L’Expression: Nationale – Quelle place pour l’Algérie?

L’Expression: Nationale – Quelle place pour l’Algérie?

La diversification de l’économie nationale est un objectif majeur inscrit dans le nouveau modèle de croissance de notre pays, notamment par le biais des ressources minérales qui doivent servir de carburant au développement économique, catalyseur d’une croissance multisectorielle inclusive et au développement des marchés des ressources. Ceci passe par une connaissance exhaustive du potentiel et du patrimoine minier. La nature des formations géologiques de certaines régions sud du pays suggère la relance de l’exploration pour la recherche de métaux/minéraux et la révision d’autres gîtes à haute valeur ajoutée (minéraux stratégiques/critiques) capables de générer un potentiel de développement dédié aux hautes technologies.

La stratégie consiste à l’intégration de l’exploitation minière dans les politiques industrielles et commerciales. Dans ce cadre le développement des ressources minérales reconnues sur notre territoire (Phosphates, fer, Zinc-Plomb, barytine, bentonite, or, Wolfram- étain, etc.) par la mise en place de clusters de transformation et générer une chaîne de produits à haute valeur ajoutée qui stimuleront d’autres secteurs vitaux de l’économie du pays.
L’orientation des économies mondiales vers les hautes technologies, compte tenu des objectifs de développement durable et de protection de l’environnement, nécessite de l’innovation. Ces objectifs doivent porter sur la diminution de l’empreinte carbone qui doivent privilégier des mix énergétiques où les énergies vertes sont prépondérantes.
Pour ce faire, les technologies nouvelles font appel de plus en plus aux métaux/minéraux dits stratégiques ou critiques, tels que les terres rares, le lithium, le cobalt, le Nickel, etc. dont la distribution à travers le monde favorise actuellement un monopole dominé par la Chine qui génère des tensions géopolitiques et économiques très sévères entre les grandes puissances.
Dans ce qui suit, nous allons présenter un panorama de ces Terres Rares qui représentent un enjeu majeur dans la transition énergétique qui est en train de s’opérer à l’échelle mondiale où la concurrence et le monopole dictent de nouvelles approches dans la dynamique de développement de beaucoup de pays.
L’Afrique, continent à grandes ressources minérales en général et les Terres rares, lithium, cobalt en particulier peut jouer sérieusement un rôle pivot dans le développement futur des hautes technologies et participer à la chaine de valeur mondiale en tant qu’acteur, mais non en tant que ‘’Gisement ».
Notre pays, de par ses environnements géologiques, géodynamiques et métallogéniques, reste quelque peu non exploré pour les substances stratégiques que sont les terres rares et les autres métaux liés aux technologies de la mobilité (Véhicules électriques..). Il est de ce fait indispensable de penser des stratégies de mise en oeuvre de programmes d’exploration d’envergure dans les zones considérées porteuses de ces substances.

Quelques généralités

Le terme «Terres Rares» est utilisé depuis le 19ème siècle pour caractériser des éléments de numéros atomiques 57 à 71 du tableau périodique des éléments chimiques.
Ils constituent un groupe de 17 éléments (15 lanthanides, scandium (Sc) et yttrium (Y)) aux propriétés chimiques très voisines qui se trouvent pratiquement toujours associés dans la nature. Ils sont subdivisés en deux grandes catégories: les terres rares légères (LREE: light rare earth elements) (lanthane (La), cérium (Ce), praséodyme (Pr), néodyme (Nd), prométhium (Pm), samarium (Sm), europium (Eu)) et les terres rares lourdes (HREE: heavy rare earth elements) (gadolinium (Gd), terbium (Tb), dysprosium (Dy), holmium (Ho), erbium (Er), thulium (Tm), ytterbium (Yb) et lutétium (Lu)).

Ils ont des propriétés électroniques, magnétiques, optiques et catalytiques très recherchées dans l’industrie des nouvelles technologies. Ils sont de ce fait classés comme métaux stratégiques par de nombreux pays. Les domaines de leur utilisation sont très vastes. L’explosion technologique de ces dernières années a entraîné une augmentation considérable de leur demande dans les secteurs suivants:
– le raffinage pétrolier;
– les aimants permanents;
– la fabrication de verres, de céramiques, des batteries et véhicules électriques, des catalyseurs, d’écrans de téléviseurs, d’ordinateurs et smartphones;
– la fabrication d’ampoules lumineuses ultra-efficientes;
– les systèmes radar;
– la fabrication des alliages métalliques et des constituants des éoliennes et des équipements des énergies renouvelables.

