L’Inde investit 1,2 milliard de dollars dans l’intelligence artificielle
L’Inde investit 1,2 milliard de dollars dans l’intelligence artificielle
L’an dernier, le fondateur de ChatGPT et patron d’Open AI Sam Altman avait déclaré à New Delhi que les entreprises indiennes pourraient difficilement créer des produits d’IA sans un important soutien financier. C’est désormais chose faite puisque l’Inde a annoncé ce jeudi soir des dépenses de 1,2 milliard de dollars dans des projets d’intelligence artificielle sur les cinq prochaines années.
Le pays le plus peuplé au monde souhaite ainsi pouvoir se démarquer dans ce secteur en plein essor. Un marché indien à ne pas prendre à la légère puisqu’il devrait peser près de 17 milliards de dollars d’ici à 2027, selon les prévisions du cabinet Nasscom.
Cette enveloppe « stimulera l’écosystème indien de l’IA et lui permettra de façonner l’avenir de l’IA », a déclaré le ministre indien des Technologies de l’information Rajeev Chandrasekhar. Avant d’ajouter :
« Le Premier ministre Modi ji a toujours dit que l’Inde allait exploiter pleinement le pouvoir de l’IA au profit de ses citoyens et pour l’expansion de son économie ».
Dans le détail, les fonds seront utilisés pour mettre en place une infrastructure informatique et aider à financer des start-ups dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), selon un communiqué du ministère indien des Technologies de l’information publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
Règles autour de l’IA
Le développement de l’IA pour l’Inde permet également au pays de trouver des solutions sur des problématiques de santé, d’éducation, d’agriculture ou encore d’environnement, pointe notamment une publication du FMI paru fin 2023.
« Le statut émergent de l’Inde en tant que puissance technologique, combiné à son paysage socio-économique unique, la place dans une position favorable pour être le plus grand utilisateur d’IA au monde d’ici la fin de la décennie », pointe ainsi les auteurs de la note.
Néanmoins, l’Inde compte tout de même poser certaines restrictions à ces technologies. En effet, le gouvernement a demandé aux entreprises d’attendre son accord avant de rendre l’accès à leurs outils d’IA public, lorsqu’ils ne sont pas « fiables » ou encore à l’essai.
L’utilisation de ces outils, y compris l’IA générative, et leur « mise à disposition des utilisateurs sur l’internet indien doivent se faire avec l’autorisation explicite du gouvernement indien », a ainsi déclaré le ministère indien des technologies de l’information, dans un avis publié vendredi dernier à l’intention des plates-formes.
D’autant que fin février, un ministre a fustigé une des réponses de l’outil de Google, Gemini AI, pour avoir répondu que le Premier ministre indien Narendra Modi avait été accusé de mettre en œuvre des politiques qualifiées de « fascistes ». Google a alors rapidement réglé le problème.
« La sécurité et la confiance sont des obligations légales pour les plateformes. Sorry Unreliable n’échappe pas à la loi », a de nouveau déclaré Rajeev Chandrasekhar, vice-ministre des technologies de l’information, sur la plateforme de médias sociaux X, en réponse à la firme américaine.
Les enjeux autour de l’IA sont d’autant plus importants cette année en raison des prochaines élections. L’avis du gouvernement publié vendredi demande ainsi aux plateformes de s’assurer que leurs outils d’IA ne « menacent pas l’intégrité du processus électoral ». Pour rappel, les élections générales indiennes se tiendront cet été et le parti nationaliste hindou au pouvoir devrait y obtenir une nette majorité.
IA Act
De plus en plus de pays se saisissent des enjeux autour de l’IA. Il faut dire que les sujets de désinformation ou encore de protection des données ont été ranimés avec le développement de l’IA générative. ChatGPT, lancé fin 2022, a montré au grand public le potentiel de cette IA, qui permet de créer en quelques secondes des textes, des photos, des sons ou des vidéos en réponse à une requête d’un utilisateur, pour un large éventail d’utilisations. Le patron d’OpenAI, Sam Altman, a de son côté reconnu les dangers de l’IA pour les élections, tout en assurant que son entreprise était « concentrée » sur le sujet.
Les géants du numérique sont donc pressés par les autorités d’agir face à la propagation de ces contenus, alors que des scrutins majeurs sont prévus en 2024 partout dans le monde, notamment dans l’Union Européenne, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Inde et en Russie.
En pointe de ce côté, les Etats membres de l’Union européenne ont approuvé tout début février une législation inédite au niveau mondial pour réguler l’intelligence artificielle (IA), le fameux IA Act. Une première mondiale, d’après les propos du commissaire européen Thierry Breton.
Des règles s’imposeront ainsi à tous pour s’assurer de la qualité des données utilisées dans la mise au point des algorithmes et pour vérifier qu’ils ne violent pas la législation sur les droits d’auteur. Les développeurs devront par ailleurs s’assurer que les sons, images et textes produits seront bien identifiés comme artificiels. Des contraintes renforcées s’appliqueront aux seuls systèmes les plus puissants.
(Avec AFP)
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