Afrique centrale – Cemac : qui succédera à Daniel Ona Ondo ? , Jeune Afrique


Afrique centrale – Cemac : qui succédera à Daniel Ona Ondo ?

Il a fait le déplacement de N’Djamena pour célébrer le cinquantenaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) du 20 au 22 novembre. Deux jours plus tôt, il clôturait, à Libreville, un colloque sur la monnaie et le développement en Afrique centrale organisé par ses propres soins. Pourtant, depuis le 31 octobre, le mandat du Gabonais Daniel Ona Ondo, en tant que président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), a expiré. Ainsi que celui de sa numéro deux, la Tchadienne Fatima Haram Acyl, et ceux des commissaires camerounais, équatoguinéen, centrafricain et congolais. 

Un mouvement d’ampleur se prépare au sein des organes de la Communauté. D’autant plus que le bail des dirigeants de treize institutions communautaires spécialisées est également arrivé à leur terme. Sont notamment concernés le régulateur boursier (Cosumaf), l’organe chargé de combattre le blanchiment d’argent (Gabac), celui devant lutter contre les endémies (Oceac), l’Agence de supervision de la sécurité aérienne, et des écoles de formation en statistiques, en hôtellerie et en douane. 

Bataille de prétendants

En vertu du principe de la rotation, c’est un Équatoguinéen qui doit succéder à Daniel Ona Ondo à la tête de la Commission de la Cemac. À Bata, la bataille des prétendants bat son plein en coulisses. Baltasar Engonga Edjo’o tiendrait la corde, selon nos informations. Ministre d’État en charge de l’Intégration, ce pilier du régime a l’avantage de connaître les chefs d’État de la région, qu’il côtoie depuis plus d’une décennie, ainsi que les arcanes des institutions communautaires, puisqu’il représente son pays lors des réunions ministérielles.

Mais, il est challengé par Lucas Abaga Nchama, l’ancien gouverneur de la BEAC, qui vient d’être déchargé de son poste de dirigeant de la Ceiba, la compagnie aérienne nationale, au profit de Fortunato Ofa Mbo Nchama, président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), et qui avait déjà manœuvré pour occuper la tête de la Commission. Un temps pressentie, Rosario Mbasogo Kung Nguidang, qui fut vice-présidente de la Commission, est désormais hors de course à cause de sa nomination à la Cour des comptes communautaire. 

Entre fin août et début septembre, à l’issue des états généraux des institutions de la Cemac tenus à Libreville, Daniel Ona Ondo et son équipe ont sollicité une prorogation de deux ans. Leur argument : « la fusion entre la Cemac et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale [CEEAC] qui doit intervenir en 2024 », avance-t-on dans l’entourage du Gabonais. Par ailleurs, au siège de la commission, à Malabo, on évoque mezza voce le séjour prolongé de Paul Biya à la présidence de la Conférence des chefs d’État – il achève sa quatrième année, alors que le mandat n’est que de un an – pour justifier une telle suggestion. 

La proposition a cependant été rejetée par un récent conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC), au motif qu’une telle décision relève de la compétence des chefs d’État. 

Le principe de la rotation a du plomb dans l’aile

Établi en 2012, le principe de la rotation instaure une direction tournante à la tête des institutions communautaires selon l’ordre alphabétique (Cameroun, Centrafrique,  Congo,  Gabon, Guinée équatoriale, Tchad). Il est cependant tempéré par une autre règle : le pays abritant le siège d’une institution ne peut désigner un de ses ressortissants. Ce qui n’empêche pas des débats. La présidence de la Commission au profit de la Guinée équatoriale va-t-elle être remise en cause au motif que Malabo abrite son siège provisoire, en attendant un retour définitif à Bangui ?

Le poste de gouverneur de la BEAC, qui doit en principe revenir à la République centrafricaine au terme du bail du Tchadien Abbas Mahamat Tolli, est celui qui suscite le plus de convoitises. Excipant de détenir la plus grande part des réserves de change, et bien que le siège se trouve sur son territoire, Yaoundé estime avoir la légitimité requise pour s’en emparer, tandis que le dossier brûlant de la cryptomonnaie adoptée par Bangui, qui ébranle les ressorts de l’union monétaire, ne déplaît pas à Brazzaville, qui y voit une opportunité de coiffer Bangui au poteau. Faustin-Archange Touadéra, qui souhaite déjà remplacer Paul Biya à la présidence de la Conférence des chefs d’État, va-t-il pour autant laisser passer cette belle occasion ? 

Toujours est-il que la rotation a du plomb dans l’aile. « Une décennie après son adoption, personne n’a songé à en faire un bilan. En outre, les déséquilibres qu’elle crée suscitent des grincements de dents. Après le Tchad, le prochain jeu de chaises musicales va favoriser le Cameroun, qui se retrouvera à la tête de nombre d’institutions et titulaire de postes prestigieux, à l’instar de la banque de développement et du régulateur boursier. Alors que d’autres pays seront marginalisés », prévient notre haut fonctionnaire. 

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