A titre indicatif, on rappelle la quantité de terres rares contenue dans quelques équipements usuels:

Un disque dur d’ordinateur contient 4.5 g REE (soit 4500 T pour un milliard d’unités.);
Un moteur de véhicule hybride ou électrique: 1.2 à 3.5 kg REE;
Une éolienne: plus d’une tonne REE;
Un smartphone contient, pas moins de, 16 métaux rares.

Les besoins seront de plus en plus importants, vu l’orientation des économies mondiales vers les hautes technologies et énergies vertes qui participent à la protection de l’environnement. Il faut noter aussi que l’extraction des terres rares présente également une criticité environnementale, car elle est très intensive en eau. Certains pays pourraient voir leurs capacités de production momentanément limitées à cause du stress hydrique.

Typologies et modes de mise en place

Les Terres rares sont liées à des environnements géologiques et métallogéniques assez particuliers et associés à plusieurs typologies:
Gisements associés aux carbonatites qui sont des roches ignées, intrusives ou extrusives qui renferment au moins 50% de carbonates,
Gisements des ETR associés aux roches magmatiques alcalines et à des roches magmatiques felsiques,
Gisements de type oxyde de fer- cuivre- or (IOCG: Iron Oxyde – copper – gold),
Gisements hydrothermaux,
Les placers et paléoplacers,
Gisements secondaires associés aux argiles à adsorption ionique,
Gisements secondaires associées aux gîtes sédimentaires de phosphate.
Ces métaux possèdent des propriétés exceptionnelles dont raffolent les industriels des nouvelles technologies, en particulier celles dites «vertes», les green-tech, qui oeuvrent à limiter l’empreinte carbone de l’homme sur l’environnement.
Les éléments de Terres Rares sont liés à plusieurs minéraux trouvés dans la nature. Cependant, seuls cinq peuvent être utilisés dans les process d’extraction: apatite, Bastnaësite, Monazite, Loparite, Xénotime. A ces minéraux on ajoute les argiles à REE adsorbés sur kaolinite/halloysite.
On note aussi que les process technologiques d’extraction génèrent des pollutions et de la radioactivité importantes qui impactent l’environnement et qui risquent de compromettre le développement durable si elles ne sont pas prises en charge depuis l’amont.
Selon Pitron (2018) «La pollution occasionnée par les métaux rares n’est pas circonscrite à la Chine. Elle concerne tous les pays producteurs, à l’image, par exemple, de la République démocratique du Congo, qui satisfait plus de la moitié des besoins de la planète en cobalt. L’extraction de cette ressource, indispensable à la fabrication de nombreux types de batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques, s’opère dans des conditions moyenâgeuses. Cent mille mineurs équipés de pelles et de pioches transpercent la terre toute l’année pour se procurer le minerai, particulièrement dans la région méridionale de Lualaba. Idem au Kazakhstan, pays d’Asie centrale qui produit 14% de la consommation mondiale de chrome.»

