En Inde : l’hindouisme, histoire et pouvoir

L’Inde est célébrée comme la première démocratie du monde, dont les fondements, les ambitions et les procédés appellent donc spécialement l’attention. Or il se trouve qu’un national-populisme s’y affirme actuellement, avatar original de cette forme de gouvernement qui prospère, de nos jours, dans divers pays du globe. Sous la houlette du premier ministre Narendra Modi, l’hindouisme, première religion du pays et seul polythéisme qui soit préservé à la dimension d’une nation, s’efforce d’imposer son hégémonie aux musulmans, aux chrétiens ou aux sikhs. Elle s’y emploie souvent par la violence physique mais aussi par une mainmise sur l’Histoire. Il s’agit pour elle d’imposer, grâce notamment à l’enseignement, une lecture du passé qui justifie son emprise sur les âmes. Modi et les siens travaillent, avec tous les instruments de la politique et de la culture, à effacer l’héritage du parti du Congrès. Celui-ci, réfugié aujourd’hui dans l’opposition, a gouverné l’Inde, le plus souvent, sous l’autorité de Nehru et de ses héritiers depuis l’indépendance qui a mis fin, en 1947, à la colonisation britannique, jusqu’à sa lourde défaite de 2014 devant Modi. Le Congrès défendait une Constitution qui assurait à tous les citoyens la liberté de pensée, d’expression, de croyance et de culte. La rupture avec ce temps de la tolérance a donc été très rude. La professeure Anne Viguier dirige le département de l’Asie du sud et de l’Himalaya à l’Institut des langues orientales. Elle a choisi pour sous-titre à sa récente et limpide « Histoire de l’Inde » la formule : « Du pays des mille dieux à la puissance mondiale ». Elle va nous aider à comprendre comment Modi et les siens, invoquant la longue durée, associent un hindouisme sûr de lui et dominateur avec l’espoir affiché d’installer leur pays comme une superpuissance sur la planète entière.

ARCHIVES

L’éducation hindouiste, « Grand reportage » (RFI), de Sébastien Farcis, 17 février 2020.

Causerie d’Alfred FOUCHER Archéologue, philologue, historien de l’art, indianiste français (1865-1952) sur l’hindouisme, « Heure de culture française », 02 mai 1950.

Jeûne de Gandhi en 1947 pour apaiser la dissension Inde-Pakistan, lu par Jacques PENAUD ou Roger JACQUET, dans l’émission « Gandhi », de Nadine Lefebure, 30 juin 1973.

Massacre de 2002 dans le Gujarat, « Grand reportage » (RFI), de Sébastien Farcis, 31 mars 2014.

Ravi Shankar, bande originale du film Gandhi de Richard Attenborough, 1982.

BIBLIOGRAPHIE

Anne Viguier, Brève Histoire de l’Inde, Flammarion, 2023.

Nathalie Kouamé, Anne Viguier, Eric P. Meyer (dir.), Encyclopédie des historiographies. Afriques, Amériques, Asies, deux tomes, Presses de l’Inalco, 2020.

Nathalie Kouamé, Catherine Coquery-Vidrovitch, Anne Viguier, Eric P. Meyer (dir.), Historiographies d’ailleurs ; comment écrit-on l’histoire en dehors du monde occidental ?, Karthala, 2014.

Christophe Jaffrelot, Les Nationalistes hindous , Presses de Sciences Po, Paris, 1993.

Christophe Jaffrelot, Modi’s India: Hindu Nationalism and the Rise of Ethnic Democracy, Princeton University Press, 2021.

Martine Van Woerkens, Nous ne sommes pas des fleurs : deux siècles de combats féministes en Inde, Albin Michel, 2010.

Michel Angot, L’Histoire des Indes, Les Belles Lettres, 2017.

Éric-Paul Meyer, Une histoire de l’Inde. Les Indiens face à leur passé, Albin Michel, 2019.

Catherine Clémentin-Ojha (dir.), Dictionnaire de l’Inde, Larousse, 2009.

Sunil Khilnani, L’Idée de l’Inde, Fayard, 2005.

Sanjay Subrahmanyam, Leçons indiennes. Itinéraires d’un historien, Alma, 2015.

Jean-Claude Carrière, Dictionnaire amoureux de l’Inde, Plon, 2001.

Arundhati Virmani, Atlas historique de l’Inde, du VIe siècle av. J.-C. au XXIe siècle, Autrement, 2016.

Louis Frédéric, Le Nouveau dictionnaire de la civilisation indienne, Bouquins, Robert Laffont, 1987, 2018.