En Inde, les relations hors mariage dans le viseur des nationalistes hindous

C’est une première en Inde. Dans l’Uttarakhand, petit État himalayen de dix millions d’habitants, les amoureux qui vivent sous le même toit sans être mariés devront désormais le faire savoir à la police, et les moins de 21 ans devront prouver que leurs familles cautionnent ce mode de vie. Ceux qui omettront de se déclarer s’exposeront à de la prison.

Votée le 7 février, la décision de l’Uttarakhand, dirigé par le BJP, le parti nationaliste hindou du Premier ministre fédéral Narendra Modi, fait bondir les défenseurs des libertés individuelles, comme Geeta Luthra, avocate à la Cour suprême. Cela revient à nier le choix de ne pas être marié. L’État n’a pas à intervenir dans la vie privée des citoyens.

« Maladie dangereuse »

La liberté individuelle est importante, mais l’intérêt des jeunes l’est également, rétorquent les autorités locales, pour qui cette déclaration de concubinage doit permettre d’intervenir plus facilement en cas de maltraitance au sein du couple. Sauf qu’un député du BJP de l’État voisin de l’Haryana s’est réjoui en décembre de voir la loi combattre la maladie dangereuse que constituent, selon lui, les… relations hors mariage.

La disposition controversée fait partie d’un texte beaucoup plus large, baptisé code civil uniformisé, qui vise à abolir les différentes législations sur le mariage et l’héritage, qui diffèrent en fonction des États et des religions. Cela fait longtemps que les nationalistes hindous réclament cette uniformisation, que l’Uttarakhand a adoptée sans attendre, à sa sauce, et sans consultation de la société civile.

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Le gouvernement Modi affirme qu’un code civil uniformisé permettra de lutter contre la polygamie ou les conséquences désastreuses de certains divorces très injustes pour les femmes, promis par la Charia musulmane. Les opposants y voient une énième attaque contre les musulmans et aussi la possibilité de harceler les couples interreligieux ou les relations hors mariage.