Cameroun : Comment une fillette de 9 ans a survécu à une flèche reçue en plein cœur

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Cameroun : Comment une fillette de 9 ans a survécu à une flèche reçue en plein cœur

Une équipe de médecins de l'hopital de général de Yaoundé

Crédit photo, Ministère de la santé publique du Cameroun

  • Author, Jean Charles Biyo’o Ella
  • Role, Correspondant- BBC Afrique
  • Reporting from Yaoundé

Le pronostic vital de Roukayatou Sali n’est plus engagé. La fillette de 9 ans a été opérée avec succès par une équipe de quinze experts mobilisés à l’hôpital général de Yaoundé.

Sali Adama 57 ans et sa fille Roukayatou pourraient bientôt retourner à Garoua dans le nord du Cameroun poursuivre les soins sur place, avant de regagner l’extrême-nord, leur région d’origine.

La jeune élève en classe de CE1 à l’école publique d’Adai dans la commune de Moulvoudaï située à quelques 1350 kilomètres de Yaoundé a échappé belle.

Le 29 octobre dans la journée la petite Roukayatou sort en courant de la maison familiale, et tombe nez à nez avec une flèche tirée par l’un de ses frère, qui avec d’autres congénaires, joue au tir à l’arc, selon la version racontée à la BBC par son papa.

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Roukayatou est touchée en plein cœur par une flèche de 15 centimètres, expliquent les médecins qui lui ont sauvé la vie.

La BBC a pu voir la fillette sur son lit d’hôpital, et rencontrer son médecin à l’hôpital général de Yaoundé, où elle a été évacuée de toute urgence pour une opération chirurgicale qui a permis de retirer le morceau de flèche.

Une opération chirurgicale extrêmement délicate

L'équipe de médecins ayant opéré Rokayatou

Crédit photo, Ministère de la Santé publique du Cameroun

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Le ministre camerounais a félicité l’équipe qui s’est occupée de l’opération de Roukayatou

Dans l’un des bâtiments annexes de l’hôpital général, le plus grand et le mieux équipé de la capitale camerounaise, le docteur Kobe Zephanie inspecte la patiente.

Les yeux ouverts, le chirurgien lui pose quelques questions en fulfulde, une langue locale parlée dans la partie septentrionale du Cameroun.

« Elle dit qu’elle se sent bien »murmure le chirurgien thoracique et cardio vasculaire. Dans son récit, le médecin relate le film de l’opération.

« La patiente arrive ici avec la flèche encore introduite dans le cœur. Cette flèche ne pouvait être enlevée avant l’intervention chirurgicale, sinon, la petite serait certainement décédée » soupire la cardiologue.

Selon le docteur Kobe, Roukayatou arrive à Yaoundé, après avoir été stabilisée à Garoua, où elle a reçu une transfusion sanguine et toutes les autres mesures nécessaires pour l’amélioration de son état clinique, avant qu’elle ne soit transférée pour Yaoundé.

« C’était une opération lourde qui a nécessité un équipement particulier et l’arrêt du fonctionnement du cœur, avant d’engager l’extraction du corps étranger en toute sécurité ».

D’après l’expert, la partie en métal de la flèche enfouie dans le cœur, avait autour d’elle, des éperons latéraux qui auraient pu déchirer davantage des cavités cardiaques, si elle avait été retirée par des mains inexpertes.

« Il a donc fallut démarrer une circulation extracorporelle, arrêter les battements du cœur, ouvrir les cavités cardiaques et retirer cette flèche de 15 cm et dont presque le tiers était dans le cœur » relate-t-il.

Entrée de l'Hopital Général de Yaoundé
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Entrée de l’Hopital Général de Yaoundé

Transférée de Garoua à Yaoundé grâce à une chaine de solidarité

Il n’aurait pas été possible d’évacuer Roukayatou de Garoua à Yaoundé par route, confie une source médicale de l’hôpital général de Yaoundé.

Non seulement la distance qui sépare la capitale régionale du Nord à la capitale politique est longue de quelques 1108 km, mais aussi, la route est en piteuse état.

En deux jours de voyage, comme cela se fait habituellement, la jeune fille ne serait peut-être arrivée à Yaoundé étant encore en vie.