Situation dans le monde

L’extraction des Terres rares dans le monde a été effective dès les années 1950 à travers les placers (gisements secondaires) de monazite qui est un groupe de minéraux de Terres rares phosphatés. Vers le début des années 1960-1964, les USA entament l’exploitation du gisement de Mountain Pass, quasiment sans aucune concurrence, et depuis 1984, la Chine entre dans le monde de ces terres rares et a vu sa production augmentée jusqu’à détenir le monopole.
Les ressources mondiales en terres rares sont principalement concentrées dans des gisements de plusieurs pays: Bayan Obo (Chine), Mount Weld (Australie), Mountain Pass (USA), Morro dos Seis Lagos (Brésil), Tanbreez (Groenland) et Lovozero (Russie), etc.
Selon les données fournies par le Service Géologique des États-Unis (USGS), les réserves mondiales de terres rares (voir figure ci-après) sont estimées à près de 120 millions de tonnes en 2017 dont 36% sont détenues par la Chine, 18% par le Brésil, 18% par le Vietnam, 15% par la Russie, 6% par l’Inde, et 3% par l’Australie. Les 4% restants sont réparties entre plusieurs pays dont les États-Unis, le Canada, le Groenland, l’Afrique du Sud, la Malaisie, le Malawi et bien d’autres pays africains.
Selon les informations publiées (News Hard ware du 13 juillet 2022), un gîte de REE a été découvert dans le district de Beylikova (Anatolie centrale) en Turquie. Ses ressources sont de l’ordre de 694 millions de tonnes. A plein régime, cette mine produira 570 000 T de minerai, soit 10 000 T d’oxydes de REE, 72 000 T de baryte, 70 000 T de fluorite et 250 T de Thorium.
Les terres rares sont considérées, selon les pays, comme métaux stratégiques et/ou critiques.
Ces derniers sont dits critiques si leur manque peut générer ‘’l’étouffement » ou une crise dans les chaines de production d’une technologie.
Ils sont dits stratégiques dans le cas où une vision prospective permet la mise en oeuvre les politiques publiques planifiées pour lancer une production de matériaux utilisant ces métaux.

Les principaux fournisseurs des économies mondiales de terres rares légères et lourdes sont principalement dominés par La Chine (86%) suivie de l’Australie (6%) et les USA (2%). La Chine assure l’essentiel de la production mondiale. Selon les données publiées, ce pays assure environ 80% de l’approvisionnement mondial en terres rares et 98 de l’Union européenne.
Selon Pitron (2018): «La Chine est aujourd’hui le premier producteur de 28 ressources minérales indispensables à (nos) économies, avec souvent une part supérieure à 50% de la production mondiale. Et il produit au moins 15% de toutes les ressources minérales, sauf pour le platine et le nickel 28%»
En termes de production, selon les données fournies par l’USGS pour l’année 2021(publication 2022), la Chine domine le monde avec 168000 t sur un total produit de 280000 t, suivie des USA avec 43000 t, la Birmanie avec 26000t, la Thaïlande avec 8000 t, le Madagascar avec 3200 t, l’Inde avec 2900 t, la Russie avec 2700 t, etc. (USGS, 2022).
L’industrie du digital nécessite l’exploitation de quantités considérables de métaux: chaque année, l’industrie de l’électronique consomme 320 tonnes d’or et 7 500 tonnes d’argent, 22% de la consommation mondiale de mercure (soit 514 tonnes) et jusqu’à 2,5% de la consommation mondiale de plomb. La fabrication des seuls ordinateurs et téléphones portables engloutit 19% de la production globale de métaux rares tels que le palladium et 23% du cobalt. Sans compter la quarantaine d’autres métaux en moyenne contenus dans les téléphones mobiles.
La répartition de ces gîtes et gisements à travers le monde, augure d’une nouvelle géopolitique des ressources dont les pays des BRICS seraient les leaders derrière la Chine, la Russie et le Brésil.
Sur le marché, la balance penche du côté de la Chine depuis que les problématiques environnementales et écologiques ont été mises en oeuvre par la communauté internationale. Les pays européens et les USA ont ainsi délocalisé certaines industries dites polluantes vers la Chine où la main d’oeuvre est réduite par rapport à leurs pays respectifs. La mine de Mountain Pass (USA) a été ainsi fermée, en 2002, et le site de purification de plus de 50% des terres rares du monde, de Rhône Poulenc (France) a été fermé en 1980. La Chine s’est vue déléguée la production de REE. Depuis cette période, ce pays détient le monopole sur les REE.
La Chine, en plus de ces ressources propres, exerce un forcing à l’échelle internationale (Soft power) pour s’accaparer les gisements et les productions pour extraction et purification de Terres Rares.
Selon Nathan Deredec, La chine «observe de très près les réserves de terres rares présentes en Corée du Nord, figurant parmi les plus larges du monde. Elle est présente dans ce pays à travers des co-entreprises minières du pays et des grands groupes chinois y possèdent la plupart des droits d’exploitation.»
«Au Groenland, Shenghe Resources est «l’actionnaire majoritaire de l’entreprise Greenland Minerals and Energy, détenteur du projet Kvanefjeld d’extraction de terres rares dans le sud du Groenland; l’accord de fourniture conclu par Shenghe Resources à cet effet comprend 100% de la production de la mine.»

