Guerre à Gaza : Les ouvriers indiens vont-ils remplacer les ouvriers palestiniens en Israël ?
Guerre à Gaza : Les ouvriers indiens vont-ils remplacer les ouvriers palestiniens en Israël ?
Narendra Modi aime se parer des atours du dirigeant visionnaire. Le 26 décembre, le premier ministre indien a déroulé un plan stratégique pour les vingt-cinq prochaines années visant à soutenir la jeunesse indienne. En passe de devenir la 3e économie mondiale, l’Inde jouit de la deuxième plus grande force de travail après la Chine. Avec un taux de chômage de 45 % chez les moins de 25 ans, elle peine toutefois à offrir des débouchés. Narendra Modi pourrait profiter de la guerre au Proche-Orient et du retrait par Tel-Aviv des permis de travail à 90 000 ouvriers palestiniens du BTP.
Haim Feiglin, vice-président de l’Association des constructeurs d’Israël (IBA), espère la conclusion d’un accord avec New Delhi pour « ramener (l’activité) à la normale » alors que le secteur devrait connaître un taux de croissance annuel de plus de 2 % entre 2024 et 2027, notamment grâce à la colonisation. Le directeur adjoint de l’IBA table sur le recrutement de 10 000 Indiens à compter du 27 décembre et de 30 000 à terme.
Une étroite collaboration entre les deux gouvernements
À l’instar des Thaïlandais, Népalais et Sri-Lankais, qui triment dans les fermes du centre et du sud d’Israël, 20 000 ressortissants indiens sont déjà présents, majoritairement dans la santé et l’accompagnement des personnes âgées. « Leur présence dans l’industrie de la construction est relativement nouvelle et est la conséquence du cycle de violences », résume le chercheur P. R. Kumaraswamy de l’université Jawaharlal-Nehru pour la radio allemande Deutsche Welle.
La coopération des gouvernements d’extrême droite indien et israélien dans la défense, l’agriculture et les nouvelles technologies se fonde sur la poursuite d’une politique coloniale en Palestine et au Jammu-et-Cachemire. Dix grands syndicats indiens pointent le cynisme du gouvernement, prêt à envoyer au feu les travailleurs du sous-continent, et expriment leur refus de participer à la logique d’apartheid. « En tant que l’une des plus grandes démocraties au monde, l’Inde devrait consacrer ses efforts à garantir un cessez-le-feu, et non à profiter davantage de la violence », fustige en outre Nicholas McGeehan, le directeur du groupe britannique de défense des droits humains FairSquare.
Une arrivée de travailleurs discutée depuis 2022
Le ministre indien des Affaires étrangères, V. Muraleedharan, assurait pourtant, le 14 décembre devant le Parlement, qu’aucun Indien ne remplacerait les Palestiniens. Pour lui, le partenariat avec Tel-Aviv s’inscrit dans le cadre de discussions plus larges entamées en 2022. Israël confirme que l’arrivée anticipée de travailleurs indiens était bien à l’ordre du jour d’un appel entre le premier ministre Benyamin Netanyahou et Narendra Modi daté du 19 décembre.
Au cœur de la province indienne de l’Haryana, administrée par le Parti du peuple indien (BJP) du premier ministre, une agence gouvernementale a pris les devants et proposait, ce mois-ci, 10 000 postes dans le BTP israélien. Le gouvernement de l’Uttarakhand serait également sur les rangs. Le Sri Lanka, qui fait face à une grave crise, pourrait conclure un accord similaire pour l’envoi de 20 000 travailleurs dans les prochains jours.
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