Des Palestiniens entre fierté et frustration après la décision de la CIJ
Des Palestiniens entre fierté et frustration après la décision de la CIJ
Publié le 27 janvier 2024
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De Gaza à la Cisjordanie, les Palestiniens ont suivi pleins d’espoir le prononcé de l’ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ). La décision tombée, ils oscillaient vendredi entre fierté et frustration. « Je me sens fière de la décision de la Cour, c’est la première fois que le monde dit à Israël qu’il dépasse les bornes », réagit Maha Yasin depuis Rafah, dans la bande de Gaza, après que la CIJ s’est prononcée sur des mesures urgentes réclamées par l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de génocide depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre.
« Ce qu’Israël nous a fait à Gaza pendant quatre mois ne s’est jamais produit dans l’histoire. Au moins, j’ai l’impression que le monde a commencé à compatir avec nous », poursuit cette Palestinienne de 42 ans, l’une des 1,7 million de Palestiniens déplacés, selon des estimations de l’ONU, par les bombardements israéliens intenses et les combats.
26 083 personnes tuées
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 26 083 personnes, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents ont été tuées dans la guerre depuis octobre dernier. À Ramallah, en Cisjordanie occupée, c’est la déception parmi les dizaines de Palestiniens réunis dans un cinéma. « C’est inacceptable que le monde reste silencieux », lance Hala Abu Gharbiyeh, un drapeau sud-africain dans la main.
La plus haute juridiction de l’ONU a appelé Israël à empêcher tout acte éventuel de « génocide » et à autoriser l’accès humanitaire dans la bande de Gaza. « Le tribunal aurait pu clairement demander un cessez-le-feu, en plus de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza », gouverné par le Hamas depuis 2007, estime Hala Abu Gharbiyeh.
L’ordonnance de la CIJ est tombée au 112e jour de la guerre déclenchée le 7 octobre, après l’attaque par le Hamas sur le sol israélien qui a entraîné la mort de plus de 1 140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. En riposte, Israël a juré « d’anéantir » le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment, et lancé une vaste opération militaire.
Reconnaissant envers l’Afrique du Sud
Vendredi, autour de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, une marée humaine s’est formée. L’armée israélienne relaie depuis la veille des messages, en arabe, sur les réseaux sociaux, enjoignant la population à évacuer certaines zones de la ville où des blindés ont pris position.
Par dizaines de milliers, des Palestiniens tentent de fuir Khan Younès et de trouver un refuge plus au sud encore de la petite langue de terre de 365 km2. Mais la frontière égyptienne est très proche. Parmi eux, de nombreux enfants. Certains sont assis par terre dans le froid, devant l’université d’Al-Aqsa, à l’ouest de Khan Younès. D’autres marchent avec comme seuls effets une couverture.
L’armée israélienne a fouillé certaines personnes et ouvert le feu, selon des témoins. Dans ce nouveau flot de réfugiés, Mushtana Musalim se dit « reconnaissant à l’État d’Afrique du Sud » d’avoir porté plainte contre Israël », une « avancée » en soi pour les Palestiniens, selon cet homme de 56 ans. « Mais si l’on remonte dans l’histoire, Israël n’a pas reconnu les décisions internationales », commente-t-il. Les ordonnances de la CIJ sont juridiquement contraignantes et sans appel mais elle n’a aucun moyen pour les faire appliquer.
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(Avec AFP)
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