La flambée des prix

«China Nonferrous Metal Mining Group a annoncé avoir signé un mémorandum non contraignant avec la société ISR Capital détentrice du projet Tantalus d’extraction de terres rares à Madagascar, lequel lui permettrait d’acheter 3000 tonnes de terres rares dans les trois ans qui suivront le début de la production sur le sol malgache».
Face à la flambée des prix des terres rares et au quasi-monopole de la Chine, de grands pays miniers ont opté pour d’autres stratégies de diversification des sources d’approvisionnement malgré les restrictions du développement durable et du respect de l’environnement adoptées: les Etats-Unis ont ainsi décidé ces dernières années de réactiver la mine de Mountain Pass (fermée en 2002 et réouverte en 2016), le Canada, l’Australie et l’Afrique du Sud multiplient les projets d’extraction et de prospection de terres rares dans leurs pays respectifs.
Le cas est particulièrement emblématique. Alors que La production américaine des terres rares a été arrêtée de 2001 à 2011. Ce pays a relancé cette industrie pour se classer comme le deuxième producteur mondial d’oxydes de terres rares en 2021, derrière la Chine. Selon la même source: «Les capacités industrielles du secteur minier métallifère des États-Unis se sont affaiblies depuis la fin de la guerre de la froide. Le nombre de mines actives est passé de 640 sites en 1990 à 278 en 2020. Le nombre d’entreprises minières métallifères aux États-Unis a reculé de 55% et le nombre de salariés a diminué d’environ 20% entre 1991 et 2019.
De ce fait, la dépendance des USA s’est accrue énormément (voir carte ci-dessous). Les secteurs stratégiques sont ainsi dépendants de minéraux critiques et stratégiques produits dans plusieurs pays dont le Chine. Un plan géostratégique a été mis en place.
L’Australie, producteur de Terres Rares, possède des réserves et ressources avérées associées à plusieurs gisements en développement intensif pour s’affirmer et s’émanciper du monopole chinois: Browns Range, Dubbo, Nolans, Yangibana, etc. Le gisement de Mont Weld, dispose de 19.2 millions de terres rares soit 1.6 millions de tonnes de REE, est en exploitation depuis 2011. La société d’exploitation (Lynas) bénéficie d’un financement du gouvernement Japonais (JOCMEG) depuis les restrictions imposées par la Chine. Le minerai australien est séparé, traité et raffiné en Malaisie.
Une autre unité de pré-traitement est en cours de construction en Kagoorlie (Australie). Le financement a été fait par une levée d’un fonds de 276 M Euros. Un autre financement vient d’être obtenu (en 2021?) auprès du gouvernement américain (Ministère de la défense) pour construire une autre usine de traitement qui produira 5000 t REE au Texas. Ce pays met en place une stratégie d’attraction d’investisseurs pour exploiter les gisements australiens et conclure des contrats d’approvisionnement avec des utilisateurs finaux.
L’Australie et les USA, grands producteurs de REE totalisant environ 39% de la production chinoise en 2021, ont décidé de mettre en synergie leurs moyens et ressources pour faire face au monopole détenu par la Chine et influer sur la volatilité des cours et surtout peser sur le marché, générateur de tensions géopolitiques, de plus en plus utilisateur de Terres Rares et autres minéraux critiques/stratégiques.
Le Canada qui possède des ressources très importantes en Terres rares a pris la décision de racheter les actifs de participation des entreprises chinoises dans des projets canadiens au nom de la sécurité nationale. Cette tendance à la restriction de livraison de substances minérales critiques est devenu une réalité dans plusieurs pays, au nom du Nationalisme des ressources: l’Argentine pour l’exportation de 37 ressources minérales, l’Afrique du Sud pour le cuivre, le molybdène, les platinoïdes et les diamants, l’Inde pour le chrome, le manganèse, le fer et l’acier, le Kazakhstan pour l’aluminium, la Russie pour le tungstène, la bauxite, le cuivre et l’étain.
La situation actuelle à travers le monde (conflit en Ukraine) fait que des alliances sur les métaux critiques et stratégiques se raffermissent.

