« Il n’y a aucune preuve de la mort de Prigojine »
« Il n’y a aucune preuve de la mort de Prigojine »
Publié le 22 janvier 2024
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Le 23 août 2023, un peu après 15 heures GMT, l’Embraer immatriculé RA-02795 s’écrasait au sol dans les environs de Koujenkino, dans l’oblast russe de Tver, après avoir été, semble-t-il, victime d’une explosion à l’intérieur même de sa carlingue. Il avait décollé un peu plus tôt de l’aéroport de Moscou-Cheremetievo et se dirigeait vers celui de Poulkovo, à Saint-Pétersbourg.
Aussitôt, l’événement fait les gros titres. Et pour cause : selon l’Agence fédérale russe du transport aérien, parmi les dix personnes à bord, dont trois membres d’équipage, figurent Evgueni Prigojine, dirigeant de Wagner, Dmitri Utkin, bras droit de ce dernier, et de cinq cadres du groupe, Valeri Tchekalov, Sergueï Propoustine, Evgueni Makarian, Alexandre Totmine, et Nikolaï Matousseïev.
Rapidement, le groupe Wagner confirme la mort d’Evgueni Prigojine, via ses canaux habituels, dont Telegram. Il salue un « héros de la Russie, véritable patriote de sa patrie […] décédé des suites des actions de traîtres à la Russie ». Le lendemain, le président russe Vladimir Poutine adresse ses condoléances aux familles des victimes et salue Prigojine, le présentant comme un homme « talentueux » mais qui a commis des « erreurs ».
« La vengeance » de Poutine
Le directeur de la Central Intelligence Agency (CIA, renseignements extérieurs américains), William Burns, déclare quant à lui que « la vengeance est un plat que Vladimir Poutine préfère servir froid », reprenant à son compte la thèse largement partagée d’une exécution ordonnée par le Kremlin. Ce dernier aurait agi en représailles de la tentative avortée de rébellion de Wagner en juin 2023.
Depuis, une enquête a été ouverte en Russie, qui a conclu qu’aucun impact externe n’avait été repéré sur la carcasse de l’avion, dont le crash serait donc dû à une explosion interne, sans doute de munitions – des grenades – que l’aéronef transportait. Mais ces investigations russes – dont l’indépendance et la fiabilité ont été aussitôt remises en cause – n’ont pas éteint les doutes.
Théorie du complot ou doute légitime ?
Ainsi, ce 21 janvier, le journal américain The Financial Times a publié un portrait de Kyrylo Budanov, le patron des renseignements militaires ukrainiens, dans lequel ce dernier remet en cause, à mots couverts, la version officielle. « En parlant de Prigojine, je ne tirerais pas de conclusions aussi rapides, déclare-t-il. Je ne dis pas qu’il n’est pas mort ou qu’il l’est. Je dis qu’il n’y a aucune preuve de sa mort. »
Théorie du complot ? Doute légitime ? Depuis la disparition annoncée de son financier, Wagner a en tout cas opéré une mue forcée, en Ukraine comme en Afrique. Comme l’a longuement expliqué Jeune Afrique, le groupe évolue aujourd’hui sous la surveillance étroite des renseignements militaires et du ministère de la Défense russe, lesquels – au-delà de cette reprise en main – tentent aussi de conserver les acquis gagnés par Prigojine en Centrafrique ou au Mali.
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