Au Cameroun, la crainte d’une disparition forcée pour un activiste des réseaux sociaux
Au Cameroun, la crainte d’une disparition forcée pour un activiste des réseaux sociaux
Dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux le 21 juillet, Steve Akam, alias Ramon Cotta, un activiste camerounais des réseaux sociaux, se tient devant une barrière dans un espace à l’extérieur, menotté et entouré de membres de la police camerounaise. C’est la dernière fois qu’il a été vu.
Human Rights Watch a contacté des sources au Cameroun, géolocalisé et analysé la vidéo, pour déterminer qu’elle a été filmée entre le 19 et le 21 juillet au poste frontière entre le Gabon et le Cameroun, dans la ville camerounaise de Kye-Ossi.
Ramon Cotta, qui vit au Gabon depuis dix ans, est connu pour ses vidéos Tik Tok dans lesquelles il critique les autorités camerounaises.
Le 7 août, les avocats qui le représentent ont déclaré avoir envoyé en vain plusieurs demandes d’information à diverses autorités camerounaises concernant la situation de leur client et le lieu où il se trouve. Les avocats estiment que les autorités camerounaises ont renvoyé de manière extrajudiciaire Ramon Cotta du Gabon au Cameroun et qu’il pourrait être victime d’une disparition forcée, ce qui signifie que les autorités le détiennent tout en refusant de reconnaître sa détention ou de divulguer toute information sur le lieu où il se trouve, le privant ainsi de toute protection légale.
Le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique centrale (REDHAC), un important groupe camerounais de défense des droits humains, et Maurice Kamto, chef du principal parti d’opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun, ont tous les deux appelé les autorités à révéler immédiatement le lieu où se trouve Ramon Cotta.
Le gouvernement réprime depuis des années la liberté d’expression et l’opposition au Cameroun, en emprisonnant des activistes politiques, des journalistes et des dissidents. À l’approche des élections de 2025, il a multiplié les restrictions des libertés d’expression et d’association.
En mars de cette année, le ministre de l’Administration territoriale a interdit deux coalitions de l’opposition, les qualifiant de « mouvements clandestins ». En juin, les gendarmes de N’Gaoundéré, dans la région d’Adamawa, ont de nouveau arrêté arbitrairement l’artiste Aboubacar Siddiki, connu sous le nom de Babadjo, pour avoir « insulté » un gouverneur. En juillet, le chef de la division administrative du Mfoundi a publié un décret menaçant d’interdire l’accès à la division à toute personne insultant les institutions de l’État. Toujours en juillet, des membres des services de renseignement de Douala, dans la région du Littoral, ont arrêté Junior Ngombe, un activiste des réseaux sociaux, pour ses vidéos TikTok qui prônent un changement démocratique. Junior Ngombe a été remis en liberté provisoire le 31 juillet.
Dans une déclaration faite le 7 août à l’issue d’une visite au Cameroun, Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que le processus qui mènera aux élections sera « une occasion clé […] de garantir la libre expression des opinions politiques ».
Les personnes disparues de force sont exposées à un large éventail d’abus, notamment ceux qui mettent leur vie en danger. Les autorités camerounaises devraient immédiatement confirmer la détention de Ramon Cotta et le lieu où il est détenu, et respecter ses droits en le libérant.
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