basin du Lac Tchad. Sur le plan humanitaire, il est déjà anticipé un impact sur l’accès. Il est recommandé une très grande vigilance pour les éventuels mouvements au-delà de Makary et Hilé Alifa. Pour la zone des Monts Mandara, en revanche, il n’y a pas de nouvelles d’implications attendues dans la mesure où cette zone est déjà inaccessible du fait de l’insécurité chronique.

L’accès dans les départements de Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari reste aussi menacé par la persistance des EEI. Le 23 avril, les FDS ont découvert et détruit deux engins explosifs improvisés sur l’axe Djibrili-Gouzda Vreket (Mayo-Tsanaga).

Dans le Logone et Chari, le retour volontaire et spontané s’est poursuivi pour les Camerounais qui avaient trouvé refuge au Tchad à la suite du conflit inter-communautaire de décembre 2021. Selon le HCR, en avril 2024, près de douze mille de ces réfugiés sont retournés à Logone Birni. Plusieurs partenaires prévoient des appuis, notamment en en transferts monétaires pour ces retournés. Dans le Diamaré, les autorités et les acteurs humanitaires ont eu des consultations et partagé des informations à la suite des résultats des évaluations conduites en novembre 2023, avec l’appui du secteur protection, sur les intentions de retour des PDI installés à Maroua et Bogo. Près de 5 000 PDI, soit environ 600 ménages, ont exprimé la volonté de retourner dans leurs villages d’origine dans la Mayo Danay (Pouss, Maga, Guirvidic, etc.), ainsi que dans le Logone et Chari (Logone Birni).

Un profilage a été effectué en avril 2024 pour les Tchadiens installés à Logone Birni depuis février 2023 à la suite d’un conflit foncier au Tchad. Il en est ressorti un total de 269 ménages, soit 1 472 personnes. Les partenaires ont apporté une assistance d’urgence dès le début avril.

En prélude au démarrage de la saison des pluies, le groupe de travail sur les inondations a repris ses activités depuis le 25 avril et a tenu une réunion de relance qui s’est focalisée sur les leçons apprises en 2023, le plan de travail 2024, pour une préparation et réponse à d’éventuelles inondations.