Situation en Afrique

Actuellement, en Afrique, seul le Burundi participe à la production mondiale de REE par une modeste quantité bien que les ressources soient importantes et avérées dans bien de pays africains.
Plusieurs projets sont en développement et des études de faisabilité sont favorables à l’exemple de l’Angola qui a déjà signé avec la Compagnie Pensana pour achat futur de 25% de sa production faite à Longogo qui sera traitée dans son usine de Saltend (Angleterre).
Le Mali dispose de deux gîtes potentiels en cours d’exploration pour les terres rares.
Le Maroc, à travers l’OCP, en collaboration avec l’Université Mohamed-V, vient de signer avec Rainbow Rares Earth, bien présente en Afrique (Burundi, RSA), un accord pour extraire les Terres rares liés aux phosphates. Un parallèle doit être fait avec les phosphates algériens, mis en place dans des environnements semblables aux Marocains
Plusieurs compagnies internationales affluent en Afrique pour s’accaparer les gisements de Terres rares, Lithium et autres substances ou minéraux (Cobalt, Nickel, etc.) destinées aux Hautes technologies du futur: Ionic Rare Earth en Ouganda, Peak Resources et Mkango Resources au Malwi qui a choisi l’un des pays de l’UE, en l’occurrence la Pologne, pour mener à bien ses projets de transformation des terres rares.
En 2022, la Chine dispose de plus de 19 projets de mines dont cinq sont exploitation en Afrique. Il faut noter que ce pays a mis en oeuvre une stratégie de contrôle des métaux et terres rares en RSA, Zambie, Zimbawe, RDC….
Devant un monde globalisé, la quote-part de valeur ajoutée dans la chaine d’approvisionnements mondiaux peut facilement être augmentée vu les ressources minérales dont dispose ce continent africain qui veut cesser d’être un GISEMENT mais un PARTENAIRE ACTIF.
Le cadre représenté par la Vision Minière Africaine adoptée en 2009, mise en oeuvre en 2011 par l’Union africaine et en 2013 par la commission économique africaine peut servir dans cette approche.
Selon un document produit en ce début de l’année 2022 (Synthèse 2022 CUA- OCDE), l’Afrique contribue assez peu à cette chaine de valeur et l’Afrique du Nord contribue le moins par rapport aux autres régions de l’Afrique.
Selon le même rapport de synthèse (2022), plusieurs regroupements régionaux africains sont en cours de mise en place pour participer à la chaine de valeur de la production de véhicules électriques en Afrique (figure suivante). Cela est justifié par le fait que l’Afrique représente un Gisement de ressources minérales critiques et stratégiques nécessaires pour la fabrication des hautes technologies et bien sûr des batteries de véhicules électriques. Les synergies inter-africaines sont impératives pour s’affirmer comme partenaire et non comme Gisement.
Selon la vision minière africaine, les objectifs stratégiques sont destinés à:
Permettre au continent d’exploiter au mieux ses richesses naturelles dans le but de créer des économies fortes, compétitives et réduire la pauvreté;
Déterminer comment l’exploitation minière peut contribuer véritablement au développement;
Créer des couloirs de développement interpays africains pour contribuer objectivement dans la chaine des valeurs mondiales et faire de l’Afrique un continent de transformation minière et industrielle et pas seulement d’extraction.
Les pays du Moyen-Orient ont entamé leur introduction dans la chaine mondiale des valeurs pour la production des véhicules électriques: Plusieurs constructeurs se sont déjà positionnés sur ce marché, à l’exemple de Wolkswagen, BMW, etc.

Situation en Algérie:

