la DGRE sur le banc des accusés pour l’assassinat du journaliste

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la DGRE sur le banc des accusés pour l’assassinat du journaliste

Lors de l’audience du 19 août au Tribunal militaire de Yaoundé, les juges ont mis fin à la double casquette sous laquelle se présentait Me Claude Assira, l’avocat de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Le ministère public a estimé que l’État du Cameroun ne peut pas être à la fois partie civile et civilement responsable, ce qui a conduit les juges à statuer en faveur du ministère public. Le tribunal a décidé que la DGRE pourrait être civilement responsable de l’assassinat du journaliste.
Ce puissant service de renseignement est impliqué dans la torture et l’assassinat, en février 2023, du journaliste-animateur et chef de chaîne de la radio Amplitude FM, émettant depuis Yaoundé. Treize des dix-sept personnes accusées dans cette affaire sont des agents de ce service de contre-espionnage.
Cependant, la DGRE s’était présentée dès l’ouverture des audiences au Tribunal militaire de Yaoundé, en mars dernier, comme partie civile, ce qui avait provoqué l’ire de plusieurs avocats. En avril dernier, Me Assira avait expliqué que « l’État peut ou doit être tenu civilement responsable ». Il ajoutait alors que « la nuance réside dans le fait qu’en tant que partie civile, l’État adopte une position offensive et estime qu’il a des droits à faire valoir. En revanche, en tant que civilement responsable, il doit répondre aux demandes de la victime ou de ses ayants droit. »
En clair, si la responsabilité de la DGRE, un démembrement de l’État, est établie dans l’assassinat du journaliste, alors l’État pourrait être condamné à payer des dommages et intérêts aux ayants droit de la famille de Martinez Zogo.
Réactions
Cette décision prise hier par le Tribunal militaire de Yaoundé n’a pas été bien accueillie par les avocats désignés par la DGRE. « Nous sommes abasourdis et choqués par cette décision, s’est offusqué Me Whyly Likefack, membre du collège des avocats de la DGRE. C’est la première fois que le ministère public, c’est-à-dire le commissaire du gouvernement, exige qu’une partie civile soit écartée du procès. Bien évidemment, nous avons souligné que c’est contraire aux textes. C’est tout simplement décevant pour la justice camerounaise. »
Selon cet avocat, la question de la qualité de l’État dans ce procès va se poser à nouveau, car, explique-t-il, « il faudra déterminer si oui ou non le Tribunal militaire va pouvoir juger l’État comme civilement responsable et garant des condamnations pécuniaires. Ou alors, ce sera le tribunal administratif. Mais, en tout état de cause, la question va revenir. »
En face, on note une victoire en demi-teinte, car, d’après Me Tchoungang, bien que la décision du tribunal soit juste. « On se réjouit de la décision des juges du Tribunal militaire. Vous verrez à la prochaine audience, la configuration physique de la salle d’audience va changer. C’est-à-dire qu’ils (les avocats de la DGRE) partiront du ministère public pour s’installer du côté de la défense », explique cet avocat de l’homme d’affaires Amougou Belinga, soupçonné d’être l ‘un des commanditaires de l’assassinat du journaliste.
Il précise par ailleurs que cette décision annonce néanmoins des suites difficiles. « Cela augure simplement une défense extrêmement difficile. Parce que le civilement responsable, tentant de changer sa casquette de partie civile, signifie qu’on va avoir beaucoup de mal à convaincre ces gens-là de nous produire les documents qui permettront de reconstituer ce crime et de révéler la vérité à tout le monde. », ajoute-t-il.
Renvoyée le 9 septembre
Les juges se sont prononcés contre la suspension des audiences en attendant une décision de la Cour suprême. En effet, certains avocats ont saisi la Cour suprême en cassation pour contester la décision de la cour d’appel du 19 juillet dernier, qui n’a pas approuvé leur demande de forcer les juges du Tribunal militaire à mettre à disposition des parties le dossier de procédure. Pour ces avocats, l’attente de la décision de la Cour suprême suspend de fait le procès en cours, ce que le Tribunal militaire a rejeté. « Le tribunal n’a pas eu la même lecture que nous. Cela nous étonne parce qu’il est connu et reconnu dans toutes les législations qu’en matière répressive, un pourvoi donne lieu à un effet suspensif », a déclaré Me Seri Zokou avocat de Maxime Eko Eko, ancien directeur de la DGRE.
La prochaine audience a été renvoyée au 9 septembre prochain, une date à laquelle certains avocats espèrent que les accusations pourront enfin être lues aux accusés afin que les débats de fond commencent.
LA
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