Insécurité au Cameroun : comment les « microbes » sèment la terreur dans la capitale économique Douala

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Insécurité au Cameroun : comment les « microbes » sèment la terreur dans la capitale économique Douala

Image d'illustration. Des athlètes blessés à l'hôpital régional de Buea, au Cameroun, le 25 février 2023. - Trois explosions au départ d'un marathon ont blessé 18 personnes.

Crédit photo, Getty Images

  • Author, Armand Mouko Boudombo
  • Role, Journaliste – BBC Afrique
  • Twitter,
  • Reporting from Dakar

Ces dernières semaines, le centre économique du Cameroun a été le théâtre de plusieurs attaques menées par un groupe connu localement sous le nom de « microbes ». Ces jeunes gens souvent armés de machettes et de couteaux volent les gens et attaquent ceux qui résistent.

Le 6 ocbre, la Cité des Palmiers, un quartier du cinquième arrondissement de Douala, a connu un calme inhabituel. À19 heures, la plupart des magasins ont baissé les grilles, les populations se sont également enfermés chez elles.

La veille, un gang a déchaîné la violence dans le quartier, provoquant la peur qui s’est maintenant emparée de tout le voisinage, comme dans de nombreux quartiers de Douala, la capitale du Cameroun.

« Ils ont pris le contrôle de tout un bloc de maisons », a déclaré à la BBC Awa (nom fictif), qui a été témoin de l’incident, en faisant référence à la bande de jeunes appelée Microbes. Selon elle, lorsqu’ils sont arrivés ce samedi, ils ont attaqué un grand bar Malibu, de nombreux autres bars ouverts et des échoppes au bord de la route.

« Ils ont terminé leur attaque à la mosquée de la Cité des Palmiers », a indiqué la femme, encore sous le choc.

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Plusieurs victimes du raid se sont retrouvées à l’hôpital de la Cité des Palmiers avec des blessures légères, a signalé une autre source locale.

Les habitants de Douala, la plus grande métropole du Cameroun, se plaignent régulièrement d’attaques de gangs.

La violence a aboutit souvent à une certaine justice populaire. Un jour avant les attaques de la Cité des Palmiers, deux membres présumés du gang des microbes ont été tués dans les quartiers de Nkomondo et New-Bell, après avoir été accusés d’avoir dépouillé un homme dans la rue.

Selon les rapports précédents des autorités locales, ces attaques se sont produites au moins une fois dans chaque quartier de la ville.

Les scènes d’atrocités et la réponse souvent organisée par la population locale ressemblent à une guérilla urbaine. Les images de ces scènes, qui deviennent souvent virales sur les réseaux sociaux, montrent des jeunes armés de machettes qui affrontent d’autres jeunes armés de pelles et de gourdins dans des rues bondées.

Qui sont les microbes ?

Des policiers camerounais dans une rue de Buea, à environ 60 km à l'ouest de Douala, le 1er octobre 2017.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Image d’illustration. Des policiers camerounais dans une rue de Buea, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Douala, le 1er octobre 2017.

A l’heure actuelle, personne ne connaît leur origine exacte. Pour Stéphane Nké, sous-préfet du deuxième arrondissement de Douala, où des attaques fréquentes ont été enregistrées, il s’agit de « bandits, sous l’emprise de substances toxiques comme la drogue ».

Selon lui, ces individus n’ont pas de motivation particulière, « sinon, ils ne s’attaqueraient pas aux pauvres citoyens », a-t-il confié à la BBC.

Selon plusieurs sources, les membres du gang sont des personnes agées d’une vingtaine d’années.

M. Aboubacar, chef du quartier Makéa, dans le deuxième arrondissement de la ville, est au cœur d’une opération d’intervention depuis des semaines. Il dit avoir observé « des jeunes sous l’emprise de la drogue, qui viennent régulièrement agresser d’autres jeunes, suite à un différend dans un autre quartier de la ville ».

Il considère également qu’il s’agit d’un banditisme violent, avec des personnes venant d’autres quartiers pour commettre des délits dans des zones qu’elles ne connaissent pas. Il précise toutefois qu’il ne s’agit pas d’une guerre des gangs.

Idrissou Sarki, leader d’une organisation de jeunes à New Bell, également dans le deuxième arrondissement, affirme que les microbes n’ont pas d’origine connue. « Ils viennent de tous les coins de la ville », a-t-il déclaré.

Mode opératoire des microbes

Idrissou, qui participe à la protection de son quartier contre ce gang, affirme, d’après ses observations, que les jeunes arrivent en grand nombre dans le quartier.

Leur nombre peut aller jusqu’à 30- 40 jeunes armés de machettes, qui arrivent en même temps dans une rue. Ils commencent à menacer quelqu’un, comme s’ils avaient un problème avec cette personne. S’ils soupçonnent qu’il n’y a pas de présence de sécurité ou de résistance de la part d’autres personnes, ils commencent à attaquer les passants.

Awa, qui a été témoin de l’attaque du 6 octobre dans la Cité des Palmiers, se souvient qu’ils ont bloqué tout le tronçon de la route, pendant qu’ils volaient les gens et utilisaient des machettes sur ceux qui résistaient.

Selon elle, l’opération a duré une trentaine de minutes, mais la police n’est arrivée qu’après que les microbes avaient réussi à voler l’argent et les téléphones de nombreuses personnes.

La plupart des gens n’ont pas pu riposter, car ils ont été pris au dépourvu par les assaillants.

Groupes de surveillance de quartier

Les microbes font grincer des dents à Douala.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Les microbes font grincer des dents à Douala.

Les attaques sont désormais moins fréquentes à Makéa, grâce à des groupes d’autodéfense, selon M. Aboubakar .

« Nous nous sommes organisés ici avec de jeunes volontaires. Chaque fois que nous les voyons, nous leur demandons de continuer leur chemin », a déclaré M. Aboubacar, le chef local.

« Si nous ne les affrontions pas, ils resteraient une menace et s’attaqueraient même aux ménages », a-t-il ajouté.

Les autorités de la ville ont annoncé avoir arrêté plusieurs dizaines de personnes qu’elles décrivent comme des bandits impliqués dans ces actes de violence.

Mi-septembre, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral, dont Douala est le chef-lieu, avait affirmé que les membres du gang avaient continué à opérer parce qu’ils étaient protégés par des parents dans les quartiers.

Il a promis une « guerre sans merci » contre le groupe.

Cependant, les attaques se poursuivent régulièrement dans différents quartiers, traumatisant la population locale. Comme l’a souligné Awa, « tant que nous n’arrêterons pas ces microbes, les gens (continueront) à vivre dans la peur ».



Cet article est apparu en premier sur https://www.bbc.com/afrique/articles/c39lmlzyv1xo


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