Dès lors, s’est mise en branle une longue chaine de solidarité. Celle-ci va toucher aussi bien les autorités politiques que médicales.

« Nous avons été saisi autour de 22h dans la nuit du 29 au 30 octobre. Et à 23h, nous avions déjà contacté grâce à la Cameroon health fundation, une autre association pour lui présenter ce cas. Cette association a donné son accord de principe pour financer le voyage de cette enfant et de son médecin accompagnateur. D’autres âmes de bonne volonté ont payé le billet d’avion de père de l’enfant. Entretemps, nous avons aussi saisi la direction de l’hôpital qui, elle aussi, manœuvrait de son côté pour que des solutions urgentes soient trouvées pour l’évacuation de la fillette. Il faut aussi dire que surplace à Garoua, des médecins avaient déjà pris des dispositions en contactant des autorités de la ville, notamment, le conseil régional de Garoua. C’est donc grâce à toute cette chaine de solidarité que dans la matinée de lundi 30 octobre, la patiente a pu embarquer de Garoua pour Yaoundé, à bord de la compagnie aérienne camerounaise », confie le docteur Kobe.

Toujours selon lui, d’autres dispositions prises par le gouvernement étaient en train d’être mises en œuvre, pour une évacuation par hélicoptère.

La petite Roukayatou a été touchée à plein coeur par une flèche de 15 centimètres.

Crédit photo, Ministère de la Santé publique du Cameroun

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La petite Roukayatou a été touchée à plein coeur par une flèche de 15 centimètres.

D’après Sali Adama le père de Roukayatou, sa fille n’avait pas été ciblée.

« Ses frères ainés jouaient avec des flèches dans la cour et moi je m’apprêtais à aller au champ. Sans le savoir, Rakayatou sortant de la maison en courant a croisé la flèche lancée par son frère. C’est elle malheureusement qui l’a prise en plein cœur ».

Une version difficile à recouper auprès d’une source indépendante. Mais une fois l’enfant blessée, « j’ai dans un premier temps, voulu retirer moi-même cette flèche. Mais j’ai paniqué. Et c’est en ce temps, que j’ai résolu de l’amener à l’hôpital régional à Garoua ».

Pourquoi elle a été transférée à Yaoundé

Pourquoi l’option finale de l’hôpital général de Yaoundé, et non l’hôpital régional de Garoua pourtant, inauguré en octobre 2022 par le premier ministre Joseph Dion Ngute ?

En fait, malgré des équipements de plus en plus pointus acquis pour doper les plateaux techniques des différents hôpitaux camerounais, et la construction de plusieurs hôpitaux de référence dans le pays, le système sanitaire camerounais connais encore des défaillances.

Seul deux hôpitaux publics et un hôpital privé confessionnel pratiquent la chirurgie cardiaque. Dans la capitale économique du Cameroun, c’est l’hôpital général de Douala ; et dans la capitale politique, c’est l’hôpital général de Yaoundé.

« Ce dernier a démarré ses premières opérations de chirurgie cardiaque en septembre 2022 » Confie le docteur Kobe.

Un programme soutenu par le ministère de la santé publique et mis en œuvre par l’administration de cet hôpital de première catégorie.

L’objectif affirme-t-il, est de réduire au maximum des évacuations sanitaires vers l’étranger et être également un pôle de référence nationale vers lequel convergent des malades ne pouvant pas être pris en charge par d’autres hôpitaux.

D’après le ministère de la santé publique, en février 2022, environ 1168 dossiers d’évacuation sanitaire avaient été déposés, mais seuls 10 ont reçu un avis favorable pour des choses pointues.

Sur son compte X(anciennement twitter), le ministre de la santé publique Manaouda Malachie a félicité la « jeune équipe de chirurgie cardiaque de l’hôpital général de Yaoundé, qui vient de sauver la vie à une fillette de 9 ans ».

D’après des confidences d’un médecin cardiologue, une opération chirurgicale cardiaque non soutenue foncièrement, peut s’élever à plusieurs millions de fcfa.

Cet article est apparu en premier sur https://www.bbc.com/afrique/articles/cv2z5eyx51no


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