Serge Espoir Matomba, candidat déclaré, se construit un profil de souverainiste

Serge Espoir Matomba, candidat déclaré, se construit un profil de souverainiste

Dans une vidéo qu’il a publiée sur sa page Facebook cette semaine, Serge Espoir Matomba (photo) présente la souveraineté du Cameroun et même de l’Afrique comme son nouveau cheval de bataille en politique. « L’État du Cameroun existe depuis 1957 et ce ne sont pas les Camerounais qui l’ont créé. Cet État a été créé par un décret français. Il faut noter que les structures, la constitution et les institutions qui ont été pensées en ce temps-là devaient servir les intérêts des occidentaux mais pas les intérêts des Camerounais », explique le premier secrétaire du parti d’opposition Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS). Il ajoute aussitôt : « Nous avons l’obligation de repenser l’État du Cameroun ».
À bien regarder de près, cette sortie n’est pas isolée. Depuis plusieurs mois, Serge Espoir Matomba affiche plus que jamais ce positionnement souverainiste. Il s’est pour cela rapproché des figures du panafricanisme qui militent pour l’indépendance totale de l’Afrique. En janvier dernier, il a reçu les activistes Kemi Seba et Nathalie Yamb au Cameroun. Le leader du PURS a aussi rejoint le cercle des politiciens africains qui défendent les mêmes idées souverainistes. Un groupe qui se construit autour de l’Ivoirien Charles Blé Goudé, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Comme ce dernier, Serge Espoir Matomba a sans doute les yeux tournés vers l’élection présidentielle de 2025. L’ambition de ce dernier est un secret de Polichinelle dans le landernau politique camerounais. Il a déjà annoncé que le PURS va présenter un candidat. Mais il faudra encore attendre le congrès prévu au début de l’année prochaine pour qu’il soit formellement investi. En attendant cette date, Serge Espoir Matomba ne se prive pas de livrer les grandes lignes de son programme politique mâtiné d’idées souverainistes.
Ce qu’on sait, c’est que si jamais il est élu en 2025, le leader du PURS veut « refonder » en profondeur le Cameroun pour rompre avec le legs colonial qui persiste encore aujourd’hui, comme il le fait savoir dans sa récente vidéo. Cette refondation passe par trois réformes essentielles : une réforme de la Constitution, une réforme des institutions et pour terminer une réforme du fonctionnement de l’État.
Mobilisation
Pour se donner une chance en 2025, le PURS est d’ores et déjà sur le terrain de la mobilisation. Le parti a mis en route une campagne de mobilisation et de délivrance des cartes de membre. Cette campagne a débuté le 4 juillet dernier à Douala. Elle s’est poursuivie ce 15 juillet à Yaoundé. Tous les chefs-lieux de région vont organiser ces adhésions à tour de rôle. En attendant de connaître les chiffres de cette opération, les responsables du PURS saluent déjà la mobilisation. Un témoin confie sur les réseaux sociaux que des milliers de personnes ont cogné à la porte du PURS à Yaoundé.
Il ne reste plus qu’à savoir si cet engagement de Serge Espoir Matomba pour la souveraineté du Cameroun peut lui garantir un meilleur score que celui de 2018. Lors de la dernière élection présidentielle, il a terminé huitième sur neuf candidats avec 0,56 % des suffrages exprimés. « Je ne crois pas que la démarche de Serge Espoir Matomba est électoraliste. À bien regarder de près, son approche est avant tout idéologique. Son objectif est de diffuser des opinions souverainistes dans un pays du giron français qui a longtemps résisté à ces idées », analyse Éric Léonel Loumou, associé gérant du Cabinet Orin qui a conseillé l’ancien bâtonnier Akere Muna à la présidentielle de 2018.
Pour ce dernier, il n’est pas pensable que Serge Espoir Matomba remporte la prochaine présidentielle juste parce qu’il défend des idées souverainistes. Même si c’est bien ce qui se passe actuellement dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest où des militaires tournés vers le panafricanisme ont pris le pouvoir avec la bénédiction du peuple. « Ce qui se passe au Mali, au Niger et au Burkina Faso est l’aboutissement d’un long processus. Les thèses souverainistes ont fait leur lit dans ces pays depuis des années. Ce n’est pas le cas du Cameroun. M. Matomba a toutefois l’occasion de devenir un pionnier, ce qu’on appelle en stratégie politique un proxy », poursuit Éric Léonel Loumou.
Sauf que le leader du PURS n’est plus tout seul dans ce créneau. Le manifeste politique produit par l’Alliance pour la transition politique (ATP), conduite par l’opposant Olivier Bile, est aussi porté vers la recherche de la souveraineté du Cameroun. Cette plateforme de partis politiques, qui veut reprendre le pouvoir dans les urnes en 2025, avoue aussi qu’elle entend mener un programme de refondation du pays. En ligne de mire : la refondation des institutions et des mentalités. Mais aussi une refondation sociale, économique, culturelle, etc.
Michel Ange Nga
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