touchée au cœur par une flèche, une fillette sauvée par le savoir-faire de l’hôpital général de Yaoundé
touchée au cœur par une flèche, une fillette sauvée par le savoir-faire de l’hôpital général de Yaoundé
Au Cameroun, Rokayatou, 9 ans, a été opérée à cœur ouvert avec succès, le 30 octobre 2023 à Yaoundé. La fillette avait été atteinte par accident par une flèche, dans la région de l’Extrême-Nord. Un sauvetage qui illustre l’excellence grandissante de l’hôpital général de la capitale camerounaise en chirurgie cardiaque. Explications.
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L’histoire aurait pu être tragique. Elle s’est bien terminée. Le vendredi 28 octobre, Rokayatou S., 9 ans, joue avec d’autres enfants et des flèches dans une cour de son village du Mayo-Kani. Quand, soudain, une flèche tirée par un des enfants lui perfore la poitrine. Assez profondément pour atteindre le cœur et percer la paroi de l’atrium, aussi connue sous le nom d’oreillette cardiaque.
Transfert et opération à cœur ouvert
Le père de Rokayatou, voyant son enfant s’effondrer, l’emmène tout de suite à l’hôpital général de Garoua, dans la région Nord, sans chercher à retirer la flèche, ce qui évite à l’enfant de se vider de son sang.
À Garoua, première transfusion. Mais n’étant pas en mesure de fermer la plaie en profondeur, l’équipe saisit le délégué régional et l’hôpital général de Yaoundé est alerté. La jeune patiente est transférée par avion vers la capitale. Elle y arrive le 29 octobre, la flèche toujours dans le thorax.
L’enfant est du groupe sanguin O négatif. L’hôpital active sa liste de donneurs. Entrée au bloc opératoire le 30 octobre, l’opération dure six heures, à cœur ouvert, avec dérivation de la circulation sanguine en dehors du corps de l’enfant, le temps d’extraire la flèche et de fermer la brèche. Rokayatou est sauvée. Après deux semaines en observation, elle a pu rentrer chez elle.
Je félicite la jeune équipe de chirurgie cardiaque de l’HGY qui vient de sauver la vie à une fillette de 9 ans ayant reçu une fléche en plein coeur: Évacuation sécurisée de l’Extrême-Nord, intervention à coeur ouvert, réanimation spécialisée… et une vie sauvée. Merci et bravo ! pic.twitter.com/mI5gNf6ZWr
— Dr MANAOUDA MALACHIE (@DrManaouda) October 31, 2023
« Une fois qu’on est formé, une fois qu’on a le matériel, on peut le faire »
Une petite fille sauvée par une chirurgie cardiaque à cœur ouvert pratiquée en urgence dans son pays, le Cameroun, cela n’aurait pas été possible il y a encore quelques années. Pendant ces trente dernières années, des équipes de chirurgie cardiaque venaient ponctuellement de l’étranger pour faire des opérations. Mais entre deux passages, pas d’expertise locale.
Depuis 2018, changement de stratégie. Depuis cinq ans, l’hôpital général de Yaoundé construit une équipe : six chirurgiens, des anesthésistes et infirmier(ès) formés. Il s’équipe. Plus de 30 chirurgies cardiaques ont déjà été pratiquées en autonomie.
Celle de Rokayatou, menée en urgence avec un transfert, est une étape forte pour l’équipe. Le professeur Vincent Djiencheut, neurochirurgien et directeur général de l’établissement, rêve qu’un jour tous les cas nécessitant une chirurgie cardiaque au Cameroun pourront être pris en charge dans le pays, sans plus avoir besoin de transférer les patients à l’étranger.
« Il faut absolument que les gouvernements comprennent qu’il y a intérêt à investir localement, insiste-t-il au micro d’Amélie Tulet. Développer localement des équipes vaut mieux que faire venir des équipes complètes de l’étranger qui viennent poser des actes et repartent. Nous avons tous souvent tendance à nous sous-estimer. Là, nous avons testé notre système interne de fonctionnement. Une fois qu’on est formé, une fois qu’on a le matériel, on peut le faire. À condition de bien s’organiser en équipe ! »
Le professeur Vincent Djiencheut précise : « On ne peut pas faire la chirurgie cardiaque dans tous les hôpitaux, il faut regrouper les spécialistes. Il faut créer des pôles d’excellence. Une tendance actuellement à la mode, c’est : « Est-ce que chaque hôpital peut tout faire ? » Non ! Il faut créer des pôles d’excellence. Tous les hôpitaux ne peuvent pas tout faire. Alors que, s’il y a une bonne organisation, une bonne structuration des services, des pôles d’excellence, ce sera l’avenir. C’est la formule qui sera durable dans le temps. »
À noter que, en 2019, plusieurs chirurgiens cardiaques africains avaient signé à Abidjan en Côte d’Ivoire une déclaration appelant au développement de la chirurgie cardiaque à cœur ouvert en Afrique subsaharienne pour sauver des vies.
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