En Inde, le mahua, élixir de l’autonomie ?

En Inde, le mahua, élixir de l’autonomie ?

Alexis de Ducla et Rahul Shrivastava associent savoir-faire français et culture indienne pour mettre au goût du jour une eau-de-vie traditionnelle. Après une distillation expérimentale en France, ils veulent revenir en Inde pour la produire.

Les Indiens l’appellent le mahua, les Occidentaux préfèrent madhuca. C’est un arbre aussi important que méconnu. Alexis de Ducla, Parisien expatrié depuis vingt ans du côté de Bombay, apprend son existence un soir de 2015, lorsque son ami Rahul Shrivastava, un jeune anthropologue indien, lui raconte l’histoire fascinante de cette plante mystique qui pousse au fin fond des forêts du Bastar, la région où se déroule Le Livre de la jungle.

« En Inde, le mahua est un arbre de vie, il offre aux populations nourriture, bois et huiles essentielles. Au cœur de nombreux mythes, symbole de liberté et d’indépendance, il représente aussi l’esprit de la forêt », explique le Français de 39 ans. Pendant la colonisation, cette image rebelle poussera même les Anglais à interdire aux autochtones de s’en approcher, et encore plus de vendre son eau-de-vie de fleurs, elle aussi nommé mahua. La fabrication artisanale est depuis minimale, limitée à 5 litres par foyer. « C’est une boisson utilisée pour le troc ou la fête, lors de réunions de famille, on la boit diluée dans de l’eau et du citron. » Alexis de Ducla, qui a fait ses armes dans l’entrepreunariat social et l’humanitaire, s’associe à Rahul Shrivastava et à deux autres compères français pour se lancer dans un défi un peu fou : produire leur propre cuvée.

Économie rurale

Rentré en France en 2019 avec 20 kilos de fleurs séchées dans ses valises, Alexis les fait distiller dans un alambic de la région de Cognac, pour « associer le savoir-faire français à la culture indienne ». Après pas mal de tentatives, l’expérience s’avère enfin concluante, et Mah voit le jour officiellement en mars 2022. Floral, exotique et aérien en bouche, ce nouveau spiritueux se consomme en cocktail. Outre un hommage éthylique au mahua, l’élixir s’inscrit surtout dans un projet plus global d’économie rurale : Alexis de Ducla et ses associés souhaitent rapidement pouvoir produire leur eau-de-vie en Inde, en installant leur distillerie dans un village local, pour que les gens sur place puissent bénéficier des retombées financières du projet. « On voudrait aussi créer une AOC, appellation qui limite la production intensive, pour protéger les familles et leur travail. En créant de la valeur, on va pouvoir faire plus de choses. Si on fait de la forêt une source de revenu, on la sauve. »

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