l’ancien palais royal de Bayangam, vestige du passé colonial, en voie de restauration

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l’ancien palais royal de Bayangam, vestige du passé colonial, en voie de restauration

Dans la région de l’Ouest, niché parmi les collines verdoyantes, se dresse un symbole immuable du passé et de la résilience des Bayangam : l’ancien palais royal de Bayangam. Érigé entre 1908 (pendant la période coloniale allemande) et 1932, ce bâtiment a traversé les âges, malgré les épreuves et les incendies qui ont menacé sa structure. Les fenêtres, fidèles sentinelles du passé, filtrent doucement les courants d’air frais à travers leurs volets qui ont résisté vaillamment. Les tôles, rouillées par les années et les intempéries, témoignent de la lutte constante contre les éléments. Une seconde toiture, récemment restaurée, protège désormais le palais des infiltrations d’eau pendant la saison des pluies de ce mois de juillet 2024, préservant ainsi son intégrité face aux caprices du climat.
À la tête de ce projet de restauration se trouve Georges Désiré Pouokam II, 13e chef de la dynastie Bayangam, qui reprend l’héritage initié par son père, feu Christophe Pouokam, décédé en 2001. Ce projet vise à transformer cet édifice historique en un lieu de recueillement et de tourisme, où les visiteurs pourront plonger dans l’histoire riche et vibrante de cette chefferie bamiléké. « Ça va finir par fonctionner », déclare le chef avec assurance, soulignant que l’essentiel est déjà accompli : assurer la viabilité structurelle du palais.
La chefferie de Bayangam, fondée au XVIe siècle, voit son histoire entrelacée avec l’arrivée des Allemands au Cameroun en 1884, et vers 1905 dans cette contrée. Sous leur administration, les rois locaux ont vu leur souveraineté limitée, transformés en chefs de village rendant des comptes à une autorité étrangère, relate Jean-Claude Kanmogne, grand notable de Bayangam et historien local. L’histoire tragique de Fo Kom Maleu (1884-1918), déporté en 1912 à Fongo Tongo et exécuté en 1913 pour avoir défendu l’indépendance de Bayangam face à l’influence de Bandjoun et critiqué ouvertement l’administration allemande, témoigne du courage et de la détermination des dirigeants locaux à préserver leur identité culturelle. Son fils, Fo Kom Waindja (1913-1964), a échappé à une pendaison grâce à l’intervention d’un missionnaire protestant suisse, marquant un chapitre de résilience dans l’histoire mouvementée du peuple Bayangam.
Aujourd’hui, Georges Désiré Pouokam II s’engage à préserver ce patrimoine ancestral, affichant son ambition de redonner à ce palais sa grandeur d’antan, non seulement pour les générations actuelles, mais aussi pour celles à venir. Cependant, le projet de restauration rencontre des défis majeurs, notamment en termes de ressources financières nécessaires. Le chef des Bayangam reste discret sur les coûts engagés jusqu’à présent ou sur le budget total envisagé pour achever la rénovation intégrale du palais.
Pour l’autorité traditionnelle, chaque investissement, chaque effort contribue à préserver non seulement un bâtiment, mais aussi l’âme et l’identité de son peuple. « Chez nous, généralement, toutes les bâtisses étaient faites de façon provisoire, mais ce palais a été construit de façon pérenne. La preuve : il est toujours là, debout parmi les ruines des autres constructions disparues. C’est notre héritage visible, notre lien tangible avec le passé et notre promesse pour l’avenir », confie Georges Désiré Pouokam II, un brin d’émotion dans la voix.
Patricia Ngo Ngouem, de retour de Bayangam

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