Macron en Inde : le temple Modi
Macron en Inde : le temple Modi
Ils sont une petite centaine, ce dimanche 21 janvier, à agiter des drapeaux safran en criant jusqu’à en perdre la voix « Jai shri Ram » («gloire au dieu Ram »), devant les grandes affiches d’un temple hindou. Ce temple dédié à Ram, que le premier ministre indien, Narendra Modi, inaugurait le lendemain à Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh, a été construit sur les ruines d’une mosquée du XVIe siècle détruite par des extrémistes hindous en 1992.
Le conflit avait fait des milliers de morts, notamment des musulmans. Quant à Ram, il s’agit d’une divinité indienne récupérée par les suprémacistes, héros du Ramayana, l’une des deux grandes épopées écrites en sanskrit – la langue prônée par Modi pour changer le nom de l’Inde en « Bharat ».
Cette inauguration religieuse est donc hautement symbolique du nationalisme ethnique pratiqué par le premier ministre indien, au mépris de la laïcité. Au pouvoir depuis 2014, il drague ses ouailles nationalistes pour briguer un troisième mandat lors des prochaines élections législatives, qui s’étaleront d’avril à mai 2024.
La ville d’Ayodhya, destinée à être la capitale mondiale de l’hindouisme, a donc été rasée en partie pour le temple de Ram, et l’incroyable cérémonie religieuse a réuni plusieurs milliers de personnes. Des retransmissions étaient disponibles pour les membres de la diaspora indienne, dont certains fêtaient l’événement dans le monde entier. Car la scène de manifestation nationaliste ne se déroulait pas en Inde. Les drapeaux safran flottaient bel et bien sur le pont d’Iéna, sous la tour Eiffel.
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