En Algérie, opération déboulonnage dans le top management de Sonatrach
En Algérie, opération déboulonnage dans le top management de Sonatrach
Publié le 9 novembre 2023
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La dernière fois que le top management du groupe Sonatrach a été décapité remonte à janvier 2010, lorsque dix membres de la direction dont trois vice-présidents avaient été mis sous mandat de dépôt ou placés sous contrôle judiciaire dans une affaire de corruption. Cette fois-ci, si les changements opérés ne sont pas liés – du moins pour l’instant –, à une affaire de même nature. Ils n’en constituent pas moins une sanction pour les concernés. Et l’on a rarement assisté, depuis l’épisode de 2010, à un déboulonnage aussi rapide que complet.
Un peu plus d’un mois après la nomination de Rachid Hachichi à tête de Sonatrach en replacement de Toufik Hekkar, huit vice-présidents de la compagnie pétrolière sont donc démis de leurs fonctions par un décret présidentiel en date du 5 novembre.
Les principaux concernés sont Mohamed Slimani, chargé de l’activité exploration et production, Amine Melaika, chargé de l’activité transport des hydrocarbures par canalisation, Nasr-Eddine Fatouhi, chargé de l’activité de liquéfaction du gaz naturel et séparation, Batouche Boutouba, chargé de l’activité raffinage et pétrochimie, Fatiha Neffah, chargée de la commercialisation des hydrocarbures, Madjid Benarab, responsable des finances, Fethi Arabi, responsable du business développement et du marketing et de Rachid Zerdani, responsable de la stratégie, de la planification et de l’économie.
À l’exception de Madjid Benarab, les sept autres vice-présidents ont tous été nommés par Toufik Hakkar en mars 2020, un mois après sa désignation à la tête du groupe pétrolier national. La nouvelle direction de Sonatrach n’a pas encore communiqué sur la fin de fonction de ces huit vice-présidents, pas plus qu’elle n’a fourni d’informations sur les noms de leurs remplaçants.
De la disgrâce au limogeage
L’éviction de ces membres du top management s’apparente à un démantèlement de l’encadrement mis en place par l’ancien PDG tant il était connu qu’en plus d’être proches de lui, ils lui obéissaient au doigt et à l’œil.
Nommé PDG en février 2020, Toufik Hekkar était pourtant réputé proche de la présidence de la République et notamment de Boualem Boualem, puissant conseiller du président Abdelmadjid Tebboune, en charge des affaires juridiques et judiciaires, des relations avec les institutions, des enquêtes et des habilitations.
Bien que brutal, son limogeage était dans l’air depuis plusieurs semaines tant il semblait glisser lentement vers une sorte de disgrâce. Des rumeurs laissaient entendre son lâchage par la présidence ou encore qu’il faisait l’objet d’enquêtes de la part des services de sécurité en supposés liens avec des affaires de malversations. Le passage de Hakkar au sein de Sonatrach a été marqué, selon plusieurs témoignages, par un climat de tensions, de suspicions et de paranoïa au sein des cadres de l’entreprise. Ce climat s’est notamment renforcé par les soupçons de la direction générale sur des fuites d’informations émanant de l’intérieur même de la compagnie.
Maintenant qu’il a été mis hors circuit, Toufik Hekkar peut-il être inquiété par la justice ? L’ironie du sort veut que l’ancien PDG s’est déplacé en Italie les 25 et 26 septembre, quelques jours à peine avant son éviction, pour effectuer une visite à la raffinerie Augusta dont l’acquisition en décembre 2018 par Abdelmoumene Ould Kaddour a valu à celui-ci d’être condamné en décembre 2022 à une peine de dix ans de prison. L’enquête sur l’achat de la raffinerie Augusta a été déclenchée par la gendarmerie nationale en mars 2020 à la suite d’un signalement parvenu à la présidence de la République. D’aucuns soupçonnent Toufik Hekkar lui-même d’être à l’origine de ce signalement.
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