Les États-Unis veulent resserrer leur partenariat stratégique avec le Cameroun, en pleine poussée de la Russie en Afrique

Les États-Unis veulent resserrer leur partenariat stratégique avec le Cameroun, en pleine poussée de la Russie en Afrique

Durant sa visite de trois jours au Cameroun, les 20, 21 et 22 avril, le secrétaire d’État adjoint américain en charge de la gestion et des ressources, Richard R. Verma, a eu une série de contacts avec les officiels camerounais et des membres de la société civile. D’après un compte rendu de cette visite dressé par l’ambassade des États-Unis à Yaoundé et parvenu à SBBC, « le secrétaire d’État adjoint Verma a échangé avec les journalistes et les dirigeants de la société civile sur l’aide étrangère des États-Unis ainsi que sur l’engagement des États-Unis en matière de droits de l’homme et de gouvernance en Afrique, notamment au Cameroun ». L’une des aides que les États-Unis accordent au Cameroun c’est notamment ce financement de 2,3 milliards FCFA pour les travaux de rénovation l’annexe du Laboratoire vétérinaire national (Lanavet).
Au cours de cette visite, le haut diplomate américain a notamment rencontré le secrétaire général de la présidence de la République, au nom du chef de l’État. Rien n’a filtré de ces échanges en haut lieu, cependant, le sous-secrétaire américain a déclaré que « le Cameroun est un partenaire précieux qui joue un rôle important dans la stabilité économique et régionale. Nous travaillons en partenariat avec le gouvernement et le peuple camerounais depuis des décennies dans les domaines de la santé, des droits de l’homme, de la sécurité régionale et de la croissance économique durable, et nous nous réjouissons de la poursuite de notre partenariat pour la promotion de la paix et la prospérité pour tous les Camerounais ».
Une opération de charme, selon le professeur Frank Ebogo, géostratège et enseignant au Centre de recherche d’études politiques et stratégiques de l’Université de Yaoundé II. D’après cet analyste, la visite du secrétaire adjoint, Richard R. Verma, s’inscrit dans une double logique de politique intérieure et internationale. Sur le plan intérieur, « durant les années l’ancien président américain Donald Trump s’est employé à détricoter les relations entre son pays et les pays africains. Plusieurs pays ont été exclus de l’AGOA (loi facilitant les exportations de produits africains vers le marché américain, Ndlr) et des hauts responsables africains interdits de séjour aux États-Unis en raison de questions liées à la gouvernance et aux droits de l’homme ». D’après Frank Ebogo, « cet unilatéralisme trumpiste a été rejeté par l’actuel président, Joe Biden, durant son mandat. Il s’est beaucoup rapproché des pays africains. Cette visite vise à redorer l’image des États-Unis, mais également à servir des intérêts électoralistes ».
Sur le plan international, la visite du haut responsable américain s’inscrit dans une optique de contre-influence russe sur le continent, analyse notre interlocuteur. Pour l’universitaire, avec les tensions géopolitiques internationales actuelles, « l’Afrique est au cœur des convoitises ». C’est ce qui explique le ballet de diplomatique observé en 2023 où les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense ont effectué plusieurs visites sur le continent. De même, l’Ukraine, contre qui la Russie est en guerre depuis 2022, a décidé d’étendre son influence sur l’Afrique en ouvrant notamment une ambassade en Côte d’Ivoire. À côté de cela, des diplomates occidentaux ont effectué plusieurs tournées en Afrique pour rallier ces pays derrière la résistance que mènent l’Ukraine et ses alliés contre la Russie, indique le chercheur.
« Le secrétaire adjoint vient dans ce contexte-là réaffirmé la présence des États-Unis au Cameroun, resserrer cette coopération qui battait de l’aile, qui était moins vigoureuse par rapport au dynamisme de la diplomatie russe actuellement. Il est question de faire ombrage à la concurrence qui est menée par les pays du ‘Sud global’ », fait-il comprendre.
Les Brics, un regroupement politique et économique comprenant le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud, attire de plus en plus de pays. Un concurrent au G7 formé de puissances occidentales. D’après des informations non encore confirmées par SBBC de manière indépendante, le Cameroun aurait marqué sa volonté de rejoindre les Brics. Un tropisme peu apprécié dans les capitales occidentales. « Les États-Unis viennent dans ce contexte marqué par un fort sentiment anti-européen et antiaméricain », conclut le chercheur Frank Ebogo.
L.A.
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