l’ART boucle un audit du réseau national de fibre optique
l’ART boucle un audit du réseau national de fibre optique
L’Agence de régulation des télécommunications (ART) annonce avoir reçu l’instruction du gouvernement de réaliser un audit opérationnel du réseau national de fibre optique. Cette décision fait suite à « une dégradation continue de la qualité des services de communications électroniques mobiles offerts par les opérateurs de téléphonie mobile MTN Cameroon, Orange Cameroun et Camtel aux abonnés de leurs réseaux 2G/3G/4G », indique le régulateur dans un communiqué daté du 11 septembre 2024. Dans ce document, Philémon Zo’o Zame, le DG de l’ART, explique que les contrôles menés par les équipes de son agence ont révélé plusieurs problèmes à l’origine de cette « perturbation ». Il cite ainsi une offre insuffisante en énergie électrique pour les infrastructures des opérateurs, des difficultés d’approvisionnement en carburant pour les sites techniques, particulièrement dans les grandes villes, ainsi que des ruptures répétées des câbles à fibre optique.
L’audit demandé par le gouvernement vise ainsi à évaluer l’état actuel du réseau national de fibre optique, qui joue un rôle fondamental dans le bon fonctionnement des services de télécommunications. Selon les premiers résultats de l’audit, l’infrastructure nationale de fibre optique est dans un état de « dégradation continue », apprend-on. Les conditions de maintenance du réseau nécessitent par conséquent une réévaluation urgente. « Fort de ce constat, les pouvoirs publics sont déterminés à procéder non seulement à l’amélioration des conditions de maintenance du réseau national, mais aussi à sa réhabilitation et à son extension dans l’optique de meilleures performances », affirme le DG de l’ART. Philémon Zo’o Zame souligne également que l’ART continuera de suivre de près la mise en œuvre des plans d’investissement annuels des opérateurs télécoms. Ces plans visent à étendre la couverture réseau et à offrir une meilleure qualité de service aux consommateurs sur l’ensemble du territoire national.
Cette annonce intervient dans un contexte de mécontentement croissant parmi les utilisateurs de services télécoms. Le 28 août dernier, l’Association internationale des consommateurs (Asicom) avait dénoncé la mauvaise qualité des services Internet et de communication fournis notamment par Orange et MTN. L’Asicom a appelé le gouvernement à sanctionner les opérateurs concernés, comme le rapporte Investir au Cameroun. De plus, un rapport de l’Agence française de développement (AFD) sur les libertés numériques dans 26 pays francophones en Afrique, publié en mai 2023, avait mis en lumière que, malgré une augmentation du taux de pénétration d’Internet de 21% à 38% entre 2016 et 2020, les Camerounais continuent de faire face à des « prix prohibitifs » pour un service « à la qualité variable ». Le rapport soulignait également que MTN et Orange subissent en moyenne 60 perturbations de réseau par an, chacune durant de 30 minutes à 2 heures.
Il faut souligner que la dégradation des services de télécommunications au Cameroun n’est pas un phénomène récent, et elle est bien connue du gouvernement. À plusieurs reprises, la ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, a exprimé son inquiétude concernant la qualité déclinante des services de communications électroniques dans le pays. Ces sanctions faisaient suite à une vague d’indignation nationale due à la détérioration continue des services télécoms. Une campagne de boycott, baptisée « Mode avion », a été lancée fin avril 2023 sur les réseaux sociaux pour protester contre la mauvaise qualité des services, ainsi que les coûts jugés excessifs des communications et des forfaits Internet, particulièrement ceux proposés par Orange et MTN. Les opérateurs, eux, attribuaient cette dégradation aux interruptions fréquentes de la fibre optique et aux problèmes d’approvisionnement en énergie électrique.
Patricia Ngo Ngouem
Cet article est apparu en premier sur https://www.stopblablacam.com/societe/1209-12912-degradation-des-services-telecoms-lart-boucle-un-audit-du-reseau-national-de-fibre-optique