l’histoire insolite du mémorial raconté par un ancien combattant

l’histoire insolite du mémorial raconté par un ancien combattant

Les années passent. Les souvenirs, eux, demeurent. Quant aux langues, elles se délient peu à peu. La guerre d’Algérie (1954-1962) fait partie d’un pan de l’histoire française passé sous silence. À l’heure où les contemporains de l’événement disparaissent peu à peu , Jacques Galmiche, 85 ans, témoigne. Son souhait : partager un fait « inconnu » qui s’est déroulé à Vesoul, il y a 30 ans, en octobre 1994. « J’ai des soucis de santé. J’évoque ce que j’ai vécu pour que les gens sachent », argumente l’octogénaire, « paysan » retraité à Plainemont. « Les horreurs de la guerre, jusqu’aux actes de torture commis par l’armée française, on ne les oublie pas », souffle celui qui s’est mobilisé bénévolement avec la Fnaca pour faire reconnaître le titre de « Mort pour la France » pour ses camarades tombés sur le champ de bataille, en Afrique du Nord.

Stèle financée par la Fédération nationale des anciens d’Algérie, Tunisie, Maroc

Rencontré au « nouveau cimetière » de Vesoul, l’ancien combattant qui a passé 27 mois de sa vie de jeune garçon au camp de Telergma, en Algérie, nous guide jusqu’à ce bloc de granit noir où sont notés les 134 noms et prénoms de Haut-Saônois morts au combat, entre 1952 et 1962, en Algérie, Maroc et Tunisie.

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De sa main droite, il pointe avec sa canne qui l’aide à se mouvoir un immeuble surplombant le cimetière : « C’est de là-bas, en octobre 1994, que j’ai surveillé de nuit avec un phare le cimetière et le monument que la marbrerie Halley construisait, et qui allait être inauguré quelques jours plus tard ». Pourquoi une telle surveillance ? « Parce qu’un jour, le directeur de la marbrerie m’a indiqué un grave problème : un bruit circulait à Vesoul disant que “notre” Mémorial ne serait pas inauguré, qu’il serait plastiqué. C’était un coup de l’OAS, l’organisation de l’armée secrète (N.D.L.R. : organisme terroriste qui revendiquait la défense des intérêts français en Algérie) », présume-t-il.

Depuis un appartement attenant au cimetière

Alors membre de la Fédération des anciens combattants d’Algérie (Fnaca) avec Marcel Birquy, président fondateur , Jacques Galmiche, 55 ans à l’époque des faits, s’installe trois nuits dans un appartement du Grand Grésil avec un phare pour « balayer le terrain », décrit-il. Au préalable, l’ancien combattant dit avoir prévenu le commissaire de police de l’époque. « En Algérie, je protégeais les vivants, ici, j’ai protégé les morts ! », lâche le Haut-Saônois décoré de l’Ordre du mérite. « La pose du mémorial avait lieu jeudi 29 septembre 1994 et l’inauguration était prévue dimanche 2 octobre. À trois reprises dans la nuit, une voiture feux éteints se stationne au niveau de la porte d’entrée du cimetière, côté RN19. J’ai éclairé. Elle est repartie à trois reprises. » Le bloc ne sera ni plastiqué, ni détérioré.

Sous la mandature Loïc Niepceron

1 200 personnes assisteront à la cérémonie d’inauguration sans avoir connaissance de ce détail. Maire de Vesoul à l’époque des faits, Loïc Niepceron confirme avoir entendu cette anecdote sans pouvoir l’authentifier. La Ville de Vesoul a offert à la Fnaca le socle destiné à recevoir le bloc de granit de 25 tonnes. « Le maire nous avait trouvé un emplacement idéal à côté des tombes des anciens combattants », juge Jacques. Chaque 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, l’ancien combattant revient avec ses camarades honorer la mémoire des victimes civiles et militaires. Jacques perpétue le devoir de mémoire.

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