Or : derrière le nouveau record, le rebond des achats de la Chine, de l’Inde ou encore de l’Arabie saoudite

Or : derrière le nouveau record, le rebond des achats de la Chine, de l’Inde ou encore de l’Arabie saoudite

Publié le 4 déc. 2023 à 16:55

Les cours de l’or ont franchi cette nuit, durant la séance asiatique, le seuil des 2.100 dollars l’once pour la première fois de leur histoire, dépassant les niveaux atteints pendant la crise sanitaire. Le métal précieux gagne 14% en Bourse depuis la fin septembre (ou près de 300 dollars). D’une part parce que le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas a provoqué une ruée vers cet actif refuge. Ensuite, le rebond s’est accéléré quand cet « antidollar », qui n’a rien à gagner de la hausse des taux puisqu’il n’est pas porteur d’intérêts, a profité des anticipations, de plus en plus intenses, selon lesquelles les banques centrales baisseraient leurs taux avant l’été.

Les cours de l’once d’or ont poussé jusqu’à 2.135,39 dollars cette nuitBloomberg

« Les marchés anticipent plusieurs baisses de taux d’intérêt l’année prochaine, aux États-Unis mais aussi en Europe », indique Alexander Zumpfe, négociant en métaux précieux chez Heraeus, pour qui « l’or devrait continuer à monter en flèche l’année prochaine » à mesure que les signes d’assouplissement de politique monétaire deviendront plus évidents.

L’or est également soutenu par les investisseurs qui n’adhèrent pas au scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine et qui pensent, comme la banque JPMorgan, qu’une récession reste probable aux Etats-Unis en 2024.

Chez Gavekal Research, on rappelle aussi l’importance de la bonne santé économique des pays émergents pour la consommation d’or. Entre 2001 et 2011, les cours de l’or ont été multipliés par sept en plein boom des Brics. Les années qui ont suivi, l’once est retombée sur le seuil des 1.000 dollars malgré le déficit massif des Etats-Unis ou la crise de l’euro. Plus il y a de riches dans les pays émergents, mieux les cours de l’or se portent.

Un « évènement fascinant » en Arabie saoudite

« La majeure partie de la demande mondiale d’or physique provient des économies émergentes. Très peu d’Européens et encore moins de Nord-Américains accumulent des pièces ou des lingots d’or dans leur coffre-fort, indique Louis-Charles Gave, dirigeant du cabinet d’analyse macroéconomique basé à Hong Kong. En revanche, en Chine, en Inde, en Indonésie, en Arabie saoudite et ailleurs dans le monde émergent, la détention d’or physique fait partie intégrante d’une diversification financière normale. Cela peut s’expliquer par le fait que les épargnants n’ont pas confiance dans leurs systèmes financiers. Ou bien parce que l’or reste le meilleur moyen de dissimuler des richesses aux gouvernements. »

Il cite également des différences culturelles, comme le besoin d’or pour les dots dans la tradition hindouiste. Et, d’un point de vue économique, l’Inde a défié toutes les anticipations négatives. Le pays, endetté en partie en dollars, a bien résisté à la remontée des taux aux Etats-Unis et à l’augmentation des prix du pétrole. Quant à la Chine, son économie semble avoir atteint un point bas au deuxième trimestre de cette année si bien que, aujourd’hui, « il semble plus probable que la Chine achète de l’or qu’elle n’en vende », explique Louis-Charles Gave. De même, il estime qu’en ce moment « l’investisseur moyen-oriental est susceptible d’acheter de l’or, même en l’absence d’une flambée des prix du pétrole. » L’Arabie saoudite, le Emirats arabes unis ou encore le Koweït sont, historiquement, de gros acheteurs d’or quand ils s’enrichissent avec le pétrole cher. Or, cette année, les cours de l’or noir sont en baisse.

« La faiblesse des prix du pétrole au cours des deux derniers mois pourrait donc sembler s’opposer à une augmentation des achats d’or au Moyen-Orient. Cependant, un événement fascinant – et peut-être historiquement significatif – pourrait suggérer le contraire. Le mois dernier, la banque centrale d’Arabie saoudite a signé une ligne de swap en renminbi d’une durée de trois ans avec la Banque populaire de Chine ». Un bouleversement qui, d’après l’économiste, contribue à soutenir les cours de l’or puisque ce début de désancrage de l’Arabie saoudite au dollar (le royaume vend son pétrole et son blé dans cette monnaie sur laquelle est indexée par ailleurs le riyal) crée de l’incertitude monétaire. « Et en période d’incertitude, le réflexe évident est d’acheter de l’or ».

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