fantasmes et réalité de la présence chinoise

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fantasmes et réalité de la présence chinoise

La Chine est un partenaire majeur de l’Algérie, étant son premier fournisseur devant la France ou l’Espagne. Cette présence revêt différentes formes et touche plusieurs domaines de l’économie (commerce, habitat, transport, télécommunications…). Elle combine une coopération institutionnelle forte (nouvelles routes de la soie, participation d’entreprises chinoises aux projets lancés par les pouvoirs publics algériens) et des flux commerciaux caractérisés par l’importation de biens de consommation et qui empruntent les chemins discrets de la mondialisation.

La rapide et importante pénétration du marché algérien par la Chine est une illustration de la manière dont ce pays déploie et décline sa politique de coopération économique en combinant une stratégie globale et une approche bilatérale. Sur le plan diplomatique, les relations ont toujours été amicales. Historiquement, la Chine a été l’un des premiers soutiens du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance (1954-1962) et, en retour, l’Algérie a soutenu l’adhésion de la République populaire à l’ONU en 1971. Si les deux régimes se targuent d’entretenir des liens importants en relation avec ce passé de solidarité mutuelle, la Chine a observé jusqu’à ces dernières années une discrète neutralité liée à son soft power et à sa volonté de ne pas gêner ses intérêts économiques. L’asymétrie des échanges (une balance commerciale en faveur de la Chine) donne lieu à quelques mesures symboliques (don d’un opéra, bourses d’études, coopération médicale…).

Une diplomatie au service des entreprises chinoises

Cette neutralité discrète n’empêche pas la Chine d’afficher régulièrement son soutien aux autorités algériennes. Ainsi, durant le Hirak et la grave crise traversée par le régime algérien qui a conduit à la démission du président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), Pékin a poursuivi sa coopération, maintenu ses chantiers de construction, avec notamment l’achèvement de la Grande Mosquée d’Alger et du nouvel aéroport international. Elle a été, avec l’Espagne, le premier pays à féliciter le nouveau président Abdelmadjid Tebboune, et à dénoncer les ingérences occidentales dans les affaires intérieures algériennes.

Durant la pandémie de Covid-19, une aide a été mise en place par la Chine, avec l’envoi médiatisé d’un avion-cargo et d’une équipe médicale financé par le géant du BTP chinois, la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC). Ces différentes initiatives permettent à la République populaire de s’affirmer comme un partenaire sûr de l’Algérie. Au-delà, la ­coopération sino-algérienne est essentiellement commerciale. Sur le plan culturel, elle reste limitée à l’octroi chaque année par la Chine de quelques dizaines de bourses à des étudiants algériens, sachant qu’il n’existe pas d’institut Confucius en Algérie. En un peu plus de quinze ans, les entreprises chinoises installées en Algérie vont connaître un essor important et consolider leur position dans des secteurs où elles s’imposeront comme les plus concurrentielles. Quelque 480 sociétés étaient enregistrées en 2007, soit 11,9 % du total des entreprises étrangères, et elles culmineront à 1 200 en 2020 (9 %). Si cette évolution suit celle des autres grands pays intervenant en Algérie comme la France ou la Turquie, c’est surtout la spécialisation de ces entreprises dans certains secteurs d’activité qui est remarquable. Ainsi, de 2007 à 2020, le poids des sociétés spécialisées dans le commerce et l’importation de biens d’équipement et de consommation passe de 57 à 19 % du total des entreprises chinoises, alors que celles spécialisées dans les travaux de construction et d’infrastructures, les télécommunications et l’hydraulique représentent 55 % en 2020 contre 24 % en 2007.

Au début des années 2000, l’Algérie lance des programmes de développement de l’habitat et des infrastructures de base. Dans le seul domaine de l’habitat, secteur particulièrement en crise dans un pays à forte urbanisation et où la poussée démographique est importante, ce sont 3 millions de logements qui ont été programmés et financés par les pouvoirs publics entre 2000 et 2018.

Pour répondre à ces besoins énormes, la Chine s’impose comme l’un des principaux partenaires grâce à des coûts compétitifs et aux temps de réalisation rapides proposés par ses entreprises. De fait, les grands groupes chinois décrochent d’importants contrats, surtout dans le secteur du logement, et remportent de nombreux autres projets d’infrastructures, comme une partie de l’autoroute est-ouest (tronçon de 600 kilomètres), le nouvel aéroport international et la Grande Mosquée d’Alger, le stade olympique d’Oran, le ministère des Affaires étrangères, de grands hôtels cinq étoiles, des centres commerciaux, l’extension du réseau ferroviaire, la construction de 750 kilomètres d’un aqueduc reliant In Salah à Tamanrasset, etc. (1). Les entreprises chinoises sont omniprésentes. Mais ce sont surtout quelques grands groupes qui obtiennent l’essentiel des marchés ; la CSCEC et la China Civil Engineering and Construction Corporation (CCECC) sont les plus emblématiques.

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