En Inde, le scandale de l’affaire Adani remonte jusqu’à Narendra Modi

En Inde, le scandale de l’affaire Adani remonte jusqu’à Narendra Modi

Les accusations et les indices semblent s’accumuler contre le groupe de Gautam Adani. Au mois de janvier, déjà, Hindenburg Research accusait le magnat indien de s’être rendu coupable de « fraude comptable éhontée, de manipulation d’actions et de blanchiment d’argent ». Selon le cabinet américain de recherche en investissement, un vaste labyrinthe de sociétés-écrans basées à l’étranger aurait collectivement transféré des milliards de dollars dans les entreprises d’Adani cotées en Bourse, notamment afin de faire croire à leur bonne santé financière. A l’époque, le conglomérat de Gautam Adani avait répondu en qualifiant le rapport de la firme américaine d’« attaque calculée contre l’Inde ».

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Mais une nouvelle enquête, publiée en août par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), révèle les détails d’une opération offshore complexe à l’île Maurice, apparemment contrôlée par les associés d’Adani, qui aurait été utilisée pour soutenir le cours des actions de son groupe de sociétés de 2013 à 2018.

Deux hommes qui « entretiennent des liens étroits avec la famille Adani » auraient passé plusieurs années à acheter et à vendre des actions du groupe pour des centaines de millions de dollars. « Il existe des traces montrant que les fonds d’investissement qu’ils ont utilisés pour acheter les actions du groupe Adani ont reçu des instructions d’une société contrôlée par un membre haut placé de la famille Adani », écrit l’OCCRP.

« Trop compliqué »

Après la publication du rapport Hindenburg, le premier ministre indien, Narendra Modi, a été confronté à une série de questions sur la nature de sa relation avec Gautam Adani, l’opposition en ayant fait un de ses thèmes majeurs dans l’enceinte du Parlement. Le nationaliste hindou a également été interrogé sur des accusations de favoritisme dont le groupe aurait bénéficié de la part de son gouvernement.

« L’un des principaux éléments de la stratégie de l’opposition pour les élections législatives 2024 est de dire que ce gouvernement est capturé par une petite poignée d’entreprises de l’élite et que cela va à l’encontre des intérêts des citoyens ordinaires », confirme Milan Vaishnav, directeur du programme Asie du Sud de la Fondation Carnegie pour la paix internationale. Mais « la chaîne des événements dénoncée par le rapport Hindenburg est bien trop compliquée pour en faire un récit simple », prévient-il. Le chercheur estime que « l’Indien moyen n’est pas disposé à croire que Modi est personnellement corrompu. C’est pourquoi l’attaque contre Adani a peu de chances de réussir. Par ailleurs, il n’existe pas non plus de preuve irréfutable le liant directement à Modi ».

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