Distribution, Inde, Metro AG : vérité bouddhique
Distribution, Inde, Metro AG : vérité bouddhique
Publié le 25 déc. 2022 à 15:35Mis à jour le 25 déc. 2022 à 16:03
L’Inde, la « nouvelle Chine » ! L’assertion, pertinente pour l’industrie occidentale, est pourtant régulièrement démentie dans la distribution. Après Carrefour il y a huit ans , la vingtaine de millions de « mom-and-pop stores », ces échoppes de quartier minuscules qui assurent les trois quarts de la distribution du sous-continent et de son 1,4 milliard d’habitants, a fait une nouvelle victime, Metro AG .
Au terme de dix-neuf ans de présence, le spécialiste allemand du « cash & carry » Metro est saisi par le doute bouddhique au point de vendre son activité à Reliance, le groupe du premier milliardaire indien Mukesh Ambani , pour seulement 450 millions d’euros (dettes incluses), soit un rabais de 5 % sur sa « juste valeur » calculée par la Banque Baader.
Eviter un enlisement
Ce nouveau recentrage sur l’Europe, après le départ de Chine, du Japon, de la Birmanie et du Vietnam, évite un enlisement inéluctable sur un marché où la concurrence, alimentée par des poches très profondes (outre Reliance, Amazon, Flipkart-Walmart et Udaan), s’est intensifiée.
Mais les petites acquisitions récentes de Metro AG sur le Vieux Continent n’offrent pas d’alternative crédible à la Russie, qui pèse toujours 10 % de ses ventes, 17 % de l’Ebitda et un quart de la valeur de l’immobilier avant la guerre en Ukraine.
Le titre mérite donc aux yeux d’Invest Securities une prime de risque spécifique qui ne se reflète pas vraiment dans la valorisation boursière actuelle (21 fois les bénéfices 2022-2023). Comme le dit la devise indienne, « Satyameva jayate » : la vérité seule triomphe.
À noter
La transaction avec Reliance n’extériorise qu’une maigre plus-value pour Metro (150 millions) et noie dans le Gange une décennie et demie d’efforts pour atteindre la taille critique et la rentabilité (reperdue ces deux dernières années). Mais la Bourse est restée très zen (+2,1 % pour l’action vendredi).
Le flottant relativement limité (29,2 %) et la spéculation autour des intentions des deux blocs d’actionnaires (le Tchèque Daniel Kretinsky et le Slovaque Patrik Tkac dans EPGC à hauteur de 40,3 % d’un côté, et Meridian Stiftung-Beisheim Holding pour 23,75 % de l’autre) peuvent expliquer la performance du titre (-1,3 % depuis le 1er janvier) malgré l’épine russe et l’incertitude sur l’exercice en cours.
Les objectifs 2022-2023 du spécialiste allemand de « cash & carry », dévoilés mi-décembre, ont en effet confirmé les craintes de certains analystes que le maintien de la rentabilité malgré la forte inflation sur l’exercice précédent (à 4,7 % en marge d’Ebitda) ne s’érode l’an prochain à cause de la dérive de la facture énergétique et des coûts salariaux. Le groupe prévoit un Ebitda en baisse de 5 % à 16 % pour un chiffre d’affaires qui progresserait de 5 % à 10 % à change constant.
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