La culture du « tabouret du roi » perdure depuis des siècles au Cameroun
La culture du « tabouret du roi » perdure depuis des siècles au Cameroun
AA/Yaoundé/Ahmet Emin Dönmez
Chez les Bamiléké, l’un des peuples indigènes les plus anciens du Cameroun, on continue à attribuer aux rois une certaine « sacralité ».
Considérant qu’il est irrespectueux pour une personne ordinaire de s’asseoir sur le « lieu sacré » où s’assoient les rois et les dignitaires de la société, ce peuple consacre des tabourets spéciaux pour les rois, ils sont destinés aux activités en dehors du palais et autres rencontres avec le public.
Les rois s’assoient sur un tabouret spécial pour les mariages, les funérailles, les cérémonies religieuses et autres événements similaires, puis le tabouret est apporté au palais.
Outre leur côté utilitaire, ces tabourets sont porteurs de messages, en effet, les décorations et autres ornements qu’ils portent sont souvent associés à des messages spécifiques destinés aux populations.
Ainsi des personnages se tenant par la main est un message appelant à l’unité et à la solidarité, un lion renvoie à la force et au pouvoir et un chien à la loyauté.
Aujourd’hui, plusieurs royaumes et sultanats d’Afrique centrale perpétuent la culture du « tabouret du roi ».
L’antiquaire camerounais Aboubakar Njiemoun a expliqué au correspondant de l’Agence Anadolu que bien que la culture du « tabouret royal » appartient à la communauté Bamiléké, vivant dans le nord du Cameroun, elle s’est répandue dans de nombreux autres pays d’Afrique centrale.
« Dans la culture Bamiléké, le roi est sacré et personne d’autre ne peut s’asseoir à sa place », a-t-il indiqué.
Expliquant que cette culture, qui remonte à plusieurs siècles, a évolué au fil du temps, Njiemoun a déclaré qu’aujourd’hui, les rois offrent parfois le tabouret du roi aux dignitaires de la région ou à leurs propres représentants afin de gagner en statut et en respect.
Toutefois s’asseoir sur un tabouret royal sans la permission du roi est considéré comme un manque de respect et souvent associés par les croyances locales à un mauvais présage pour la personne qui s’y assoit, ajoute l’antiquaire.
Soulignant que de nombreux royaumes et sultanats du Cameroun, tels que Bamiléké, Bamoun et le royaume de Ngaoundere, ont perpétué la culture du « tabouret du roi », Njiemoun précise que : « les rois transmettent également leurs messages à leur peuple à l’aide du tabouret. »
« Lorsque le roi visite une région sous son patronage, le tabouret du roi est placé à l’entrée de la ville, du village, de la région et le message est donné que le roi se trouve dans la région. »
*Traduit du turc par Nursena Karakaya
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