Les programmes de recherche minière, engagés par l’Etat, depuis 1966 à ce jour répondaient aux problématiques d’industrialisation des périodes considérées. De ce fait, les Terres rares n’ont jamais été prises en charge par des programmes spécialisés réalisés jusque-là bien que l’analyse des contextes géologiques, métallogéniques des différents domaines structuraux du pays montre que les conditions sont favorables pour la mise en place des différents types de minéralisation de Terres rares, principalement au Hoggar où plusieurs gîtes et indices ont été mis en évidence lors des travaux de recherche systématiques et universitaires.
Les environnements de dépôts des phosphates de l’Est algérien sont aussi favorables pour une concentration de terres rares. Les importantes ressources et réserves minières en phosphates sont des atouts favorables pour engager des travaux spécialisés.
Un potentiel intéressant existe et il serait nécessaire de l’étudier par des méthodes de terrain et d’analyses adéquates pour mieux révéler les présumées ressources. Les Terres Rares et des minéraux radioactifs pourraient valoriser énormément les phosphates algériens. En plus des résultats préliminaires obtenus par les universitaires, il y a lieu de citer l’accord que vient de signer le Maroc avec la Compagnie Rainbow Rares Earth, en collaboration avec l’Université Mohamed-V pour extraire les REE des phosphates marocains.
Depuis quelques années, les travaux d’inventaire actualisé des ressources minérales, réalisés par l’Agence du Service géologique de l’Algérie (ASGA), ont montré l’existence de nombreux indices à travers les différents domaines géologiques du pays et en l’occurrence le massif du Hoggar. A ce sujet, une synthèse de tous les travaux réalisés par la recherche minière et la communauté universitaire a été élaboré par l’ASGA dans l’objectif de faire connaitre ce potentiel non étudié et afin de susciter des actions de recherche.
Dans cette optique les services de l’ASGA ont élaboré un programme pluriannuel de recherche de terres rares dans les zones potentielles hiérarchisées quant à la prise en charge des cibles à étudier. Vu l’importance de ces métaux, dans la conjoncture mondiale actuelle, un autre programme pluriannuel de recherche de métaux rares a été élaboré et est en partie engagé sur le terrain afin de mettre en place un modèle de recherche adéquat sur d’autres massifs granitiques potentiellement porteurs et non étudiés jusque-là.
A l’heure d’aujourd’hui, tout reste à faire sur ce volet des Terres rares surtout que les contextes géologiques du massif du Hoggar, où les probabilités de découverte sont fortes, n’ont pas été cernés par des études détaillées dédiées à cet effet vu l’immensité de la région.
Ainsi des travaux d’envergure de recherche, d’exploration et de prospection doivent être engagés pour mieux connaitre le potentiel et le transformer (pro parte) en ressources afin de se prononcer sur la suite à réserver à ce volet qui pourrait nous faire positionner dans la chaine des valeurs d’un monde en pleine mutation.

Conclusion
La transition énergétique et le marché des hautes technologies bouleversent l’offre et la demande de matériaux de haute valeur ajoutée dits stratégiques ou critiques.
Le marché des Terres Rares, dominé par La Chine, très porteur, représente un atout majeur pour cette transition énergétique et augure d’un nouvel ordre mondial où les Pays des BRICS peuvent jouer un rôle très important vu les ressources et les réserves qu’ils détiennent à travers la Chine, la Russie, le Brésil et pourquoi pas l’Algérie dans un avenir proche.
On note aussi que les USA et l’Australie, producteurs disposant de ressources très importantes en Terres rares, ont conclu des accords de traitement et livraison de ces substances stratégiques et critiques. Ils peuvent, à terme, amoindrir le monopole de la Chine.
Le marché actuel des technologies vertes, aérospatiales, des véhicules électriques, etc. plaide pour une hausse de la demande des métaux.
L’Afrique représente un continent favorable pour les Terres Rares du fait des ressources que recèlent beaucoup de ses pays et présente des avantages comparatifs très fructueux. Outre les Terres rares le cobalt, le nickel, le lithium, le graphite, etc. indispensables pour la transition énergétique y sont disponibles.
A travers certains mécanismes de gouvernance des ressources naturelles adoptés par la communauté africaine, plusieurs pays du Continent africain peuvent jouer un rôle considérable dans la chaîne de valeur mondiale comme cela a été initié en RDC (Novembre 2021) pour les véhicules électriques à travers trois pôles constitués autour de l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria.
En Algérie, aucun travail spécialisé n’a été fait sur les Terres rares et les principales autres ressources stratégiques entrant dans la fabrication des batteries des véhicules électriques. L’existence d’indices de Terres rares plaide pour réaliser un programme de recherche minière avec des compétences avérées, en synergie entre les entreprises de recherche minière, les Agences (ASGA, ANAM) et les Universités; les travaux devant être soutenus par des laboratoires disposant de techniques idoines et des experts et des techniciens à compétences avérées.

Cadre en retraite
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