Pyrénées-Orientales – Parachutistes tombés en Algérie : « Comme ce Perpignanais tué 3 semaines après son mariage, ils se demandaient pourquoi tout ça »

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Pyrénées-Orientales – Parachutistes tombés en Algérie : « Comme ce Perpignanais tué 3 semaines après son mariage, ils se demandaient pourquoi tout ça »

À l’occasion de la journée nationale d’hommage aux morts pour la France en Afrique du Nord, ce mardi 5 décembre 2023, un historien auteur d’un ouvrage, paru en juin dernier, consacré aux parachutistes engagés dans le conflit algérien, revient sur l’un d’entre eux : Albert Saisset, Catalan abattu au combat en Kabylie. 

« Qu’il s’agisse des généraux ou des appelés, dès lors que le général De Gaulle a évoqué pour la première fois le droit des Algériens à l’autodétermination, en septembre 1959, les troupes commencèrent à se demander à quoi bon souffrir et mourir pour une cause qui était entendue. »  Patrick-Charles Renaud, historien auteur de nombreux ouvrages, notamment sur différents conflits, et dont plusieurs sur l’Algérie, depuis 1987, s’est concentré cette fois sur ce questionnement qui a mené à l’épisode du putsch des généraux. Son dernier essai, intitulé « Parachutistes du 14e RCP en Algérie – Des doutes à la révolte« , lui a permis entre autres de s’arrêter sur le destin d’Albert Saisset.

Né à Perpignan en juin 1932, ce jeune parachutiste engagé, passé par le fort de Collioure, a été « tué en Algérie, presque bêtement, raconte l’historien, dans les montagnes de Kabylie. » Le jeune sergent-chef s’était marié trois semaines plus tôt. « Il combattait en terrain broussailleux, il faisait manœuvrer son groupe dans le lit d’un oued quand ils sont tombés sur une bande de moudjahidines. C’est un combattant caché dans un buisson qui l’a abattu« , poursuit l’auteur, qui a pu échanger avec le frère du sous-officier. Un autre appelé est tombé en même temps que lui. Et selon des témoignages recueillis pour les besoins de son livre, « un lieutenant, appelé lui, a dû s’occuper d’un sergent, compagnon d’Albert Saisset, un gitan catalan engagé comme son ami, qui a été particulièrement affecté par la mort de son camarade. » 

C’était devenu tellement idiot, qu’il fallait faire quelque chose

Pour Patrick-Charles Renaud, venu à se passionner pour cet épisode en marchant sur les traces de son oncle picard, parachutiste du 14e RCP embarqué à Port-Vendres « le 22 février 1957 à l’âge de 20 ans » et mort au combat en Algérie, ces soldats ne jouaient pas à armes égales. « Leurs adversaires avaient l’avantage du terrain », avance-t-il et dans des régions montagneuses comme la Kabylie ou l’Aurès, c’est capital. Mais ce n’est pas tout : « Ils affrontaient aussi des hommes qui défendaient leur pays, qui pour certains avaient combattu dans l’armée française, et donc non seulement avaient une expérience que nos troupes, à 90% constituées d’appelés, n’avaient pas, mais en connaissaient aussi le fonctionnement de l’intérieur. » 

L'auteur de l'essai historique concentre sa réflexion sur l'engagement des parachutistes dans la guerre d'Algérie.
L’auteur de l’essai historique concentre sa réflexion sur l’engagement des parachutistes dans la guerre d’Algérie.
Capture vidéo YouTube – DR

À cela, s’est vite ajoutée l’incompréhension du sens de ce qui n’était alors pas appelé une guerre, mais qui en avait la violence et la dureté. « Les généraux qui ont conduit la révolte, comme les appelés, se demandaient le pourquoi de ces combats, développe l’auteur. Les souffrances endurées n’avaient plus aucun sens à leurs yeux. Surtout confrontés, une fois appelés à la rescousse dans les rues d’Alger, au désarroi des pieds-noirs dont certains épousèrent la cause. Autant d’interrogations qui ont conduit une partie de l’état-major à l’impensable. Et au sujet duquel l’auteur affirme : « Ce putsch, c’était de l’amateurisme, ils ne voulaient pas vraiment prendre le pouvoir, ni faire un coup d’Etat. Mais c’était devenu tellement idiot, qu’il fallait faire quelque chose. »

« Parachutistes du 14e RCP en Algérie – Des doutes à la révolte » (septembre 1959 à avril 1961), 240 pages en format 17 X 24 cm richement illustré, à partir de collections privées. Éditions Memorabilia. 34€.

 

La secrétaire d’Etat ce mardi à Port-Vendres

A l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux Morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, la secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire Patricia Miralles sera dans les Pyrénées-Orientales ce mardi 5 décembre 2023. Elle se rendra symboliquement à Port-Vendres, lieu d’où embarquèrent de nombreuses troupes pour traverser la Méditerranée. De là, la secrétaire d’Etat présidera à partir de 14 h 30 la cérémonie nationale d’hommage aux Morts pour la France, aux rapatriés, aux personnes disparues et aux victimes civiles pendant les différents combats d’Afrique du Nord.

Les autorités seront réunies à cet effet au mémorial inauguré le 30 août 2022 par la secrétaire d’Etat à l’occasion de la Journée Internationale des Disparus. Le monument porte, gravés sur douze plaques, les noms des 652 militaires disparus durant la guerre d’Algérie. Le mémorial se situe route de la Jetée, en direction du phare de Port-Vendres, sur la redoute Mailly, il fait face au port et domine la mer.

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