En Inde, parler de violences conjugales et de féminicides reste tabou

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En Inde, parler de violences conjugales et de féminicides reste tabou

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En Inde, le meurtre d’une jeune fille en mai a bouleversé le pays. Shraddha Walkar, 26 ans, aurait été tuée par son petit ami, qui a découpé son corps en morceaux et les a conservés dans un réfrigérateur pendant plusieurs jours avant de les éparpiller à New Delhi. Alors que le suspect a été arrêté le 12 novembre, cette affaire a pris une tournure politique sous fond de tensions interreligieuses au point de reléguer au second plan le phénomène des féminicides en Inde. 

Le meurtre de Shaddha Walkar tient toute l’Inde en haleine depuis l’arrestation, le 12 novembre, de son compagnon accusé de l’avoir tué puis démembré en mai 2022. Victime de violences physiques, elle avait pourtant alerté la police il y a deux ans.

Somya Lakhani, journaliste au site d’informations en ligne The Quint, et couvrant des affaires de féminicide depuis plus de dix ans, estime que « la théâtralisation de cette affaire par les médias est épouvantable ».

« En même temps, je pense qu’ils sont juste en train de dénigrer la femme qui vient de mourir. C’est un féminicide. Je veux dire, vous pouvez le voir différemment mais c’est un féminicide », explique-t-elle à France 24. La journaliste se dit par ailleurs choquée du manque de sensibilité des télévisions indiennes dans le traitement de cette affaire. 

Tournure politique

Ce drame n’a pas permis de mettre au cœur du débat public les violences domestiques. L’affaire judiciaire a plutôt pris une tournure politique. Car Shraddha Walkar est hindou, et son compagnon, musulman.

Les militants pour les droits humains s’inquiètent de la façon dont ces affaires ciblent les musulmans dans le pays. « Donc au lieu de le considérer comme un cas de violence domestique et de parler de ce qui doit être fait. Les médias jouent un rôle majeur dans la polarisation de la société et ils parlent de cette affaire comme ‘musulmans contre hindous’ et comment les garçons musulmans attirent les femmes hindous et comment ils les les attaquent et les tuent et ainsi de suite », indique de son côté Shabnam Hashmi, militante des droits de l’homme.

Parler de violences conjugales et de féminicides reste cependant tabou en Inde, alors que près d’un tiers des femmes subissent des violences physiques ou sexuelles.

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