confusion autour de la remise en liberté provisoire de deux principaux suspects

confusion autour de la remise en liberté provisoire de deux principaux suspects

Au Cameroun, la confusion règne dans l’affaire Martinez Zogo, journaliste retrouvé assassiné en janvier dernier. Dans la journée, le juge d’instruction avait pris une ordonnance pour demander la libération provisoire de deux des principaux accusés mais la situation a été chamboulée en début de soirée.

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Pour les avocats des deux accusés, la journée avait bien commencé. Le juge d’instruction avait pris une ordonnance dans laquelle il ordonnait la libération du patron des renseignements, Léopold Maxime Eko Eko, et de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, deux des principaux prévenus dans cette affaire. Un véritable coup de tonnerre dans ce dossier ultrasensible. Dans ce document, le magistrat expliquait qu’après diverses auditions et les confrontations avec un de leurs principaux accusateurs, le lieutenant-colonel Justin Danwe, la détention des deux inculpés n’était « plus nécessaire à la manifestation de la vérité », selon le texte.

Une longue attente devant la prison 

L’ordonnance fuite sur les réseaux sociaux, parents, amis des accusés affluent alors devant la prison principale de Yaoundé Kondengui où ils sont incarcérés, rapporte notre correspondant, Polycarpe Essomba. Dans la cour attenante à la prison, ce sont embrassades et larmes de joie, et aussi incrédulité chez certains, car la nouvelle qui a pris tout le monde de court. 

L’ arrivée des avocats des parties, venus procéder aux formalités de levée d’écrous, en fin d’après-midi, finit de convaincre les sceptiques que la libération des prévenus était imminente. Les avocats affirment avoir déchargé l’ordonnance, c’est-à-dire qu’ils ont signé pour confirmer la réception du document. Selon la procédure, le juge d’instruction devait ensuite la transmettre au commissaire du gouvernement, lui-même chargé d’ordonner la libération des deux inculpés.

Mais l’attente se fait lancinante, et des rumeurs sur des tractations en haut lieu sèment le doute sur l’esplanade de la prison. Pourquoi les accusés ne sortent-ils pas ? se demandent les proches parents, pressés de communier avec les leurs. Les minutes et les heures d’attente se font interminables jusqu’à ce nouveau coup de théâtre : autour de 22 h, commence à circuler -comme dans un deuxième acte – un document indiquant que les précédents, notamment l’ordonnance du juge d’instruction du tribunal militaire portant décision de libération, était un faux.

« Nous refusons d’y croire »

Léopold Maxime Eko Eko et Jean-Pierre Amougou Belinga devaient finalement rester en détention. Les avocats des deux hommes dénoncent alors un scandale et une manipulation. Me Seri Simplice Zokou, avocat de Léopold Maxime Eko Eko, s’indigne.

Nous réagissons assez mal et avec beaucoup de stupéfaction.

Me Seri Simplice Zokou, avocat de Leopold Maxime Eko Eko

Sébastien Németh

Un imbroglio incompréhensible pour l’avocat des ayants droit de Martinez Zogo, Me Calvin Job. Ce qu’il qualifie de « tentative d’évasion » ne vise qu’à décrédibiliser l’instruction et éloigne un peu plus la vérité. « Il y a des individus qui ont organisé ce qu’on considère comme une tentative d’évasion sur la base de ces documents apocryphes. Ils ont organisé ça dans le dos de la justice, en salissant le nom de cette institution ». Maître Calvin Job se dit « choqué par le procédé » et demande qu’une enquête soit menée pour savoir « qui est responsable, qui a fait quoi et comment ». L’avocat estime que les personnes que dénonçait Martinez Zogo « sont toujours à l’œuvre ». « Ce sont les mêmes gens tapis dans l’ombre qui, depuis, mettent la pression aux magistrats, aux intervenants dans cette procédure, pour l’orienter dans un sens ou dans l’autre », conclut-il.

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