Le Camerounais Philémon Yang en route pour la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies

Le Camerounais Philémon Yang en route pour la présidence de l’Assemblée générale des Nations unies

Philémon Yang, alors premier ministre du Cameroun, à Pékin le 18 juin 2015.

En juin, le Camerounais Philémon Yang, 76 ans, devrait officiellement prendre pour un an la présidence de la 79Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Il succédera ainsi à Denis Francis de Trinité-et-Tobago. Le poste est quasiment acquis au Cameroun, selon un haut responsable de la présidence camerounaise contacté par Le Monde qui assure que Philémon Yang « est désormais, sauf surprise de dernière minute, l’unique candidat de l’Afrique ».

Le suspense a été entretenu par l’Afrique du Sud jusqu’à la réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine du 16 février à Addis-Abeba (Ethiopie), suscitant quelques incompréhensions à Yaoundé. « L’Afrique du Sud savait que, pour la présidence africaine de l’AG de l’ONU, c’était au tour de la région Afrique centrale », s’agace ainsi un autre haut responsable de la présidence camerounaise. Finalement, Pretoria a retiré la candidature de son ancienne ministre des services publics, Geraldine Joslyn Fraser-Moleketi.

Sur les treize présidences de l’Assemblée générale de l’ONU assumées par le continent africain, l’Afrique centrale n’a à ce jour présidé l’instance qu’une seule fois. Le Gabonais Jean Ping avait été élu en juin 2004 pour diriger cet organe de septembre de cette année à septembre 2005.

« Après la déclaration d’intention du Cameroun en juillet 2023 lors de la 23session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Ceeac [Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale], le candidat du Cameroun a été adoubé par la sous-région Afrique centrale. L’Union africaine n’a fait qu’endosser une candidature que les autres sous-régions avaient déjà validée », poursuit la dernière source citée.

Jamais bien loin de Paul Biya

Il faut dire que Paul Biya s’est personnellement investi pour que son ancien premier ministre décroche le poste. Au palais d’Etoudi, la présidence de la République, on convient que c’est le chef de l’Etat lui-même qui a fait le choix du candidat. Avare de ses déclarations publiques, il a fait campagne pour lui, demandant officiellement le 5 janvier le soutien des ambassadeurs accrédités à Yaoundé dans son discours de vœux au corps diplomatique.

Le discret Philémon Yang peut ainsi compter sur la bienveillance du président Paul Biya dont il fut dix ans le premier ministre. Depuis qu’il a été remplacé à ce poste en janvier 2019, cet anglophone de la région du Nord-Ouest, où sévit depuis 2017 un conflit entre mouvements séparatistes et forces armées camerounaises, est resté dans les arcanes du pouvoir.

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Nommé grand chancelier des Ordres nationaux, dont le bureau est installé à la présidence de la République, Philémon Yang est resté convié à toutes les cérémonies officielles, jamais assis bien loin du chef de l’Etat. « Sa candidature pour la présidence de l’AG de l’ONU a tout de suite été validée par les pays de la Ceeac, car c’est une figure connue de cet espace où il a très souvent représenté le président lors des sommets », relate un fonctionnaire du ministère des relations extérieures, qui ajoute que l’intégrité et la discrétion de l’ancien premier ministre ont aussi joué en sa faveur. « Il n’a jamais été cité dans des affaires lorsqu’il était à la tête du gouvernement », ajoute notre interlocuteur.

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Ancien procureur, Philémon Yang a gravi les échelons dans l’ombre de Paul Biya qui le nomma vice-ministre de l’administration territoriale en juin 1975, alors que lui-même venait fraîchement d’être désigné premier ministre par le président Ahmadou Ahidjo. Taiseux et pondéré, vivant modestement d’après ses proches, il a passé vingt ans (1984-2004) comme ambassadeur du Cameroun au Canada et a été épargné par les poursuites quand plusieurs ministres des gouvernements qu’il a dirigés entre 2009 et 2019 sont aujourd’hui détenus, condamnés après avoir été accusés de détournement de deniers publics.

A New York, si des tractations se poursuivent pour la constitution du bureau de la 79Assemblée générale de l’ONU, l’ancien premier ministre s’apprête à vivre déjà une nouvelle vie, engagé dans la résolution des crises du monde et loin des guerres intestines de la vie politique camerounaise.

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